HomeA la uneDISSIDENCE AU SEIN DE LA MAJORITE PRESIDENTIELLE AU BENIN :Acte de repentance ou opportunisme politique ?

DISSIDENCE AU SEIN DE LA MAJORITE PRESIDENTIELLE AU BENIN :Acte de repentance ou opportunisme politique ?


Le président béninois Boni Yayi a du souci à se faire ; il a désormais ses dissidents. En effet, des ténors de sa majorité présidentielle viennent de claquer la porte. Ces frondeurs ont décidé de créer une nouvelle formation politique avec comme slogan « Agir et non gémir ». Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est la gouvernance Yayi qui est critiquée, mise en cause. Ce qui se passe au Bénin n’est pas sans rappeler ce qui s’est passé au sein du parti au pouvoir au Burkina Faso. On se souvient en effet que des ténors du parti du chef de l’Etat burkinabè, Blaise Compaoré, ont créé leur parti, le Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP). Et tout porte à croire qu’ils ont fait des émules au Bénin. Mieux, au pays de Boni Yayi, le président de l’Assemblée nationale en poste, est lui-même parmi les dissidents.

 

Il est   difficile de faire   la part des choses entre ce qui est vrai et ce qui relève de sordides manœuvres politiciennes

 

L’Opposition politique se félicite que ces ex-dirigeants de la majorité rejoignent ses rangs pour le combat en faveur de la démocratie. Certaines dissidences sont dans bien des cas, la conséquence des larges coalitions politiques autour du chef de l’Etat. A l’image de Amadou Toumani Touré au Mali, Boni Yayi, fraîchement arrivé de la Banque Ouest-Africaine de Développement (BOAD) pour briguer la magistrature suprême de son pays, n’avait pas de parti politique. Mais l’espoir qu’il incarnait a poussé de nombreux partis à lui donner leur caution, à battre campagne pour lui. Malheureusement, à la pratique, bien de ces partis politiques se sont rendus à l’évidence que le chef de l’Etat qu’ils ont contribué à élire, n’est pas le messie tant attendu. Des espoirs, légitimes ou non, ont été déçus. Dans des situations de ce genre, il arrive que des partis regrettent en toute sincérité leur soutien au chef de l’Etat et décident de reprendre leur liberté. D’autres partis ou individus manœuvrent également pour s’extirper d’une majorité de plus en plus décriée. Il est très souvent difficile de faire, en pareille situation, la part des choses entre ce qui est vrai et ce qui relève de sordides manœuvres politiciennes dans l’attitude de ces personnalités qui quittent la majorité en pleine tempête.

Le cas béninois n’échappe pas à cette règle. On s’interroge sur cette dissidence. Est-ce un acte de repentance réelle ou   d’opportunisme politique ? En tout cas, ceux qui viennent de quitter le navire de la majorité présidentielle ont été, pendant environ neuf ans, des acteurs de ce qu’ils dénoncent aujourd’hui. Pendant tout ce temps, ils ont soutenu ou au moins subi sans réagir, les dérives du président Boni Yayi. Ils ont activement contribué à asseoir son régime, à commencer par la décision de soutenir sa candidature à l’élection présidentielle, et sont donc plus ou moins comptables de son bilan. De ce fait, il n’est pas exclu que sentant la fin de ce régime proche et conscients que le bilan du régime Yayi n’est pas des plus reluisants, même s’il y a des acquis, ces ex-membres de la Majorité présidentielle aient décidé de prendre leurs distances avec le chef de l’Etat. Cette dissidence serait donc une manœuvre politique pour échapper à la colère de  populations qui ne seraient pas satisfaites du bilan présidentiel. Ces néo-opposants auraient dans ce cas, senti tourner le vent et décidé d’anticiper pour échapper à la sanction des populations lors des consultations électorales à venir.

 

Les dissidences au sein d’une majorité présidentielle sont  de nature à favoriser l’alternance

 

Ils espèrent ainsi se faire pardonner leur contribution aux échecs du régime actuel et obtenir une nouvelle chance d’être aux affaires à l’issue de la prochaine présidentielle. Ils se disent certainement que les populations leur pardonneront leurs errements et ne retiendront au finish que leur courage de s’opposer aux dérives de Boni Yayi, même si cela n’est arrivé qu’au soir des mandats constitutionnels du président. Etant donné que bien des gens prêtent au président béninois des intentions de briguer un 3e mandat qui serait en l’état actuel du droit positif béninois, illégal, ces dissidents pourraient être vus comme des « sauveurs » de la démocratie. Et si ce sentiment se répand, ils récolteront les dividendes de ce courage aux prochaines échéances électorales. Il se pourrait également qu’il s’agisse d’un acte de repentance réel de la part de ces hommes politiques béninois. Certes, ils sont, comme déjà évoqués, coresponsables du bilan de Boni Yayi. Mais, ils confessent officiellement s’être trompés et font leur mea culpa. Peut-être sont-ils sincères dans leur posture. Enfin, ne dit-on pas qu’ « il n’est jamais tard pour bien faire » ?

Quoi qu’il en soit, ces dissidents devront s’attendre à ce que le pouvoir en place ne leur facilite pas la tâche. On peut imaginer qu’ils en sont conscients et ont pris leur décision en connaissance de cause. En tout cas, les défections de ce genre font beaucoup de bien à la démocratie. Ce sont des attitudes qui peuvent empêcher une dictature de faire de vieux os. Un chef d’Etat chahuté par ses ex-partisans est obligé de revoir d’une manière ou d’une autre, sa copie. Une majorité qui perd ses membres influents, ne constitue plus vraiment un épouvantail pour l’opposition. Ces nouveaux opposants sont pour leur ancienne famille politique, la majorité, pire que les  anciens opposants au régime. Ils connaissent en effet les modes opératoires, les manœuvres du camp qu’ils viennent de quitter. Qui mieux que l’artisan d’un système pour combattre ce même système ? Les nouveaux opposants à Boni Yayi constituent un danger réel pour la Majorité présidentielle dont ils vont arracher des militants de par leur seule défection. En somme, les dissidences au sein d’une majorité présidentielle sont, quel qu’en soit le motif, de nature à favoriser l’alternance politique au sommet d’un Etat et cela renforce in fine la démocratie.

 

« Le Pays »


Comments
  • Mon reve toute l Afrque debarrasser de ses tyrans dictateurs.

    2 novembre 2014

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