HomeA la uneDR ARMAUD TOE, A PROPOS DES PERTES BLANCHES : « Elles sont souvent sexuellement transmissibles »

DR ARMAUD TOE, A PROPOS DES PERTES BLANCHES : « Elles sont souvent sexuellement transmissibles »


Elles sont de couleur blanchâtre et souvent colorées et nauséabondes. Elles, ce sont les pertes que secrètent la plupart des femmes. Ces sécrétions qui sont parfois normales ou souvent anormales, proviennent soit du vagin, soit du col de l’utérus des femmes. Gynécologue- obstétricien et praticien hospitalier, le Dr Arnaud Lawassoun Toé, dans l’entretien qu’il a bien voulu nous accorder, parle des différentes sortes de pertes blanches et comment les prévenir. Lisez !

« Le pays » : Quelle définition peut-on donner des pertes blanches ?

Dr Arnaud Toé : Il s’agit de pertes non sanglantes provenant de l’appareil génital féminin (vagin, col de l’utérus).  Elles sont aussi appelées  leucorrhée qui signifie littéralement «sécrétion» ou perte blanche.

Combien y a-t-il de sortes de pertes blanches ?

On distingue :

Les pertes blanches « normales ». Le vagin contient une sécrétion normale dite « physiologique ». Cette sécrétion contient essentiellement de la glaire cervicale, de la desquamation vaginale et des sécrétions des glandes de la vulve  (partie externe des organes génitaux féminins). Les pertes blanches « normales » venant de la desquamation vaginale sont d’aspects laiteux, peu abondantes, opalescentes, augmentent en période prémenstruelle (du 8e au 15e  jour du cycle menstruel) et sont d’aspect translucide.

– La flore de « Doderlein ». C’est une flore bactérienne vaginale acide protégeant le vagin de la plupart des infections.

– Les pertes blanches « anormales » ou maladie dite pathologique. Elles sont anormalement abondantes, présentent une couleur ou dégagent une odeur particulière et sont souvent accompagnées de symptômes gênants. Elles résultent d’un déséquilibre ou d’une destruction de cette flore bactérienne naturelle de Doderlein

Quelles sont les causes des pertes blanches?

Les pertes blanches apparaissent dans deux circonstances.

– La contamination du vagin par des germes à l’occasion des rapports sexuels.

– Le passage à la pathogéniété (transformation) des germes  saprophytes en cas de rupture des moyens de défense du milieu vaginal par irritation médicamenteuse (traitement antibiotique inapproprié ou prolongé) par manque d’hygiène, la tenue vestimentaire (synthétique, habits serrés), les modifications du climat hormonal (pendant la grossesse ou lors de la prise des pilules),  les toilettes internes intimes fréquentes.

Qui peut souffrir de cette maladie ?

Toutes les femmes peuvent souffrir de pertes blanches, qu’elles soient rurales ou urbaines.

Cependant, les personnes qui ont plus de risques de manifester ce symptôme gênant sont les personnes diabétiques, les sujets immunodéprimés ou ayant une malformation uro- génitale,  une tumeur pelvienne.

Quelles en sont les conséquences sur la  santé de la femme ?

Les pertes blanches sont le symptôme d’infections génitales basses, c’est-à-dire limitées au vagin et au col de l’utérus, mais qui peuvent se compliquer en infection génitale haute, avec de graves conséquences telles que la stérilité, des douleurs chroniques au bas-ventre ou des grossesses extra-utérines (hors de l’utérus et grave). 

Aussi ces infections génitales sont liées à un virus appelé HPV (Human papilloma virus) ; elles peuvent entraîner un cancer du col de l’utérus.

Les pertes blanches sont donc  un symptôme relativement fréquent qui altère le confort génital de la femme et  sont un signe d’alerte pouvant révéler des maladies potentiellement dangereuses pour la santé de  la reproduction des femmes. Elles sont souvent sexuellement transmissibles, pouvant  provoquer des douleurs lors des rapports sexuels. En outre, certaines pertes blanches peuvent avoir des odeurs gênantes au cours des rapports et créer un inconfort pour le couple.

Comment peut-on éviter les pertes blanches anormales ?

– Avoir une bonne hygiène intime, bien rincer et sécher correctement la région génito-anale ;

–     Après défécation, s’essuyer de l’avant vers l’arrière ;

– Eviter l’utilisation de produits parfumés (savons, bains moussants, papier hygiénique, tampon ou protège-dessous) ;

– Eviter de faire les douches vaginales abusives ;

 – Ne pas utiliser de déodorant vaginal ;

 – Changer régulièrement les tampons et les serviettes hygiéniques ;

 – Porter des sous-vêtements en coton ;

 – Laver les sous-vêtements avec un peu d’eau de Javel ;

Dormir sans sous-vêtement pour laisser l’air circuler autour de la vulve ;

– Eviter de porter des pantalons trop serrés et des bas de nylon ;

– Eviter de garder un maillot de bain mouillé ;

– Si nécessaire, avoir des relations sexuelles protégées.

Comment les pertes blanches sont-elles traitées ? Comment s’en débarrasser ?

Le traitement des pertes blanches est d’abord basé sur la prévention, en évitant les facteurs de risque et par une bonne hygiène des parties génitales externes.

Les pertes blanches les plus courantes sont causées par des micro-organismes, conséquence :

– d’une perturbation de l’équilibre du milieu vaginal, qui provoque une prolifération anormale de bactéries ou de champignons pathogènes déjà présents dans le vagin: C. albicans, G. vaginalis ;

– de l’introduction du parasite T.  vaginalis dans le vagin durant un rapport sexuel ;

– autres germes en cause : C. trachomatis, Mycoplasmes, vaginose bactérienne, neisseria ; virus (herpès ; HPV).

En cas de pertes blanches  gênantes, le traitement est celui de la cause du déséquilibre de la flore vaginale : virus,  bactérie ou champignon d’où la nécessité de consulter votre médecin traitant pour l’identification et l’élimination de cette cause et la prévention de la récidive.

Avez-vous d’autres commentaires  à faire ?

Je remercie votre journal de nous avoir donné l’opportunité de communiquer sur ce symptôme qui est  un des motifs les plus fréquents de consultation gynécologique.

La perte blanche « Normale » ou leucorrhée physiologique est l’expression d’une bonne imprégnation hormonale et d’un fonctionnement de l’appareil génital.

En cas de pertes blanches avec couleurs, odeur, abondance, gênantes  ou douleurs lors des rapports sexuels, il faut consulter un agent de santé qualifié (Sage-femme, Maïeuticien, Médecin, Gynécologue).

En cas de pertes blanches gênantes, penser à la possibilité d’une MST.

Chez la femme ménopausée, les pertes blanches peuvent révéler  un cancer génital. Chez la jeune fille, ne pas oublier la possibilité de corps étrangers au niveau des organes génitaux, et consulter dès que possible.

Valérie TIANHOUN

 


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