HomeOmbre et lumièreECHANGES PM ET SYNDICATS DES CHAUFFEURS : Le dernier mot de la levée de la grève illimitée revient à l’Assemblée générale

ECHANGES PM ET SYNDICATS DES CHAUFFEURS : Le dernier mot de la levée de la grève illimitée revient à l’Assemblée générale


 Suite à l’entame de leur grève illimitée, les membres du bureau de l’Union des chauffeurs routiers du Burkina (UCRB) ont été reçus dans l’après-midi du 9 août dernier par le Premier ministre Paul Kaba Thiéba. Une rencontre qui devrait normalement aboutir à la levée du mot d’ordre de grève. Même si les deux camps ont trouvé un compromis comme l’a relevé le Chef du gouvernement dans sa déclaration faite à la presse, les membres du bureau de l’URCB, eux, disent s’en tenir à la décision de la base. Ce qui veut dire que la grève sera maintenue en entendant le verdict de l’Assemblée générale. « C’est en Assemblée générale que tout doit se passer », a soutenu le porte-parole de l’UCRB, Olivier Ouédraogo. Lisez !

 

 Propos du Premier ministre, Paul Kaba Thiéba

 

« Nous avons trouvé un compromis, dans l’intérêt de la Nation, qui  permettrait à l’UCRB de travailler dans la sécurité et dans la sérénité. ( ..). Ce matin (NDLR : du 9 août), un nouveau mouvement  a été engagé, une grève illimitée, semble-t-il. Lorsque j’ai  appris cette nouvelle, il était utile que je puisse recevoir  les responsables syndicaux pour les écouter, afin de comprendre leurs revendications et les raisons qui les ont amenés à déclencher ce mouvement. Je voudrais saluer ici leur esprit patriotique, leur sens du devoir, leur sens de la responsabilité pour avoir accepté mon invitation. Les chauffeurs routiers jouent aussi un rôle très important dans l’économie nationale (…). Notre pays est enclavé et il est vital pour nous d’avoir un accès libre en tout temps aux ports des pays voisins, en l’occurrence la Côte d’ivoire, le Bénin et le Togo. C’est le travail quotidien de ces travailleurs inlassables et courageux qui permet aux Burkinabè de s’approvisionner  en carburant et tout ce dont nous avons besoin. Leur rôle est vital dans l’économie nationale. Il est  de ma responsabilité de mettre  tous les pouvoirs du gouvernement pour assurer les meilleures conditions possibles de travail pour les travailleurs de ce secteur. C’est pourquoi, lorsque nous avons appris que leur mouvement était dû, semble-t-il, à des propos tenus (NDLR : par le ministre Simon Compaoré), nous avons tenu à les rencontrer  pour leur faire savoir que tout cela est regrettable. C’est  du passé et en tant que chef du gouvernement, j’estime qu’il est important pour eux de prendre  en considération l’intérêt national et de regarder l’avenir, la construction du Burkina, la mise en œuvre réussie du PNDES. Tous ces mouvements de grève, tous ces débrayages ne sont qu’un recul par rapport à notre  objectif fondamental qui est de construire le Burkina, qui est de mettre en œuvre le PNDES pour sortir le pays de sa pauvreté. C’est pourquoi je les ai reçus. Je pense qu’il faut qu’on aille de l’avant (….), qu’on considère que ce qui s’est passé, c’est du passé et qu’on essaye de mettre en place un cadre de travail beaucoup plus serein (…). Le  rôle des Forces de sécurité, c’est d’assurer la sécurité des personnes et de leurs biens. Le rôle des Forces de sécurité, c’est d’assurer également la sécurité de ce secteur (NDLR : chauffeurs) qui a un apport extrêmement vital pour l’économie nationale (..). Notre  rôle est de faciliter leurs conditions de travail. Nous dévons absolument trouver un cadre de travail qui soit beaucoup plus favorable, un cadre de travail qui inspire la confiance, qui inspire naturellement le respect mutuel de manière à ce que chacun y trouve son compte. A l’issue des échanges que j’ai eus tout à l’heure avec le syndicat de l’Union nationale des chauffeurs routiers du Burkina, je voudrais lancer un appel solennel à la reprise du travail, à l’arrêt de ce  mouvement qui est nuisible, qui ne fait que faire reculer le Burkina. Notre pays a beaucoup souffert. Notre pays souffre beaucoup  de ces mouvements de grève. Il est temps que l’on puisse se ressaisir pour se consacrer à l’essentiel, pour la construction du Burkina Faso. Alors, c’est un appel que je leur lance : que le sens patriotique et l’intérêt national prévalent surtout, et que vraiment ce qui s’est passé reste le passé. Qu’on l’oublie et qu’on essaye de construire des relations beaucoup plus confiantes et solides ».

 

Propos recueillis par M. T.

 

 

Olivier Ouédraogo, porte-parole de l’UCRB

 

« Nous avons suivi votre  intervention qui a bien situé notre rôle en tant qu’acteurs du développement économique et social de notre pays. Nous n’en doutons pas un instant. Voilà pourquoi nous nous sommes résignés dans le dur labeur que nous pratiquons, pour effectivement faire en sorte que ce pays soit ravitaillé à tout moment. Et nous n’avons jamais failli à notre mission. Nous avons été confrontés, ces derniers temps, à des difficultés. Des difficultés qui existaient depuis la nuit des temps et que, au nom du dialogue social, nous avons essayé de porter à la connaissance des autorités. Parfois, nous avons été entendus. Parfois, on ne nous a pas écoutés. Mais, en tout cas, nous sommes restés sereins et nous avons toujours travaillé en tant que fils de ce pays pour aller effectivement à des conclusions qui puissent faire grandir notre Nation. Nous avons  été désolés d’entendre effectivement certains propos pas directement à notre endroit, mais certains propos qui ont été tenus et qui ne nous rassurent plus. Ce qui ne nous rassure pas du tout, c’est que ces propos ont été tenus par le ministre d’Etat,  ministre de la  Sécurité, suite à ce qui s’est  passé entre nous et les forces de défense et de sécurité alors que nous sommes de la même famille et devons travailler ensemble. Comment comprendre que des enfants d’une même famille se bagarrent et qu’on arrive et prenne parti ? En tant qu’homme qui doit effectivement appeler toutes les parties à la retenue, on prend parti pour un groupe au détriment des autres. Soit nous sommes des citoyens de ce pays, soit nous ne le sommes pas. Mais  ce que vous venez de nous dire, nous rassure. Cela nous rassure que l’œuvre d’un  homme (NDLR : un ministre) n’est pas celle de l’ensemble du gouvernement. Cela nous rassure également que le gouvernement est toujours ouvert au dialogue et aux préoccupations des couches laborieuses de ce pays, notamment les conducteurs et les chauffeurs routiers. De ce fait, soyez en rassuré, nous avons écouté ce que vous avez dit. Nous allons repartir à la base. Nous allons traduire fidèlement votre parole et nous allons demander aux camarades, au nom de l’intérêt supérieur de notre peuple, de voir ce qu’ils peuvent faire au niveau de ce mouvement. Vous avez demandé à ce que cela soit fait avec célérité. Nous allons le faire dans les délais les plus raisonnables et les plus rapides qui sont à notre disposition. Car, vous êtes sans ignorer que la lutte que nous avons engagée ce matin, est une lutte très difficile et pour qu’il n’y ait pas de débordements, beaucoup des membres du bureau ont  été dépêchés dans les provinces pour essayer d’éviter qu’il y ait des débordements et des affrontements avec les forces de défense et de sécurité. Nous allons demander qu’ils rentrent  tous pour que nous tenions l’Assemblée générale le plus rapidement possible (…). Mais comme on l’a dit, c’est en Assemblée générale que tout doit se passer (…). Nous pouvons compter sur des lendemains qui chantent plutôt que du présent qui ne fait pas l’affaire de nous tous. Excellence, soyez en rassuré, nous avons entendu votre message. Il sera fidèlement traduit ».

 

Propos recueillis par M. T.

 

 

 


Comments
  • Les populations du Burkina doivent vite se mobiliser contre les dérives anarchistes que les chauffeurs routiers tentent d’imposer dans le pays. Ils sont libres de faire des grèves mais, ils n’ont aucun droit d’empêcher les autres qui veulent continuer de mener librement leurs activités, sans se mêler à leurs intrigues politiciennes aberrantes. Tous les chauffeurs identifiés qui ont empêché des cars de voyager sur l’axe Bobo-Banfora-Côte d’Ivoire, doivent être interpellés pour leur signifier les règles du droit de grève. Les forces de sécurité doivent à l’avenir se munir d’appareils qui permettent de détecter le taux d’alcool chez les chauffeurs. Car, les accidents dramatiques et le mauvais comportement de nombreux chauffeurs pourraient être dus à la consommation excessive de stupéfiants ou d’alcool. Les propriétaires de camions et cars de transport doivent éviter d’embaucher des jeunes délinquants notoires comme chauffeurs. Les sanctions contre les accidents meurtriers de véhicules doivent être rigoureuses non seulement pour les chauffeurs mais aussi pour les propriétaires.

    10 août 2017

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