HomeA la uneDRAMES DE L’IMMIGRATION CLANDESTINE : Que faire ?

DRAMES DE L’IMMIGRATION CLANDESTINE : Que faire ?


C’est probablement « la pire hécatombe jamais vue en Méditerranée », selon les mots de la porte-parole du Haut-commissariat des Nations unies aux Réfugiés (HCR), Carlotta Sami. Une fois de plus, dans les eaux libyennes, des candidats à l’immigration ont vu leur chalutier chavirer. Les chiffres, bien que non-officiels et certainement impossibles à certifier, font froid dans le dos. Environ 950 migrants auraient pris ce chalutier et il n’y a que 28 rescapés récupérés par un navire marchand portugais. Ces pertes en vies humaines ne sauraient laisser personne indifférent. La situation est des plus alarmantes. Ce d’autant plus que ce drame fait suite à toute une série d’autres. Cela fait maintenant des années qu’on enregistre ces drames en Méditerranée. Mais la situation a énormément empiré en ce début d’année 2015.

Les candidats à l’immigration perdent leur vie en essayant de l’améliorer

La Méditerranée est devenue un véritable cimetière à ciel ouvert. Les raisons de cette catastrophe sont bien entendu nombreuses. Il y a d’abord et avant tout la volonté des candidats à l’immigration de rejoindre à tout prix l’Europe pour espérer une meilleure vie. Dans ces conditions, ils se retrouvent à la merci de passeurs sans foi ni loi qui les abandonnent au moindre danger. En effet, ces passeurs de la mort n’hésitent pas à profiter de la fragilité de ces immigrants et à prendre le large en les abandonnant en pleine mer. Il y a ensuite l’abandon de l’opération italienne de surveillance et de sauvetage, Mare Nostrum, qui avait permis de sauver 200 mille vies en un peu plus d’un an d’existence. Il faut la rétablir. L’opération Triton qui l’a remplacée est un dispositif plus modeste de surveillance des frontières européennes, avec bien peu de moyens. Cette situation a incontestablement privé les candidats à la traversée de la Méditerranée, de bien des chances d’être sauvés quand les chalutiers qui les transportaient ont chaviré. Et c’est ce qui vaut à l’Europe d’être vertement critiquée par les humanitaires.

Une autre raison de ce drame et non des moindres est l’état de déliquescence avancé de l’Etat libyen. Il est notoire que la Libye, du temps du colonel Mouammar Kadhafi, jouait le rôle de nasse dans laquelle étaient pris les candidats à la traversée vers l’Europe. Des accords passés avec les Européens assuraient même au régime libyen, une certaine rémunération pour services rendus. Le Guide ne se faisait d’ailleurs pas prier pour se servir de son rôle dans la régulation de l’immigration clandestine vers l’Europe, comme d’un instrument de chantage vis-à-vis des Européens. Toujours est-il qu’il contenait bon an mal an, bien des tentatives clandestines de traverser la Méditerranée. Avec la chute du Guide et la chienlit qui s’est installée dans le pays, les côtes libyennes ne sont plus vraiment surveillées. Elles sont désormais devenues une vraie passoire. Ce qui constitue du pain béni pour les passeurs qui se livrent à cœur joie à leur jeu favori : le trafic d’êtres humains. Leur cupidité les pousse à mettre à l’eau des chalutiers de grande capacité comme le dernier en date qui mesure 20 mètres de long et a donc la capacité de prendre plus de migrants en une seule traversée.

A toutes ces raisons, s’ajoute le manque de perspectives qui pousse tant de jeunes à fuir leurs pays respectifs. Ces candidats à l’immigration espèrent améliorer leur vie de l’autre côté de l’océan. Pour eux, l’Europe constitue l’eldorado qu’il faut rejoindre à tout prix. Et comme ils ne peuvent pas satisfaire aux conditions drastiques de l’immigration légale, ils tentent leur  chance par la mer. Ils perdent ainsi leur vie en essayant de l’améliorer. Et cette réalité est d’une cruauté révoltante. En raison de la mauvaise gouvernance de leur pays d’origine, des hommes et des femmes en viennent à ne plus avoir le moindre espoir de réussir chez eux. La seule alternative devient l’immigration. Partir pour survivre, pour espérer devenir « quelqu’un ». L’équation devient ainsi simple pour eux : l’Europe ou la mort. Malheureusement, leur course se termine pour les plus chanceux, dans la désillusion sur fond de vie misérable en Europe et pour les malchanceux,  dans les entrailles de l’océan.

Le berceau de l’humanité ne peut pas faire l’économie d’une bonne sensibilisation de ses fils candidats à l’exil

On ne peut qu’être choqué  par tant de pertes en vies humaines. Face à une telle hécatombe, on ne saurait rester les bras croisés. Mais que faire ? La solution à cette équation ne va pas de soi. Le souverain pontife, le pape François, ainsi que le HCR et les ONG, n’ont pas manqué d’interpeller la communauté internationale et surtout l’Europe. Il l’invite à sortir de sa torpeur et à prendre ses responsabilités. Pour des raisons  morales, l’Europe s’organise en vue de trouver une meilleure réponse au problème de l’immigration clandestine. Les réunions de haut niveau des Européens sur le sujet permettront sans doute d’avoir des esquisses de solution. On aura peut-être une réponse à l’épineuse question du partage de la facture des opérations de surveillance et de sauvetage des migrants que l’Italie n’arrivait plus à supporter seule avec Mare Nostrum. Mais, l’Europe sera-t-elle en mesure de trouver une solution pérenne au fléau ? Il est certes   indispensable de sauver les candidats à l’immigration de la mort quand leurs embarcations chavirent, mais il serait davantage mieux de les aider à ne plus prendre le risque de la traversée de la Méditerranée. Cela passe certes par l’assouplissement des règles de l’immigration légale, mais aussi et surtout par une gouvernance vertueuse dans les pays de départ de ces migrants.

En ce qui la concerne, l’Afrique qui   forme le gros contingent de ces immigrants clandestins parmi lesquels des femmes et des enfants, doit se réveiller. Car, pendant que les Européens se battent pour trouver des solutions à ces drames, tout se passe comme si la question est étrangère à l’Afrique. L’Union africaine (UA) est, comme à sa triste habitude, atone et aphone. Il faut que les Africains rompent avec cette  politique de l’autruche. Il faudra regarder les problèmes en face et chercher des solutions adéquates. Le berceau de l’humanité ne peut pas faire l’économie d’une bonne sensibilisation de ses fils et filles candidats à l’exil. Certes, le niveau de vie en Europe est en général plus élevé qu’en Afrique, mais l’Europe est loin d’être l’eldorado dont rêvent bien des migrants. Le chômage et la crise économique la touchent également. Il faut informer et sensibiliser les jeunes Africains à ces réalités. L’amélioration de la gouvernance des pays africains avec à la clé un partage équitable des richesses est d’une absolue nécessité.   Si cela est bien acté, l’Afrique apportera une contribution substantielle aux problèmes de l’immigration clandestine et à ses corollaires.

« Le Pays »


Comments
  • Les APE que les africains ont signé avec l ‘UE otent toute perspectives aux africains. Ils seront encore plus nombreux a tenter leur chances puisque leurs dirigeants n’ont pas ete a l hauteur

    21 avril 2015

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