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DISTRICT SANITAIRE DE TENKODOGO : Le SYNTSHA dénonce un détournement de kits anti- palu


Dans une lettre en date du vendredi 13 novembre 2015 adressée au Haut- commissaire de la province du Boulgou, la sous-section du Syndicat national des travailleurs de la Santé humaine et animale (SYNTSHA) du district sanitaire de Tenkodogo lançait une interpellation. Elle attirait l’attention sur le fait que des kits utilisés pour la prise en charge gratuite du paludisme grave des enfants sont revendus en détail à la population. En attendant les investigations demandées, des questions restent en suspens : « Que s’est-il passé exactement ? Comment cela a-t-il pu se produire ? Quelle est l’étendue des transactions et quels sont les responsables de tels actes ? »

 

Dans ladite lettre, il est dit que le district sanitaire de Tenkodogo est en rupture de kits de palu grave depuis le mois d’août. Et cela est constaté dans toutes les formations sanitaires par l’absence d’approvisionnement. Mais, contre toute attente, un agent du Centre médical urbain (CMU) de Tenkodogo a constaté, en octobre dernier, que lorsqu’il prescrivait des ordonnances aux malades hospitalisés, les éléments de ces kits se retrouvaient dans les médicaments achetés. Un constat qui l’amène vers les deux gérants du dépôt du centre pour en savoir davantage. Ils lui feront savoir qu’en réalité, ces médicaments venaient du district sanitaire de Tenkodogo, et même qu’ils sont entreposés dans un des magasins de la formation sanitaire. Les responsables de la formation sanitaire avouent ne pas être au courant de l’entreposage de médicaments dans un de leurs magasins. Et pire, ils sont offusqués du fait qu’ils n’aient pas été informés du dépôt de ces produits, encore moins de leur vente par des agents relevant de leur service. Les responsables du CMU, du SYNTSHA et le Médecin-chef du district (MCD) sont informés. Les responsables syndicaux montent au créneau car ils estiment que de telles actions sapent la politique sanitaire du Burkina en matière de lutte contre le paludisme, et désavouent les agents de santé. « Le Burkina avait, en accord avec ses partenaires depuis 2005, pris une décision courageuse de rendre gratuite la prise en charge du paludisme chez les enfants de 0 à 5 ans et chez les femmes enceintes », précisent-ils. Une lettre est adressée au Haut- commissaire de la province du Boulgou pour que la lumière soit faite et que les agents qui s’adonnent à de telles pratiques soient punis à la hauteur de leur forfait. A la question de savoir comment ces produits ont été détectés, le responsable SYNTSHA, Boukary Yoda, nous apprend que les éléments du kit sont spéciaux. Ils n’ont pas la même présentation ni le même emballage que les produits vendus dans les pharmacies. C’est une mesure prise par les autorités sanitaires et leurs partenaires pour éviter toute mauvaise utilisation.

Une centaine de kits trouvés dans le magasin parallèle

Le MCD, Césaire Dianda, nous a affirmé que les kits retrouvés dans le magasin sont périmés dans la forme, et ce depuis février 2015. En termes clairs, un kit est composé de plusieurs produits (seringues, sparadrap, solutés, artésine…) qui n’ont pas la même date de péremption. Il nous dit qu’en principe, le premier médicament à périmer définit la date de péremption du kit. Mais il faut reconnaître que tous les éléments du kit ne sont pas périmés et ce sont ces éléments qui se sont retrouvés en vente. Le MCD affirme n’être pas resté les bras croisés. « Nous avons écouté tous les acteurs, de ceux-là qui vendent les kits à ceux qui les dispensent, oralement et par écrit, et nous avons essayé de situer les responsabilités. Nous avons essayé d’aller en profondeur et nous sommes toujours dans cette voie », nous a-t-il confié. Une centaine de kits a été retrouvée dans le magasin après l’arrêt de la vente. Le magasin a été scellé en attendant de situer les responsabilités.

Le pharmacien du district et le gérant du dépôt de « Médicaments essentiels génériques » (MEG) du centre médical de Tenkodogo sont formels sur l’état des produits et la manière dont ils se sont retrouvés dans le magasin du CMU. Ils soutiennent que les kits étaient sortis pour être rangés dans un conteneur qui fait office de magasin au district. Mais, n’en ayant pas retrouvé les clés, ils ont décidé de les stocker dans un magasin du CMU situé à quelques mètres, avec l’intention d’incinérer les éléments périmés plus tard. L’incinérateur se situe au CMU qui est l’ancien CHR de Tenkodogo. Si de temps à autre des kits sont donnés pour le traitement des personnes vivant avec le VIH, selon le pharmacien, aucune consigne n’a été donnée pour l’utilisation de ces kits dits périmés. Ni le gérant, ni le docteur ne connaît le nombre de kits sortis encore moins le nombre d’éléments non périmés.

Le gérant du dépôt reconnaît tout de même que le pharmacien lui a dit de prendre les produits et de les “gérer”. « Il m’a dit que comme ce sont des kits qui sont périmés mais que là-dedans certains ne le sont pas, de voir à l’intérieur ce qui n’est pas périmé et on peut gérer ». Et de poursuivre : « Selon moi, un gérant à qui on dit, va gérer un produit, c’est le vendre. Effectivement on a commencé à vendre ». Il nous confie que les recettes de cette vente sont de 73 790 F CFA. Somme que celui qui a confié les produits n’est pas encore venu réclamer.

Le syndicat dit être dans son rôle de veille pour que les manquements cessent dans le milieu de la santé. Il faut qu’à l’issue des investigations, ceux qui seront responsables de mauvais comportements soient punis à la hauteur de leur forfait. « C’est ce que nous exigeons. Nous ne voulons pas que les services de santé soient toujours indexés comme des services où règnent la corruption et les mauvais comportements toujours décriés », a conclu Boukary Yoda, responsable de la sous-section SYNTSHA du district sanitaire de Tenkodogo.

Pour l’heure, l’affaire est dans les mains des autorités provinciales. Les investigations se poursuivent et dans les prochains jours, la lumière sera certainement faite.

                                                       Mahamadi NONKANE                                                 (Correspondant)


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