HomeA la uneDESARMEMENT DE L’EX-RSP : Décanter au plus vite la situation

DESARMEMENT DE L’EX-RSP : Décanter au plus vite la situation


 

Dans le communiqué gouvernemental publié hier, il est fait état de connexions entre les putschistes d’une part et des troupes étrangères et des mouvements djihadistes d’autre part. Il n’en fallait pas plus pour en rajouter aux angoisses d’une population qui vit depuis les évènements du 16 septembre dernier, dans la psychose. Mais le gouvernement n’a fait que confirmer ce que beaucoup savaient déjà. On se souvient qu’un communiqué de l’Union d’action syndicale avait déjà appelé au départ des troupes étrangères du territoire national. Quant aux relations entre le chef de la junte militaire, le Général Diendéré et les groupes terroristes,  ce n’est qu’un secret de polichinelle. Le régime Compaoré ne faisait guère mystère de ses accointances avec les groupes armés du Nord-Mali auxquels il a souvent offert gîte et couvert, et  le général Diendéré a servi d’intermédiaire dans la fabrication de la toile du réseau. Le Général Djibrill Bassolé, soupçonné d’intelligence avec le putschiste et ci-devant envoyé spécial de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI) dans le Sahel et médiateur dans les accords de Ouagadougou entre les mouvements touaregs et Bamako, a certainement aussi ses entrées au niveau de ces groupes armés, même s’il se défend de tout acte de déstabilisation.  Et le fait que Diendéré joue la montre est une preuve supplémentaire qu’il attend bien quelque chose. Toutefois, en publiant ce communiqué, le gouvernement est bien dans son rôle : il s’agit de préparer les populations à une éventualité plus que probable  et d’aider à la mobilisation en termes de renseignements et de mesures sécuritaires.

L’appel aux forces étrangères ressemble à la tactique de la terre brûlée

Ce rebondissement dans le processus de désarmement laisse perplexe plus d’un et l’on se demande finalement ce que veut le général Diendéré. Si les accusations du gouvernement sont fondées, appelle-t-il au secours pour se libérer et reprendre la main ou pour se sauver et prendre la poudre d’escampette ? Difficile d’y répondre. La seule certitude aujourd’hui c’est que l’homme n’a pas agi sur un coup de tête et que le scénario de ce feuilleton au nombre inconnu d’épisodes, a été parfaitement bien pensé. Quoi qu’il en soit, cet appel à des forces étrangères ressemble à la tactique de la terre brûlée et  les incriminés qui ont aimé et dirigé en d’autres temps ce pays, ne devraient pas jeter la pierre à leur patrie. Ce serait immoral et amoral que sur la seule base de la volonté de se maintenir aux commandes du Burkina, ils se fassent hara kiri à ce point et le peuple avec. Et comment  Diendéré qui a été un pion essentiel dans la lutte contre les terroristes et qui a aidé à la libération d’otages occidentaux dans le Sahel, peut-il faire appel à ces diables ? Toujours est-il que diaboliquement intelligent, le général aura réussi à déplacer  la crise vers des théâtres d’opération où il est en pole position plus que tout le gouvernement burkinabè, ceux de la nébuleuse djihadiste. Il a en la matière un carnet d’adresses personnelles bien fourni. Et là, on ne peut facilement dédouaner le gouvernement de la Transition  qui confirme ses péchés originels : le défaut de stratégie, la faiblesse ou le sentimentalisme. Défaut de stratégie en ce sens que faute de prévoyance et de pro- activité, on assiste à une complexification de la situation nationale avec des risques d’internationalisation de la crise. On note par ailleurs une trop grande précipitation dans le gel des avoirs des putschistes,  toute chose qui a braqué Diendéré.  Sentimentalisme pour n’avoir pas pu en finir avec les pontes du pouvoir déchu au lendemain de l’insurrection.  Pire, quand on fait un coup d’Etat, on met sa vie en jeu et le minimum après l’échec du putsch, c’est la cour martiale. Mais en 30 ans, il y a eu trop de compromissions et les gens se tiennent tous par la barbichette, d’où ce louvoiement des autorités de la Transition. Ce qu’il faut désormais craindre, c’est que ces tâtonnements de la Transition plonge le pays  dans une « drôle de guerre », un luxe que ni notre sécurité collective ni notre économie ne peuvent s’offrir. Il faut donc trancher dans le vif au plus vite et décanter la situation tout en embrayant sur la transparence et la sérénité et en ayant en tête que la solution ne peut plus être que radicale.

« Le Pays »


Comments
  • Comment pouvons-nous comprendre les présidents africais. Un président est un leader pour son peuple ou un leader pour sois même?

    30 septembre 2015

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