HomeA la uneDISSENSIONS AU SEIN DE LA MAJORITE PRESIDENTIELLE EN ALGERIE : Quand le bateau battant pavillon Boutef prend l’eau

DISSENSIONS AU SEIN DE LA MAJORITE PRESIDENTIELLE EN ALGERIE : Quand le bateau battant pavillon Boutef prend l’eau


Le glas est-il en train de sonner pour le président algérien, Abdelaziz Bouteflika ? C’est la question que l’on pourrait se poser au regard de l’avalanche de défections et pas des moindres, enregistrés dans ses rangs, au moment où affaibli par la maladie, il a le plus besoin de soutiens pour faire face à la fronde de ses compatriotes qui ne demandent ni plus ni moins que son départ du pouvoir à la fin de son quatrième mandat constitutionnel en avril prochain. En effet, après l’association des « zaouias » qui s’est récemment rangée aux côtés du peuple, c’est au tour du Front de libération nationale (FLN) de se désolidariser du président, si l’on s’en tient aux déclarations de son coordinateur, Maoud Bouchared, qui a affirmé que « le premier parti du pays soutenait le mouvement populaire de contestation ».

On se demande si Bouteflika ne sera pas finalement le mouton du sacrifice du FLN

Et ce n’est pas tout ! Car, d’autres voix dissonantes tendant à prendre leurs distances du chef de l’Etat contesté, comme celle du porte-parole du RND, 2e force politique du pays représentée à l’Assemblée nationale, se font entendre au sein de la majorité présidentielle. C’est dire si le bateau battant pavillon Boutef est en train de prendre l’eau ; et les rats … de quitter le navire. A ce rythme, le capitaine risque de se retrouver seul ou presque, dans son navire en perdition; et le roi d’être bientôt nu.
Aussi est-on porté à se demander si, acculé par la rue et lâché par les siens, Bouteflika saura résister à la tempête qui menace d’emporter son régime. On attend de voir. Mais pour l’heure, ça sent le roussi. Et l’on se demande si face à cet orage, chacun ne cherche pas finalement à sauver sa peau, à l’image de l’adage africain qui dit que « quand le tonnerre gronde, chacun protège sa tête ». Dans le cas d’espèce, l’on se demande si Bouteflika ne sera pas finalement le mouton du sacrifice du FLN. Car, depuis un mois, la rue ne cesse de gronder, et de plus en plus bruyamment. Et bien malin qui saurait dire jusqu’où ira ce mouvement de contestation qui voit les rangs de ses adhérents grossir. En tout cas, après avoir contraint Bouteflika au renoncement à un cinquième mandat, l’on ne voit pas comment les manifestants qui ont visiblement le vent en poupe et qui sont en train de pousser méthodiquement le régime dans ses derniers retranchements, pourraient lâcher prise ou faire machine arrière. Et comme, selon un adage africain, « on n’enterre pas un cadavre en laissant ses pieds dehors », l’on peut croire que les Algériens veulent faire d’une pierre deux coups, en poussant non seulement Bouteflika à la sortie, mais aussi en balayant son système pour repartir sur de nouvelles bases. C’est dire si l’Algérie est aujourd’hui à un tournant décisif de son histoire. Et le vent, visiblement, est en train de tourner. Autrement, comment comprendre qu’un parti comme le FLN, au pouvoir depuis l’indépendance du pays et qui vouait un soutien indéfectible au président Bouteflika qu’il avait, du reste désigné comme son candidat à la présidentielle du 18 avril prochain, en vienne pratiquement à renier ce dernier en justifiant sa volte-face par le fait que « l’exécutif n’était pas entre les mains du parti » ? Au passage, l’on peut s’interroger sur l’avenir de ce parti.

Eviter le scénario du chaos libyen

Une chose est sûre : le vide est en train de se faire autour du chef de l’Etat algérien. Cela n’est pas sans rappeler le cas de l’ex-président zimbabwéen, Robert Mugabe qui, désavoué par son peuple, lâché par ses camarades de lutte, les anciens combattants de la guerre d’indépendance, la hiérarchie militaire et même par son propre parti, la Zanu-PF dont il avait même été exclu, avait fini par jeter l’éponge. Pour le moment, on est loin d’un tel scénario en Algérie, mais l’on peut se demander si ce qui se passe en ce moment dans l’entourage du président, n’est pas finalement un signe des temps. Et si les choses devaient aller en s’aggravant pour Bouteflika, il n’est pas exclu que celui-ci connaisse le même sort que son nonagénaire aîné zimbabwéen qui n’avait pas eu la sagesse de son âge, en voulant s’accrocher contre vents et marrées à un pouvoir qui lui échappait. Bouteflika sera-t-il condamné à la même longue et lente agonie  politique ? En attendant l’épilogue du feuilleton algérien, l’une des leçons que l’on peut, d’ores et déjà, tirer est qu’en politique, il faut savoir quitter les choses avant qu’elles vous quittent. Et en la matière, en renvoyant au reste du monde et laissant à la postérité, l’image d’un vieux président malade qui continue de s’accrocher au pouvoir après 20 ans de règne, Bouteflika ne rend pas service à l’Algérie, encore moins à sa propre réputation qui s’en trouvera, quelle que soit l’issue de ce bras de fer, à jamais ternie.  Cela dit, tout le mal que l’on peut souhaiter à l’Algérie, c’est de négocier au mieux ce virage délicat de son histoire, pour éviter le scénario du chaos libyen dont toute la sous-région ouest-africaine continue de payer le prix fort.

« Le Pays »


No Comments

Leave A Comment