HomeA la uneDr BIENVENU DESIRE KY, CHIRURGIEN, UROLOGUE, ANDROLOGUE : « L’infertilité ne doit pas être une fatalité »

Dr BIENVENU DESIRE KY, CHIRURGIEN, UROLOGUE, ANDROLOGUE : « L’infertilité ne doit pas être une fatalité »


Dr Bienvenu Désiré Ky est chirurgien, urologue, andrologue au Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo. Dans l’entretien qu’il nous a accordé cette semaine, il explique que l’urologie est médico-chirurgicale et s’occupe essentiellement des pathologies chirurgicales de l’appareil urinaire chez l’Homme (femme et homme) et de l’appareil génital masculin. Avec lui, nous avons voulu en savoir davantage sur l’infertilité masculine. Lisez plutôt !

 

« Le Pays » : Quand est-ce qu’on peut parler d’infertilité chez un homme ?

 

Dr Bienvenu Désiré Ky : L’infertilité est l’incapacité d’un couple sexuellement actif et qui ne prend pas de contraceptifs, d’obtenir une grossesse en un an. C’est la définition donnée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Il faut noter qu’en matière d’infertilité chez l’homme, on parle d’infertilité primaire lorsqu’il y a absence de grossesse. L’infertilité secondaire, c’est lorsqu’il y a une grossesse, qu’elle ait abouti ou pas. Que ce soit un avortement ou une fausse couche, il y a eu au moins une grossesse. Là, on est dans le domaine de l’infertilité secondaire du couple.

 

Pourquoi avoir défini la période d’un an pour parler  d’infertilité ?

 

Un an signifie que lorsqu’on dépasse ce délai, on est dans l’infertilité. C’est un an ou plus.

 

Quelles sont les causes de l’infertilité ?

 

Il faut noter que l’infertilité est idiopathique. C’est-à-dire qu’elle a des causes qu’on n’arrive pas à retrouver, dans au moins 31% des cas. Aussi, il y a ce qu’on appelle les varicocèles. Elles reviennent dans 15,6% des cas. Les varicocèles sont une dilatation des veines au niveau des testicules, ce qui va entraîner un réchauffement au niveau du testicule, puis un manque d’oxygène. Comme conséquence, il y a l’altération de la qualité du sperme, une altération de la spermatogenèse.  Il y a également certains patients dont les testicules ne sont pas « descendus ». C’est ce qu’on appelle la cryptorchidie. Lorsque les testicules ne sont pas dans leur logement, cela pose problème, car la température des testicules est à 1, voire 3 degrés en dessous de la température corporelle. Cela, pour protéger le testicule et permettre une bonne spermatogenèse. Il y a par ailleurs les infertilités liées à des affections urogénitales. C’est ce qu’on appelle une torsion du cordon spermatique. C’est la rotation du testicule autour de son axe, et ça peut se nécroser ou entraîner une décharge des antigènes anti- spermatozoïdes. On peut donc fabriquer des spermatozoïdes et le corps va produire des éléments qui vont aller les attaquer et les détruire.

Les traumatismes peuvent être cause d’infertilité. En effet, on peut recevoir, en jouant au football par exemple, un ballon au niveau des testicules ou un coup de pied. A long terme, cela peut être source d’infertilité.

Autre facteur d’infertilité, la bilharziose urogénitale, qui peut évoluer vers une obstruction des canaux éjaculateurs. Dans ce cas, les spermatozoïdes peuvent être fabriqués, mais ils n’ont pas de voie de sortie. Si le canal déférent, celui utilisé par les spermatozoïdes, est obstrué, alors ceux-ci ne peuvent pas sortir et être dans le sperme pour faire une procréation. On se retrouve avec une absence totale de spermatozoïdes dans le sperme.

 

L’âge est un facteur d’infertilité

 

On s’est rendu compte que dans 30% des cas, à 60 ans, il n’y a pas un seul spermatozoïde dans le sperme. A 70 ans, dans 40% des cas, il n’y a pas de spermatozoïdes dans le sperme et à 80 ans, le taux est de 50%.

On note également des toxiques, notamment le tabac, l’alcool, de façon exagérée, qui diminuent la spermatogenèse de même que l’usage de certaines drogues telles que  le cannabis.

La chaleur aussi peut être cause d’infertilité. Lorsqu’on travaille dans un contexte où il y a trop de chaleur, cela va réchauffer le testicule, ce qui peut altérer la qualité du sperme. Elle peut être aussi provoquée par la prise de certains médicaments, notamment dans le cas du traitement du cancer. Aussi, les gens qui ont eu à l’enfance des oreillons, peuvent être infertiles. Puisque le virus à la base de l’oreillon est capable d’aller attaquer le testicule et détruire les cellules germinales.

En résumé, ce sont, entre autres,  ces facteurs.

 

Peut-on naître infertile ?

 

C’est possible, s’il y a des malformations. Il faut noter qu’on peut naître comme un homme, avec des testicules qui ne sont pas des vrais, en réalité. On les appelle des testicules féminisants. Ils sont comme des ovaires. Ces personnes sont infertiles pour toujours. Certains naissent avec un micro-pénis et c’est à la puberté qu’on se rend compte que ce n’est pas un homme, mais plutôt une femme.  Certains poussent des seins et l’appareil génital ressemble plus à un gros clitoris. Il peut arriver qu’ils éjaculent, mais leur sperme ne contient pas de spermatozoïdes.

 

Avez-vous déjà eu affaire à de tels cas ?

 

Plusieurs personnes se présentent avec des enfants qui ont des noms de garçons. Lorsque ces derniers atteignent l’âge pubère, on nous les ramène. Dans ce genre de cas, on essaie de faire le caryotype. C’est pour voir si c’est un garçon ou une fille. Là, ça devient très difficile, un problème purement social. En Europe, ils changent le contexte en essayant de voir quel sexe la personne veut qu’on lui donne. Si la personne décide de rester un garçon, par exemple, on lui enlève les seins et on essaie de la remodeler. Il arrive que la personne présente beaucoup de caractères d’un sexe. A travers une échographie, on peut s’apercevoir que la personne a un utérus. Lorsque c’est ce genre de cas, ça entre dans le cadre d’une chirurgie plastique. Il faut remodeler la personne  pour qu’elle reste elle-même vis-à-vis de la société. Mais le risque pour ces gens de ne pas pouvoir concevoir d’enfant est grand.

 

Le phénomène de l’infertilité prend-il de l’ampleur, selon vous ?

 

Ce n’est pas que le phénomène prend de l’ampleur. Ce sont des éléments qui existaient dans notre société, mais les gens ne l’exprimaient pas de façon claire. Avec la mondialisation et le nombre d’intellectuels grandissant, les gens consultent plus pour des cas d’infertilité.

 

Peut-on soigner l’infertilité ?

 

Le traitement de l’infertilité se fait en fonction de sa cause, des  facteurs sus-cités. Pour le cas de la varicocèle qui vient en 2e position, après le fait qu’on ne trouve pas de cause, on fait une analyse du sperme. Lorsqu’on se rend compte qu’il y a une altération de la qualité du sperme liée à la varicocèle, on l’opère. Et normalement, au bout de 3 ou 6 mois, il y a une amélioration significative de la qualité du sperme.

 

Quelles sont les conséquences de l’infertilité ?

 

Elles sont beaucoup plus sociétales. Dans la société, lorsqu’un homme est marié et qu’au bout de quelques années le couple n’a pas d’enfant, cela crée un stress familial, une tension au sein de cette famille. Il arrive qu’on conseille au monsieur de chasser sa femme, tout en oubliant que l’homme peut être responsable de cette situation. Il y a aussi le facteur psychologique, surtout sur la femme, parce qu’elle se sent toujours suspectée d’être responsable de la situation. Pourtant, l’homme doit aussi se remettre en cause.

Mais comme j’ai l’habitude de le dire, l’infertilité ne doit pas être une fatalité. D’autres ne veulent pas de leurs enfants et les abandonnent. Si un couple est infertile et qu’on n’arrive pas à trouver de solution, ce n’est pas la peine d’en faire tout un plat. Le couple peut se rabattre sur l’adoption. Les enfants qui sont abandonnés font partie de notre société et rien ne prouve que l’enfant qu’on a mis au monde soi-même, va  mieux s’occuper de nous demain que l’enfant d’autrui. Pour moi, s’il n’y a pas de possibilité de concevoir un enfant, il faut en adopter un et l’aimer. C’est cela qui va apporter cette joie de vivre. Le mariage n’est pas forcément égal à « faire des enfants ». C’est plutôt de s’apporter mutuellement la joie, de s’accompagner jusqu’à la fin. Il faut que les gens considèrent cet aspect.

 

Que faire face à une situation d’infertilité dans un couple ?

 

Lorsqu’il y a une situation d’infertilité dans le couple, la femme doit consulter un gynécologue qui va faire l’état des lieux de l’appareil génital pour voir s’il n’y a pas de problème. De même, l’homme doit aller voir un urologue-andrologue pour qu’il puisse explorer et voir s’il y a un problème. Si celui-ci est urologique comme c’est le cas dans 15,6% notamment des varicocèles, l’urologue va l’opérer. Chacun doit se mettre en tête qu’il a sa part de responsabilité dans le problème d’infertilité du couple. On peut alors les situer sur la possibilité ou non de faire des enfants. Si le couple ne peut pas concevoir, il peut alors se rabattre sur l’adoption.

A l’endroit de la population, il faut éviter d’incriminer toujours les femmes. Lorsqu’il y a infertilité, ce sont les 2 personnes qui sont concernées. Il faut donc systématiquement aller consulter pour faire l’état de santé sur le plan de la fertilité.

 

Propos recueillis par Valérie TIANHOUN

 

 


Comments
  • Quel est le traitetement pour l’oligos astheno negrospermie?

    26 mars 2018

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