HomeA la uneDr RA-SABLGA OUEDRAOGO, DIRECTEUR EXECUTIF DE FREE AFRIK : « Il est de plus en plus rentable de faire des grèves au Burkina » 

Dr RA-SABLGA OUEDRAOGO, DIRECTEUR EXECUTIF DE FREE AFRIK : « Il est de plus en plus rentable de faire des grèves au Burkina » 


En vue de restituer une étude sur « l’évaluation de la gouvernance économique dans le PNDES » et « l’évaluation de la gouvernance sociale et sécuritaire dans le PNDES », l’institut FREE AFRIK a organisé, à Ouagadougou, du 10 au 12 janvier dernier, deux ateliers réunissant plusieurs acteurs de la société.  Ces deux ateliers ont été suivis d’un panel tenu dans la soirée du 12 janvier sur les grèves et le dialogue social au Burkina Faso.

Le panel de l’institut FREE AFRIK qui s’est tenu le 12 janvier dernier, a porté sur une étude faite par ladite institution et portant sur « l’évaluation de la gouvernance sociale et sécuritaire au Burkina Faso ». Plus spécifiquement, il s’est agi, pour l’institution, de réunir des acteurs du monde syndical de la Fonction publique et de la société civile afin de discuter sur les grèves et le dialogue social au pays des Hommes intègres. En effet, c’est une vérité de La Palice d’affirmer que le front social est en ébullition ces dernières années, avec des revendications tous azimuts. Des revendications somme toute légitimes, dont il a paru nécessaire pour FREE AFRIK d’en connaître les enjeux. Pour le directeur exécutif de FREE AFRIK, Dr Ra-Sablga Ouédraogo, le Burkina Faso est à la croisée des chemins, au regard de ces remous sociaux et de la difficile situation sécuritaire que connaît le pays. Il y a lieu, a-t-il fait remarquer d’abord lors de la présentation du rapport, que l’on s’éloigne du précipice et s’engage résolument vers le renouveau. Pour cela, pour FREE AFRIK, il y a lieu de poser un débat sain, patriotique et objectif à l’instar de ce panel qui regroupe plusieurs acteurs de la société. Ce d’autant plus que, a révélé l’étude de FREE AFRIK, ces deux dernières années, tous les ministères et tous les secteurs de la Fonction publique sont touchés par le phénomène des grèves, avec une augmentation singulière des sit-in, entraînant un durcissement du conflit. « Mais pourquoi avons-nous des grèves et des sit-in qui s’accélèrent ? », telle est la problématique dégagée par l’institut FREE AFRIK dans sa démarche  pour mieux cerner les enjeux du phénomène des grèves.

Le salaire des agents évolue plus rapidement que le niveau général d’évolution des prix

Pour y répondre, plusieurs hypothèses ont été émises, selon le directeur exécutif de l’institut. Entre autres, l’insurrection populaire, le coût élevé de la vie, les conditions difficiles de travail, la satisfaction de la revendication des magistrats, le fait que le gouvernement ne tient pas ses promesses, la déstabilisation du régime actuel par l’ancien régime, l’injustice entre les travailleurs de la Fonction publique et la concurrence entre les organisations syndicales. Pour ce qui est du coût élevé de la vie, l’étude a montré qu’en moyenne, le salaire des agents de la Fonction publique évolue plus rapidement que le niveau général d’évolution des prix des produits. A ce titre, l’effet de rattrapage du coût élevé de la vie n’est donc pas fondé et ne saurait mieux expliquer les revendications. Toutefois, a indiqué Ra-Sablga Ouédraogo, il est apparu dans le panier des ménages, des biens nouveaux dont le téléphone portable, l’internet, etc. C’est dire donc que la culture de consommation du fonctionnaire burkinabè a changé, incluant de nouveaux besoins. Pour ce qui est des conditions de travail, l’étude a montré qu’il y a une légitime attente des travailleurs à ce niveau, car cela détermine la productivité. La satisfaction des revendications des magistrats comme précurseur des autres mouvements de grève a, quant à elle, été confirmée suite à l’enquête de FREE AFRIK. « S’il y en a pour quelques-uns, il y en a pour tout le monde », foi de Ra-Sablga Ouédraogo qui résume les propos des interlocuteurs avec qui son institution a eu des échanges. En ce qui concerne l’hypothèse de la manipulation politicienne, le directeur de FREE AFRIK dira : « Nous ne pensons pas que les grèves et les sit-in sont hors de portée de l’activité politicienne. Mais nous pensons que le discours qui les politise sans argumentation, sans preuve, est un discours qui les alimente». L’autre cause majeure des grèves, toujours selon l’étude, ce sont les injustices criardes entre fonctionnaires.

« C’est la confiance entre les acteurs qui manque le plus »

 

Pour terminer, le directeur exécutif a déclaré que l’étude révèle également que le gouvernement maîtrise mal les différentes questions liées aux revendications. « Il y a de plus en plus de grèves parce qu’il est de plus en plus rentable de faire des grèves au Burkina », a-t-il dit à ce propos. Comme recommandations, FREE AFRIK propose de refonder la lutte contre la vie chère et la réorienter vers l’élargissement de la production afin de mieux maîtriser l’inflation. « Il faut faire en sorte que la lutte pour la justice à l’intérieur de l’Administration publique rencontre une vision de la Fonction publique définie de façon démocratique et inclusive avec un plan stratégique de renouveau », a également suggéré le directeur exécutif de l’institut. S’agissant des négociations, il est impératif, pour lui, qu’elles soient fondées sur des faits, des données et des paramètres objectivement établis. Enfin, il y a lieu, selon le rapport de FREE AFRIK, d’engager une opération d’envergure pour réduire le train de vie de l’Etat, car il y va de la crédibilité des gouvernants. « Il faut donc créer la confiance. Car, c’est la confiance entre les acteurs qui manque le plus », a donc conclu Ra-Sablga Ouédraogo. Une vision que Moussa Diallo, chargé du suivi de la législation du travail et des normes sociales à la CGT-B et panéliste partage également. Pour lui, Les préalables à la réussite du dialogue social ne sont pas respectés. Notamment, et tout d’abord, la démocratie et la gestion démocratique de l’Etat, Le respect des points de vue de l’ensemble des acteurs, la crédibilité des acteurs, leur représentativité et leur bonne volonté.  Pour Moussa Diallo, le dialogue se veut également une action anticipatrice. « Pourtant, ici, on laisse la grève commencer et durer dans le temps, avant d’aborder le dialogue », a-t-il déploré. A cela, le syndicaliste ajoutera qu’il y a une méconnaissance des conventions ratifiées par le Burkina dans le cadre du dialogue par certains acteurs d’en face. Francis Paré, DG de la Fonction publique, quant à lui, dira que pour mettre fin à ces remous sociaux, il convient de réfléchir de façon démocratique et de façon collégiale afin de trouver une nouvelle orientation à la Fonction publique. « Est-ce que  la Fonction publique va continuer à être un système de résorption du chômage ? », s’est-il demandé.  A l’entendre, dans une telle logique, les problèmes d’efficacité se poseront toujours.

Adama SIGUE


Comments
  • Les hypothèses que vous avez émises sont pertinentes. Mais vous avez oublié une que je trouve capitale. C est la recherche de tous d un habrit un chez soi personnel. Au Burkina tous le monde veux construire sur sa propre parcelle. Du coup les prix des parcelles ont flambé et les matériaux de construction de plus en plus chère. Pour autant les gens n en démordent pas. Alors que les salaires sont dérisoires. Du coup plusieurs fonctionnaires se laissent corrompre pour ne pas être en reste de cette course aveugle vers les villas. Ceux qui refusent la corruption s endettement jusqu au point d ne plus soutenu cette dette. Ce qui empeste à faire Maina c est donc grever pour qu on augmente les salaires. C est ca qui est la vérité. Donc en plus du diailogue et ce que vous avez proposé he propose aussi une bonne politique de logements pour éviter l inflation a ce nivo.

    15 janvier 2018
  • voici une belle intitiative que les dirigeants gagnerait à s’en inspoirer. Cette édute, je la toruve assez solide et les recommandations claires. Roch doit etre a l’ecoute des populations en ecoutnt ce genre de suggestions pour faire avancer le pays plutot que de rester dans ces 4 murs de Kpossyam et p^rendre des decisions qui sont loin avec la réalité du terrain. C’est ce que le Blaiso faisait mais où il est actuellement.

    15 janvier 2018
  • Docteur je très content pour tout se que vous dites sur l’internet et la jeunes se merci docteur

    16 mars 2019

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