HomeA la uneDR SEIDOU ZIDA, MEDECIN INTERNISTE : « Le diabète est en nette expansion au Burkina »

DR SEIDOU ZIDA, MEDECIN INTERNISTE : « Le diabète est en nette expansion au Burkina »


Le diabète est une maladie qui, selon les données de ces dernières années,  est en pleine expansion. Bon nombre de facteurs peuvent expliquer ce mal, mais la population burkinabè l’ignore souvent. Comment faut-il se comporter pour éviter une telle maladie ? Le médecin interniste au centre médical avec antenne chirurgicale (CMA) de Pissy, Dr Seidou Zida, dans cette interview, nous parle de ce mal. Lisez !

 

« Le Pays » : Comment peut-on définir le diabète ?

 

Dr Zida : Le diabète est un ensemble de pathologies dont le point de départ est l’élévation chronique du taux de sucre dans le sang. Cette définition a l’avantage d’inclure d’éventuelles complications que peut vivre le diabétique.

 

Y a-t-il plusieurs sortes de diabète ?

 

Exactement, il y en a plusieurs. Mais essentiellement pour la population, on peut retenir deux types, dont le type 1 et le type 2. En rentrant dans les détails scientifiques, on peut ajouter le diabète secondaire de la femme gestationnelle, qui survient chez la femme enceinte. Mais les types à retenir sont le 1 et le 2.

 

Est-ce une maladie mortelle ?

 

Oui et non à la fois. Le diabète est une maladie mortelle en ce sens qu’un diabète ignoré ou mal suivi, ou même insuffisamment  suivi, peut entraîner des complications qui, à leur tour, peuvent entraîner la mort. Le diabète peut être une maladie non mortelle, parce que si le diabétique respecte les conseils du médecin et de l’équipe de soignants, il peut vivre aussi longtemps que possible. Donc, le diabète est mortel lorsqu’on l’ignore, mais est une pathologie avec laquelle on peut vivre lorsqu’on décide de suivre correctement les prescriptions médicales.

 

Comment se fait le suivi chez un diabétique ?

 

Pour qu’il y ait suivi, il faut d’abord faire le diagnostic qui, à son tour, va démontrer qu’une personne est diabétique et après cela, on entame le processus de suivi. Le suivi se fait auprès d’une équipe pluridisciplinaire faite de médecins (généraliste, diabétologue, interniste) et autres spécialités d’organes et de paramédicaux. Mais le problème aussi est qu’on a très peu de diabétologues et de médecins internistes au Burkina. Ce qui fait parfois que les malades peinent à avoir le suivi adéquat et pérenne.

 

Quelles sont les causes du diabète ?

 

Plusieurs causes se conjuguent pour éclore le diabète chez une personne. Il y a d’abord les traits d’hérédité dans le diabète, surtout le diabète de type 2. Mais l’hérédité seule ne suffit pas pour faire le diabète, car il faut des facteurs environnementaux qui s’ajoutent. Les facteurs environnementaux sont la prise de poids qui est souvent liée à un régime alimentaire pas très bien suivi et à un manque d’activités physiques. Donc, la sédentarité et les régimes hypercaloriques se conjuguent à l’hérédité pour qu’une personne fasse le diabète.

 

Comment se manifeste-t-il ?

Si on prend les deux grands types de diabète qui sont le type 1 et le type 2, concernant le diabète de type 1 ; c’est-à-dire qu’on ne conçoit  la maladie que sous un type 1, cela ne cause pas trop de problème, parce que les manifestations sont très marquées. La prise en charge doit être immédiate. Dans le cas contraire,  le mal évolue irréversiblement vers le décès. C’est un type de diabète caractérisé par une absence totale d’insuline  dans l’organisme. Dans ce cas, le malade va perdre du poids ; il aura tendance à boire beaucoup d’eau et à uriner beaucoup et bien qu’il mange beaucoup, il maigrira davantage, d’où le syndrome uro-polypsie. Mais le malade  peut déjà présenter   des complications aiguës. Le diabète de type 2 constitue la pandémie mondiale, parce que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime à 415 millions environ le nombre de diabétiques de type 2 dans le monde. C’est une maladie qui s’installe de façon insidieuse, c’est-à-dire que le patient lui-même, pendant un long moment, ignore sa propre maladie, car les signes ne se présentent pas comme dans le diabète de type 1 où les signes sont marqués. Très souvent, c’est à l’issue d’une complication qu’on fera le bilan et que l’on s’apercevra que le taux de glycémie est élevé.  Donc, on peut retenir qu’il y a deux types de manifestations, insidieuse dans le diabète de type 2 et la manifestation très marquée dans le diabète de type 1.

 

Que peut-on entendre par glycémie et quel est son rôle dans la prévention du diabète ?

 

La glycémie, c’est l’indicateur, c’est-à-dire le taux de sucre dans le sang, dont l’organisme a besoin dans son fonctionnement quotidien. Mais lorsque ce taux de sucre dépasse les normes de façon chronique, on parle de diabète. Chez tous les individus, on a du sucre qui circule dans l’organisme en temps normal. Mais ce sucre doit se situer dans une fourchette normale. Si le taux de sucre est inférieur à la norme, on parle d’hypoglycémie. Quand c’est supérieur à la norme, c’est l’hyper glycémie ; mais quand c’est chronique, à ce moment, on parle de diabète. Le but du traitement chez un diabétique, c’est de ramener l’hyperglycémie à des taux avoisinant le taux du sujet normal qui se situe entre 4, 1 mmol/L pour la minima  et 6,1 mmol/L pour la maxima. Donc, on doit s’efforcer à ramener les chiffres glycémiques du  diabétique dans cette fourchette et dans ce cas, il vivra comme un sujet non diabétique.

 

Quel est l’état actuel du diabète au Burkina ?

 

La maladie est en nette expansion au Burkina et dans le monde entier en général, mais aussi et surtout dans les pays au sud du Sahara. Au Burkina, notre référence, c’est une étude que l’équipe du professeur Drabo qui est par ailleurs le patron des questions de diabète au Burkina et dans la sous-région que je salue au passage, a réalisée. Une étude réalisée en 2013 (l’enquête STEP) chez les sujets de 25 à 64 ans  sur l’étendue du territoire et qui a noté une prévalence de 4,9% au sein de la population burkinabè. Cela signifie que quand on prend des sujets dans cette tranche d’âge, sur 100 Burkinabè, il y a 5 qui sont diabétiques. Donc, c’est une maladie qui est en nette croissance et l’OMS attire l’attention de nos pays sur ce phénomène.

Comment expliquez-vous que le diabète soit en expansion au Burkina ?

 

L’explication basique qu’on donne est le changement des habitudes alimentaires avec la mondialisation et l’urbanisation. On remarque que les individus font très peu d’efforts physiques et mangent beaucoup d’aliments hyper caloriques. Donc, c’est la sédentarité qui explique cette expansion.

 

Qu’est-ce qui est conseillé comme aliments pour une personne souffrant du diabète ?

 

Rien n’est interdit au diabétique. Cela signifie qu’il peut pratiquement tout manger. Mais ce qui va jouer sur le diabétique, ce sont les quantités qu’il doit manger. Il doit manger beaucoup de légumes verts et de feuilles, à savoir le haricot vert, le chou, la salade, les concombres et autres. C’est pour dire que les légumes verts doivent dominer dans son régime alimentaire. Par contre, tout ce qui est amidon, comme le riz et le tô, doit être réduit au strict minimum.

 

Peut-on guérir du diabète?

 

On ne peut pas guérir du diabète. Quand on est déclaré diabétique, on l’est à vie. Mais pour un groupe de diabète, si l’on arrive à corriger la cause, on peut penser à une guérison, notamment le groupe de diabète secondaire. Ce genre de diabète est induit par une autre maladie et si l’on arrive à éliminer cette maladie, on peut espérer guérir du diabète. Dans le cas de diabète, on ne parle pas de guérison mais d’équilibrer le diabète, c’est-à-dire ramener les chiffres glycémiques dans la fourchette normale qui est de 4,1mmol/litre à 6,1 mmol/litre.

 

 

 

Certains malades disent que le régime d’un diabétique est très coûteux et compliqué. Qu’en pensez-vous ?

 

Le régime en tant que tel n’est pas coûteux, mais c’est plutôt la modification des habitudes alimentaires qui implique un changement et tout changement a un prix à payer. C’est ce changement que les malades ne supportent pas, surtout au début de la maladie. Dans le terroir burkinabè, c’est le tô et le riz qui dominent et une fois qu’on souffre du diabète, il est recommandé de consommer peu de riz et de tô, mais plutôt beaucoup de salade et des légumes verts. Donc, du coup, les malades voient cela comme un régime qui n’est pas à leur portée.

 

Quels conseils pour les malades de diabète ?

 

Les diabétiques ont besoin de suivre leur régime normalement, en suivant surtout les conseils des médecins. Parce qu’en respectant les consignes données par les médecins, ils peuvent avoir une vie superposable à la vie d’un sujet non diabétique.

 

Et pour ceux qui n’en souffrent pas ?

 

Quant à la population non diabétique, c’est de ne pas penser que cela n’arrive qu’aux autres. Donc, il est recommandé à toute personne de faire le test de glycémie (surtout après la quarantaine et si on a des diabétiques dans la famille). Le test pour savoir si l’on est souffrant du diabète n’est pas aussi coûteux. Et si c’est le cas, on cherche rapidement à rentrer dans une file active   diabétique, pour le suivi.

   Il faut changer les habitudes alimentaires, faire du sport et consommer moins de sucre et de sel.

 

Un mot pour terminer

 

Nous demandons toujours de l’aide aux autorités et aux bonnes volontés, pour une meilleure prise en charge des patients de cette pathologie, car la population la plus touchée par ce mal se situe entre 55 et 64 ans (étude STEP). Et dans cette fourchette d’âge, on trouve  environ 10, 3% de femmes diabétiques. Cela veut dire que c’est la tranche d’âge de la population qui est économiquement rentable qui est touchée. Et un individu souffrant du diabète, c’est toujours des hospitalisations à n’en pas finir, entraînant des absences au service et l’amputation des membres et autres complications. Donc, on demande que la prise en charge soit davantage revue.

 

Propos recueillis et retranscrits par Valérie TIANHOUN

 

 


Comments
  • Je félicite le DR SEIDOU ZIDA pour sa grande connaissance du diabète et de ses implications. Les préoccupations du Dr sont juste et légitime. Je veux dire au Dr Seidou que le diabète en lui-même, même avec ses variation hors limite ne serait pas plus important qu’une petite grippe inoffensive qu’il faut vivre avec .. Juste en faisant régulièrement des tests et en ajustant les insulines .. Si c’est le cas pour tout le monde, Le prix des bandelettes de test devrait être divisé par 50.
    Parce que, les complications résultent de notre système de protection par accumulation et le résultat, la médecine en générale n’a pas su se tourner vers la vrai solution.. Cher Dr, il suffit de traiter notre production de kératinocytes pour avoir, en tout temps des kératinocytes fraiches sur les sites de blessures, des ulcères, des microfissures de nos tissue endothéliaux. Les kératinocytes immature (qui n’ont pas eu le temps de charger les kératohyaline pour faciliter la desquamation, le recyclages par les reins et les macrophages et aussi continuer à aider le renouvellement des kératinocytes et la migration normales en tout temps.. Il N’y aura plus de complications dans le diabète et ce traitement peut aider à bien d’autres pathologie Dr. Ce traitement existe.

    21 juin 2017
  • Je félicite le Dpour sa grande connaissance du diabète et de ses implications. Les préoccupations du Dr sont juste et légitime. Je veux dire au Dr Seidou que le diabète en lui-même, même avec ses variation hors limite ne serait pas plus important qu’une petite grippe inoffensive qu’il faut vivre avec .. Juste en faisant régulièrement des tests et en ajustant les insulines .. Si c’est le cas pour tout le monde, Le prix des bandelettes de test devrait être divisé par 50.
    Parce que, les complications résultent de notre système de protection par accumulation et le résultat, la médecine en générale n’a pas su se tourner vers la vrai solution.. Cher Dr, il suffit de traiter notre production de kératinocytes pour avoir, en tout temps des kératinocytes fraiches sur les sites de blessures, des ulcères, des microfissures de nos tissue endothéliaux. Les kératinocytes immature (qui n’ont pas eu le temps de charger les kératohyaline pour faciliter la desquamation, le recyclages par les reins et les macrophages et aussi continuer à aider le renouvellement des kératinocytes et la migration normales en tout temps.. Il N’y aura plus de complications dans le diabète et ce traitement peut aider à bien d’autres pathologie Dr. Ce traitement existe.

    21 juin 2017

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