DETOURNEMENTS DE DENIERS PUBLICS AU BURKINA : Pays des hommes malhonnêtes ou pays des hommes intègres ?

Après la vague d’arrestations d’anciens dignitaires du régime déchu, suivie de leur relaxe quelque temps après, je pensais que l’impunité leur était accordée pour toujours. C’était une illusion. Sommes-nous dans un pays de malhonnêtes ou dans un pays d’hommes intègres? Je me demande si le fait de détourner de l’argent ne constitue pas un crime commis contre la Nation, dans un contexte où nos hôpitaux sont devenus de véritables mouroirs parce que ne disposant pas d’un plateau technique adéquat, d’assez de lits pour les malades et que sais-je encore, faute de moyens? De toute évidence, une telle somme aurait permis de construire des écoles dont certaines sont toujours sous paillotes. Et que dire de certains quartiers qui se transforment en véritables zones enclavées, en saison pluvieuse ? Certes, pour l’heure, rien ne prouve que toute cette somme soit allée dans les poches des accusés. D’autant que, comme on le sait, dans l’orthodoxie financière, même la simple déviation d’une ligne budgétaire est considérée comme un détournement. D’où la prudence de ne pas condamner d’avance les personnes mises en cause qui, il faut bien le dire, bénéficient jusque-là de la présomption d’innocence. Et ce, du fait qu’elles n’ont pas encore été jugées ni condamnées par la Justice pour les faits à elles reprochés. Toutefois, les faits qui leur sont reprochés sont si graves qu’on ne saurait rester muet comme une carpe. Les cas de détournements de deniers public sont légion au Burkina, si bien qu’il est difficile de balayer d’un revers de la main, les accusations formulées contre certains anciens dignitaires du régime de Blaise Compaoré.

La longévité de Blaise Compaoré au pouvoir avait fini par convaincre que l’impunité était assurée

Même fou, je suis très au parfum des choses. J’ai vu des rapports de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat (ASCE) et de la Cour des comptes, qui incriminaient des bonzes de l’ancien régime dans des cas graves de malversations financières. D’ailleurs, peut-on donner un blanc-seing à des dirigeants qui ont régné pendant plus d’un quart de siècle sous nos tropiques? Avec cette affaire, j’ai bien envie de me demander si le Burkina mérite encore son nom de pays des Hommes intègres. Sommes-nous vraiment toujours des hommes intègres? J’en doute fort. Où est donc passée notre intégrité aujourd’hui? Certainement au cimetière. Au regard de la gravité des faits, je suis en droit de me demander si le Burkina est un pays de malhonnêtes ou un pays d’hommes honnêtes. Certains diront que je suis vraiment fou, sinon que j’exagère. Et pourtant, cette pratique, si elle est avérée, est une véritable honte pour notre pays. Comment pouvait-on atteindre l’émergence annoncée en grande pompe, si les dirigeants du régime déchu eux-mêmes s’étaient transformés en de véritables prédateurs des deniers publics? La longévité de Blaise Compaoré au pouvoir avait fini par convaincre que l’impunité leur était assurée. C’est évident, c’est parce que certains étaient convaincus que le prince régnant resterait dans son fauteuil ad vitam aeternam, qu’ils s’étaient livrés à un pillage des ressources de la Nation. Il faut en finir avec ce comportement qui consiste à détourner tout ce qui appartient à l’Etat.

Le Fou