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DESTRUCTION DES RALENTISSEURS SAUVAGES


La pagaille a assez duré !

En plus d’être le pays par excellence des engins à deux roues, le Burkina Faso est en passe de se tailler une autre réputation : celle des « gendarmes couchés » sauvages ou ralentisseurs. En effet, en rase campagne comme dans les zones urbaines, ces ouvrages sont observables. Sur une distance de 100 kilomètres, par exemple, on pouvait en dénombrer 20 voire plus. Pour un pays de transit comme le Burkina, ces monticules dangereuses érigées sur les principaux axes routiers, portaient visiblement un grand coup à la fluidité de la circulation. En plus de cela, il faut le dire, les « gendarmes couchés » sauvages ont causé d’énormes dégâts aux usagers en termes d’accidents et de préjudices causés sur certaines catégories de véhicules. Et tout le monde était conscient du danger qu’ils représentaient. Mais tout le monde s’était résigné pour la simple raison que l’Etat burkinabè, depuis pratiquement l’insurrection d’octobre 2014, donne l’impression d’être dépouillé de toutes ses prérogatives, à commencer par celle de faire respecter ses propres lois. Les populations des villes et des campagnes en ont profité pour ériger à qui mieux mieux, des ralentisseurs partout où bon leur semble. Dans certaines localités, c’est par euphémisme qu’on les appelle des « gendarmes couchés ». Car, la réalité est qu’on peut les appeler des « gendarmes debout » voire des embuscades. Dans tous les cas, les « gendarmes couchés » sauvages sont l’expression, entre autres, du printemps de l’incivisme qui souffle sur le pays depuis 2011, date à laquelle les hommes en tenue s’étaient mutinés contre le régime de Blaise Compaoré. Le phénomène a grandi et a atteint pratiquement son apogée sous Roch Marc Christian Kaboré. Il faut dire que les populations, sans chercher forcément à les exonérer, ont quelque part raison de chercher à se protéger en érigeant, par endroits, des « gendarmes couchés » sauvages.

Les « gendarmes couchés » sauvages constituaient un problème dans le problème

En effet, bien des conducteurs d’engins à deux roues comme à quatre roues, sont des fous du volant. De ce fait, ils écrasent tout sur leur passage, les animaux comme les êtres humains. Dans ces conditions, l’on peut comprendre le pourquoi des « gendarmes couchés » sauvages. De ce point de vue, on peut les assimiler à des stratégies d’autodéfense des populations, à l’image des Koglwéogo. Mais dans le même temps, il faut aussi avoir le courage de reconnaître que les « gendarmes couchés » sauvages constituaient, peut-on dire, un problème dans le problème. Il fallait donc mettre impérativement fin à la pagaille, car elle a assez duré. De ce point de vue, l’on peut saluer la décision prise par le gouvernement, le 8 mai dernier, de procéder à leur destruction sur l’ensemble du territoire. Ainsi, le lundi 4 juin 2018, l’opération a été lancée sur l’axe Ouaga-Dori, à la grande satisfaction des usagers. Extrait du témoignage de l’un deux : « Depuis longtemps, nous souffrons beaucoup sur cette voie, avec les « gendarmes couchés » sauvages érigés par les habitants. On n’avait pas de solution ». Et ils sont une foultitude, probablement les usagers qui avaient le même sentiment à l’endroit des « gendarmes couchés » sauvages. Seulement, chacun faisait avec. On peut aussi saluer le fait que le gouvernement ait choisi d’associer les populations qui ont érigé les « gendarmes couchés » sauvages à leur démolition. Car, le plus souvent, c’est l’absence de communication et surtout de pédagogie qui braquent parfois les populations contre certaines mesures gouvernementales. L’idéal est de garder la même dynamique et la même approche sur toute l’étendue du territoire national. Dans certains villages sinistrés et par ces temps de disette, l’on peut même envisager leur démolition par les populations moyennant de la nourriture. Ce n’est qu’une suggestion. Mais elle n’est pas farfelue. Autre chose à engager dans l’urgence pour obtenir l’adhésion totale des populations, c’est de remplacer les « gendarmes couchés » sauvages par des gendarmes couchés érigés suivant les règles de l’art. Faute de moyens, on peut construire certains en matériaux locaux en attendant. Et le fonds qui vient d’être mis en place pour l’entretien routier, peut être mis à contribution à cet effet.

Sidzabda


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