HomeA la uneDR ABLASSE OUEDRAOGO, PRESIDENT DE LE FASO AUTREMENT « Je décèle dans le comportement de commissaires de la CENI un paradoxe très embarrassant »

DR ABLASSE OUEDRAOGO, PRESIDENT DE LE FASO AUTREMENT « Je décèle dans le comportement de commissaires de la CENI un paradoxe très embarrassant »


Le président du parti ‘’Le Faso Autrement’’, Dr Ablassé Ouédraogo qu’on ne présente plus, est notre invité de Mardi Politique de cette semaine. Nous évoquons avec lui, la polémique autour du processus d’enrôlement conduit par la CENI ainsi que sur la mission d’information sur le vote de la diaspora, initiée par l’instance électorale.

« Le Pays » : Comment se porte la Coalition pour la démocratie et la réconciliation nationale (CODER) que vous présidez depuis maintenant trois mois ?

Ablassé Ouédraogo : Depuis le 8 septembre 2018, nous sommes de retour à la présidence de la CODER de par la volonté de mes collègues présidents des autres partis membres, pour la deuxième fois, mais pour un mandat de six (6) mois. Depuis sa mise en place le 16 octobre 2016, la CODER a mené des actions et des activités qui concourent à la réalisation de son objectif principal qui est d’amener le Burkina Faso à se réconcilier avec lui-même, et les Burkinabè à se réconcilier entre eux et de se donner un destin commun pour les futures générations. A ce jour, le bilan de la CODER est très satisfaisant car son action a permis de placer la question de la réconciliation nationale au cœur des préoccupations au quotidien des Burkinabè. Tous les Burkinabè reconnaissent et acceptent aujourd’hui que dans la crise multidimensionnelle jamais égalée que vit notre pays, la réconciliation constitue une impérieuse nécessité et un impératif catégorique pour la construction de la nation burkinabè. C’est énorme quand on sait d’où l’on est venu. A cet effet, la CODER a déjà élaboré « Le Mémorandum pour la Réconciliation Nationale au Burkina Faso » qui a été remis à SEM le Président du Faso, Roch Christian Kaboré, le mardi 13 février 2018. Le travail de la CODER consiste maintenant à faire de la sensibilisation et de l’éducation sur le contenu dudit mémorandum qu’elle a mis à la disposition du peuple burkinabè comme sa modeste contribution à la réflexion sur les voies et moyens pouvant l’aider à réaliser la véritable et sincère réconciliation entre eux. Le jeudi 13 décembre 2018, les responsables de la chaine de télévision BF1, à qui nous adressons nos sincères remerciements, nous ont offert un plateau sous forme de Table ronde avec des experts pour parler de « la justice transitionnelle dans le processus de la réconciliation nationale ». Cette émission, qui a reçu un bon écho, a fait l’objet de plusieurs rediffusions. D’ailleurs, il est heureux de constater que le HCRUN est dans la même dynamique en organisant des formations sur la « justice transitionnelle » à l’intention des différentes composantes de la société burkinabè. Nous poursuivrons les efforts de la CODER dans la sensibilisation et l’éducation sur la réconciliation nationale afin d’élargir le consensus sur cette question délicate de la réconciliation à travers la tenue de conférences publiques et des échanges sur les médias. Il appartient au Président du Faso, et à lui seul, de par ses prérogatives constitutionnelles, de prendre l’initiative et le plus rapidement possible, de déclencher le processus de la réconciliation dans notre pays. Il a tous les leviers entre ses mains et il faut qu’il accepte de prendre son courage à deux mains, en dehors de tout populisme et de toute démagogie, et montrer une volonté politique qui va au-delà de son engagement renouvelé pour la réalisation de la réconciliation nationale. Celle que tous les Burkinabè souhaitent avoir, qui met la vérité et la justice au centre du processus.

Eu égard à certaines de vos sorties, il apparaît que vous et les autres membres n’avez pas la même appréciation du processus d’enrôlement proposé par la CENI. Qu’en dites-vous ?

A la fin de la réunion d’échanges entre la CODER et la CENI sur les activités en cours dans cette Institution, le jeudi 4 octobre 2018 au siège du Parti Le Faso Autrement, nous avons, en tant que Président de la CODER, présenté en toute honnêteté et objectivité à la presse que nous avions invitée, ce que nous avons pensé être la perception et la compréhension des participants qui représentaient tous les partis membres à cette importante réunion, de la situation et des propositions de réformes présentées par le Président de la CENI pour améliorer les performances de son Institution en prenant en compte l’évolution de notre monde et les technologies de communication disponibles. Le compte rendu de cette réunion CODER/CENI, publié dans un organe de la place, n’a pas rassuré les présidents de l’ADF/RDA, du CDP, de la NAFA et de l’UNDD qui s’étaient fait représenter à ladite rencontre, bien que le contenu de mes propos repris dans le journal, ne posait aucun problème. Une réunion d’explication et de clarification de la Conférence des Présidents des Partis membres de la CODER s’est tenue le 9 octobre 2018 sur cette incompréhension que nous considérons comme étant derrière nous. Rappelons, pour mieux comprendre, que la CODER est une Coalition de Partis politiques et de Mouvements sociaux conservant leur autonomie et servant de cadre de dialogue, de concertation et d’action politique mais également un cadre de recherche de la cohésion sociale, de l’unité et de la réconciliation nationale des Burkinabè.

D’aucuns estiment que la CENI n’avait plus besoin d’effectuer des missions d’information sur le vote de la diaspora, étant donné que l’ONI et le ministère de l’Intégration africaine et des Burkinabè de l’extérieur ont déjà fait ce travail. Quelle est votre appréciation ?

Comme beaucoup de Burkinabè, nous nous posons la question sur la pertinence, l’utilité et l’impact de ce programme de visites de deux semaines sur quatorze axes couvrant l’ensemble des trente-six (36) pays et douze (12) Consulats généraux de notre pays à l’étranger pour donner l’information contenue dans le Code électoral par rapport à l’organisation du vote des Burkinabè de l’étranger.
Ce programme coûtera au contribuable burkinabè au bas mot, trois cents (300) millions de F CFA. C’est énorme et l’on est en droit de se demander ce que les commissaires de la CENI vont expliquer à nos compatriotes vivant et travaillant à l’étranger et que ceux-ci ne peuvent pas savoir à travers nos Ambassades et consulats et les médias. Avec la mondialisation et le nouvel environnement de l’information et de la communication, plus rien ne peut être caché, surtout aux personnes intéressées par une question toute particulière comme les élections dans son pays d’origine.
Je décèle dans le comportement et l’attitude des Commissaires missionnaires, surtout de ceux de l’Opposition, un paradoxe très embarrassant qui remet en cause leur sérieux et leurs convictions par rapport à leurs mandats et surtout vis-à-vis de leurs mandants. Ils ont exprimé et démontré leur hostilité au Code électoral et se battent pour qu’il ne soit pas appliqué et en même temps, ils acceptent d’aller en mission pour expliquer et défendre son contenu.  Quelle inconstance notoire ! A moins qu’eux aussi ne soient rentrés dans l’ambiance qui prévaut actuellement dans notre pays et qui consiste pour chacun à « manger là où il est et à se taire dans le silence ». D’autres missions de cette nature sont attendues d’ici la fin du processus électoral en cours. Et cette manière de faire ne suscite-t-elle pas moult questionnements sur la gouvernance et l’avenir de la CENI, Institution faîtière de la démocratie dans notre pays?

Propos recueillis par Drissa TRAORE


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