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DRAME DE YIRGOU


Les leaders religieux et coutumiers prônent la paix

Après les visites des différentes couches sociales dans les camps d’accueil des déplacés à Barsalgho et à Foubé suite aux effroyables événements meurtriers de Yirgou et environnants, c’est maintenant au tour des coutumiers et religieux de jouer leur partition pour enterrer la hache de guerre. En effet, une journée de réconciliation des communautés a été initiée sous l’égide du Dima Sonré de Boussouma qui s’est rendu effectivement sur les lieux. C’était le samedi 9 février 2019.

Sa Majesté le Dima de Boussouma, ses 13 chefs de canton, le cardinal Philippe Ouédraogo, le président de la communauté musulmane du Burkina, Abdoul Rasmané Sana, le pasteur Dieudonné Sawadogo de la Fédération des églises  et missions évangéliques du Centre-Nord, en collaboration avec la structure qui œuvre pour la réhabilitation de la tradition orale, à savoir l’Association « Racines », se sont rendus le 9 février 2019 à Barsalogho, Foubé et Korko. Objectif : prôner le pardon et la réconciliation des différentes communautés. Leur mission a débuté au camp d’accueil de Barsalogho. Il était 9h quand la cérémonie a commencé. Premier à prendre la parole, le président de la communauté musulmane du Burkina, Abdoul Rasmané Sana, a salué cette initiative de Sa Majesté le Dima de Boussouma, pour avoir fait le déplacement. Il a fait des invocations et des lectures coraniques pour le repos des âmes des victimes et souhaité une santé de fer aux blessés. Pour cela,  « le mot pardon doit raisonner désormais dans nos cœurs », a-t-il conclu. A sa suite, le cardinal Philippe Ouédraogo a dit une messe au nom de la fraternité et de la compassion pour toutes les victimes de Yirgou. Et de paraphraser le Pape François en ces termes : « Abattez les murs et construisez les ponts. ». Aussi, il a fait cas de l’engagement de Martin Luther King en Amérique, face à l’apartheid des noirs avant de s’exprimer en fulfuldé.  « Allah hoki djam. Min djaouti himmbe fu ».  Ces mots signifient en fulfuldé, « Que la paix de Dieu soit avec vous ! Je vous salue». Pour sa part, le pasteur Dieudonné Sawadogo a aussi invité  les communautés à cultiver l’amour de Dieu dans leurs cœurs. Dans son intervention, le représentant du Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés a indiqué que « le pardon est l’ami de Dieu ». Cette intervention a été suivie du message du Dima, livré en sa présence par son porte-parole, Watinoma Band Naaba.  «  Le Dima vous demande pardon. Nous vous demandons de faire pardon. Le Dima ne fait pas de différence entre les communautés de son royaume. Il les considère toutes au même degré. Le Dima vous rassure que vous allez retourner chez vous », a-t-il lancé aux parents des victimes et aux déplacés. La cérémonie à Barsalogho a pris fin à 12h  par un don de 10 tonnes de petit mil, 200 marmites, 25 corans, du thé, du sucre et des théières. Une partie du don sera envoyée au camp de Foubé.

« Le Dima vous rassure que vous allez retourner chez vous »

La 2e étape de la visite s’est déroulée à Foubé, localité située à 65 km de Barsalogho, où le même message de paix  a été lancé à tour de rôle par les coutumiers et les religieux. Il faut dire que l’émotion était forte. Les mots étaient également riches en sens: « Aime ton prochain comme toi-même. Oublie et sois tolérant envers ton voisin ». L’étape de Foubé renferme une particularité. En effet, non seulement cette localité fait partie du théâtre des exactions, mais aussi des attaques terroristes de Gasseliki dans la commune d’Arbinda. Religieux comme coutumiers, c’est le même et seul message de paix. « Plus jamais ça dans notre pays ! Le Dima ne veut plus voir ça dans son royaume. A partir de ce jour, tout est fini» (Voir encadré). Notons qu’à chaque étape de la visite, le Dima a fortement encouragé les Forces de défense et de sécurité. Elles abattent énormément un grand travail dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, selon le porte-parole du Dima. Par ailleurs, il s’est engagé auprès de l’Etat burkinabè, à œuvrer pour le retour des personnes déplacées dans leurs familles respectives.

Coutumes et traditions : le pacte de non-agression  signé

Troisième étape de la journée : village de Korko à 15 Km de Barsalgho où a eu lieu une cérémonie de réconciliation sobre mais très riche en symbole. Au- devant du cérémonial, les forgerons. Dans le royaume de Boussouma en terre moaga, le forgeron est le foyer, le médiateur des crises, des conflits comme le précisent les chefs coutumiers. Il est l’interface entre les communautés, que tu sois peul, moaga, fulga, samo, etc. Les coutumes ont été exécutées par les forgerons à Korko. Pour joindre l’utile à l’agréable, les instruments de forge, notamment l’enclume, le marteau, la barre de fer ont été présentés aux yeux de tout le monde, question de prévenir tout suspect, toute personne tendant à désobéir à la parole sacrée des forgerons.  Les chefs traditionnels, à la suite des religieux, ont eux aussi laissé entendre  que « la paix, la joie, la solidarité et la cohésion sociale découlent du pardon ». La tradition exige qu’il n’y ait plus de stigmatisation entre les communautés. « Désormais, les mossé vont aider les peulhs à construire leurs maisons et les peuls aussi vont le faire ». Le pacte de non-agression a été signé entre les deux communautés à Korko. En fait, c’est un retour aux sources pour enterrer la hache de guerre. Pour cela, des plats traditionnels ont été préparés par les différentes communautés et mangés devant le Dima. Cela signifie que le pardon sera désormais dans cette partie de notre pays. Il revient à chaque chef de village et sa communauté, de veiller au strict respect de ce pacte.

Madi OUEDRAOGO (Correspondant)

 

 


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