HomeA la uneDRAMANE TOU, DG DU SIAO : « Il faut que le Salon renaisse de ses cendres »

DRAMANE TOU, DG DU SIAO : « Il faut que le Salon renaisse de ses cendres »


La 14e édition du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO) se tient à Ouagadougou du 28 octobre au 06 novembre 2016, sous le thème : « Artisanat africain, entrepreneuriat féminin et protection sociale ». A quelques heures de ce grand rendez-vous des artisans du Burkina et d’ailleurs, le Directeur général du SIAO, Dramane TOU, nous a fait le point des préparatifs de cette édition, le 25 octobre 2016. Une édition qui, selon lui, est placée sous le signe de la relance et du renouveau. Lisez !

 

A combien s’élève le budget de la 14e édition du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou ? Ce budget est-il bouclé ?

 

Nous sommes pratiquement à quelques heures de l’évènement. Le budget du SIAO 2016, édition prévue pour se tenir du 28 octobre au 6 novembre 2016 sur le site du parc d’exposition du salon, s’élève à environ 600 millions de F CFA. Une grande partie de ce budget est déjà mobilisée, notamment grâce à l’Etat burkinabè qui a décidé d’investir 442 millions de F CFA ; ce qui  est au-delà de ce qui est investi d’habitude. Et ce, pour soutenir l’artisanat africain en général et l’artisanat burkinabè en particulier. À ce niveau, je peux vous rassurer que l’entièreté de la subvention de l’Etat est acquise. Quant à la différence d’environ 158 millions de F CFA entre la subvention étatique et le budget du SIAO 2016, elle doit être mobilisée par 2 acteurs que sont les sponsors et partenaires du Salon et le SIAO lui-même. Pour ce qui est des partenaires et sponsors du Salon, nous avons évalué ce que nous attendons d’eux à hauteur de 55 millions de F CFA. Avec ces derniers, nous avons pu mobiliser 39 millions de F CFA pour l’instant et nous  continuons à échanger avec d’autres, en termes de mobilisation de fonds. Le SIAO qui  doit contribuer à hauteur de 103 millions de F CFA, a effectivement mis sa part dans la cagnotte. Ce montant provient des recettes propres du Salon, entre autres, mobilisées par le système de vente des parcs d’exposition. Il y a également les recettes liées à la location des stands et aux entrées sur le site. Cela, sans oublier les recettes provenant de la location de nos bâtiments en dehors des périodes du Salon.

En résumé, il y a un gap d’environ 16 millions de F CFA à combler et nous nous y attelons.

 

Pouvez-vous nous assurer que ce gap sera comblé ?

 

Nous ne pouvons pas donner  cette assurance, car certains partenaires nous ont confiés qu’ils sont en difficulté. D’autres ont avoué qu’ils ne pensaient pas que le Burkina Faso arriverait à réussir l’exploit d’organiser le Salon cette année, si bien que dans leurs évaluations, il ne figure pas un projet de budget pour le SIAO 2016. Mais, nous continuons les négociations. Par ailleurs, de nouveaux partenaires se sont signalés. Certainement des accords de partenariat vont être signés au cours de l’édition. Nous ne sommes donc pas convaincus à 100% que nous allons combler ce gap. Mais tout compte fait, nous pensons qu’au-delà de cette ressource, les hommes et femmes du Burkina qui sont membres du Commissariat général du Salon, vont apporter cette contribution que nous ne pouvons pas évaluer en termes financiers, mais qui pourront nous permettre de réaliser l’ambition que nous nous sommes fixée.

 

 A combien estimez-vous le nombre de participants au SIAO 2016 ?

 

Le Ghana est l’invité d’honneur de cette 14e édition du SIAO. Ce pays vient avec une forte délégation. Considérant ceux qui ont pu acquérir les stands en tant qu’individus, nous sommes à 36 artisans. Le pays lui-même a loué 14 stands-pays. Il est à noter qu’un stand-pays peut abriter au moins 3 artisans, ce qui fait environ 42 artisans. Sans avoir les  chiffres exacts, on peut estimer à plus de 78, le nombre d’artisans qui seront présents à ce Salon.  En plus du Ghana, les 24 autres pays qui prennent part au Salon, ont au moins un stand pays. En somme, pour ce Salon, nous attendons 3000 participants, soit 25 pays participants, 500 journalistes de la presse nationale et internationale et 250 acheteurs professionnels.

 

Quelles sont les innovations majeures de cette édition du SIAO qui peut être qualifiée d’édition de relance, vu que la précédente a été annulée ?

 

Cette 14e édition est à la fois une édition de renouveau et de relance. De renouveau, parce que nous voulons, à partir de cette édition, faire en sorte que l’organisation du Salon s’améliore davantage et que la manière d’accréditer, par exemple, soit totalement nouvelle. Qu’elle nous permette d’avoir des statistiques vérifiables à tout temps. Mieux, elle va nous permettre, après le Salon, de rester permanemment en contact avec  les acteurs que sont les artisans, les acheteurs professionnels, la presse et certains partenaires.

En outre, il y a une série d’innovations autour de ce Salon, qui font que c’est une édition de relance et de renouveau. Par exemple, chaque pavillon comportera des points d’informations dénommés point « I ». Dans ces points, des personnes bilingues seront chargées de donner des informations relatives au Salon aux artisans et à tous ceux présents dans les pavillons. Cela va éviter aux artisans de devoir quitter leurs stands pour gravir les marches de l’Administration du SIAO, à la recherche d’informations. Dorénavant, c’est l’information qui ira à l’artisan et non le contraire. Autre innovation qui fait de ce 14e SIAO, une édition de renouveau et de relance, c’est le fait de donner un stand aux 13 régions du Burkina, pour permettre à chacune d’elles de présenter ses produits phares en matière d’artisanat, aux acheteurs professionnels et au grand public. Cela permettra à la presse de faire une synopsis des potentialités artisanales des différentes régions.

 

Décongestionner les files d’attente et partant, améliorer la sécurité

 

L’une des innovations importantes est l’introduction du système de paiement mobile avec un partenaire qui est Airtel, qui va permettre aux clients du SIAO d’acquérir les tickets d’entrée ; ce qui évitera à ces derniers de perdre du temps dans de longues files d’attente, qui pour acheter un ticket, qui pour attendre de la monnaie. De par le passé, un client qui paie un ticket de 500 F CFA avec un billet de 1000 F CFA, était obligé d’attendre qu’on lui rende sa monnaie. S’il y a des difficultés de monnaie, l’avancée du rang est bloquée. Avec ce système de paiement électronique, cette difficulté est réglée ; ce qui permet de décongestionner les files d’attente et partant, d’améliorer la sécurité.

Aussi, pour cette édition, l’artisan n’a pas eu besoin de se déplacer physiquement pour retirer la fiche de participation au Salon. A partir de la plateforme internet du Salon, www.siao.bf, il y avait la possibilité de la télécharger, la remplir et la renvoyer à l’adresse e-mail du Salon. Après avoir rempli la fiche d’inscription, les artisans ont eu la possibilité de choisir eux-mêmes les stands, en fonction de la disponibilité de ceux-ci. Lorsque vous êtes le premier à vous inscrire, vous êtes le premier à choisir un stand au bord d’une allée principale par exemple. Il n’est donc plus question que le SIAO place les artisans dans les stands. Ceux-ci s’en chargent eux-mêmes.

Nous nous sommes également entretenus avec un partenaire qui est ECOBANK pour que les artisans, quel que soit leur pays d’origine, puissent verser l’argent de l’inscription dans leurs agences. Le SIAO est automatiquement informé et un justificatif est remis à l’artisan en question. Ce qui lui permet, une fois au Salon, de retirer son accréditation. Cette innovation est liée aux technologies de l’information et de la communication, tout comme le paiement électronique.

Par rapport à la sécurité des artisans, les pavillons, tout comme la cour du SIAO, sont dotés de caméras de surveillance. Aussi, lors de la nuit de l’artisan, qui est la nuit de récompense des meilleurs artisans, les œuvres de ces derniers seront projetées  pour que les gens puissent apprécier. Voici quelques innovations qui font de cette 14e édition du SIAO, une édition de renouveau et de relance, car beaucoup de choses vont être autrement faites, dans le sens de mieux faire. Car, le Salon est obligé de grandir.

En 2014, nous n’avons pas pu tenir le Salon pour la première fois, à cause de la menace de la maladie à virus Ebola. Dieu merci, cette crainte est derrière nous. Il faut donc que le Salon renaisse de ses cendres.

 

La sécurité est un enjeu majeur de ce Salon, au regard du contexte national et sous régional marqué par le péril djihadiste. Quelles sont les dispositions prises dans ce sens ?

 

Il y a des mesures fortes qui ont été prises sur ce plan. Sur le plan interne, en plus des caméras de surveillance, le système de gestion a été changé. Après la cérémonie d’ouverture du Salon, le 28 octobre, il n’y aura plus qu’une porte d’entrée pour les visiteurs. Plus jamais, les visiteurs ne vont entrer et sortir par la même porte. C’est un désordre que nous voulons arrêter. Les 2 grandes portes d’entrée du parc d’exposition du SIAO sont réservées à cet effet. Celles-ci seront cloisonnées en 3 files par porte d’entrée. Dans chaque file, les visiteurs seront contrôlés et l’authenticité de leur badge d’entrée vérifiée. Il ne sera pas possible d’accéder au site avec de faux documents. Les badges et les tickets sont sécurisés avec des codes-barres. Ce qui va nous permettre de savoir combien de personnes sont sur le site à un instant T. Nous saurons également avec précision si untel est sur le site ou non. S’il l’a quitté, nous serons à même de dire avec exactitude à quelle heure il l’a fait.

C’est un système qui va permettre d’améliorer la sécurité, parce qu’il y aura moins de bousculade.

Aussi, les marchands ambulants ne seront plus admis sur le site. Une commission a, par ailleurs, été créée et elle a en charge le contrôle des normes du Salon.

Au niveau national, les plus hautes autorités ont une stratégie de sécurisation du pays. En plus de cela, une forte délégation des Forces de défense et de sécurité est mobilisée pour mailler tout l’espace du Salon. L’espace piéton sera délimité, avec une interdiction formelle d’utiliser comme parking les parterres centraux.

 

Avez-vous un appel à lancer ?

 

La population burkinabè et les amis du Burkina Faso peuvent être rassurés que l’évènement sera hautement sécurisé et qu’il n’y a pas lieu de craindre en prenant part au Salon de relance et de renouveau. Je lance un appel à l’endroit de la population, afin qu’elle vienne visiter le Salon et découvrir les potentialités artisanales de l’Afrique. Et cela, en gardant en tête que les consignes sécuritaires doivent être respectées à la lettre. Je souhaite que le Salon se tienne dans les meilleures conditions de sécurité, de paix et de bonnes affaires, afin que l’image du Burkina rayonne davantage.

 

Propos recueillis par Thierry Sami SOU

 

 


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