HomeA la uneECHAUFFOUREES ENTRE ELEVES ET MILITAIRES A BOUSSE : Retour sur les faits

ECHAUFFOUREES ENTRE ELEVES ET MILITAIRES A BOUSSE : Retour sur les faits


Le jeudi  18 janvier dans la matinée, les différents délégués généraux des établissements de Boussé ont convoqué la presse locale pour donner un certain nombre d’informations sur les  événements qui ont secoué  la ville de Boussé le mardi 16 janvier. Ce jour-là, un détachement militaire, en partance pour  le Nord du pays, est tombé dans la manifestation des élèves de la commune de Boussé à l’entrée de la ville  en venant de Ouagadougou, juste sur le pont du barrage. Les choses ont débordé avec les conséquences que l’on sait : un blessé par balle  à la jambe droite pour un élève  de la classe de 3e du  lycée privé  Nephtali. Kafando  Soumaila, c’est son nom,  habite le village voisin,   Raogo.

Le mardi 16 janvier,  quand nous sommes allé  sur les lieux de la manifestation au pont du barrage de Boussé, deuxième jour de la grève des élèves,  comme d’habitude pour suivre les négociations des personnes-ressources de Boussé avec les élèves,  nous avons pris nos jambes au cou. Il était environ 11h et c’était une véritable débandade. Pourquoi ? Explications des faits ! Des militaires en partance pour le Nord-Mali sont tombés dans la manifestation des élèves. Des tirs de sommation en l’air ont été entendus ; certainement pour disperser les élèves. Les élèves, de part et d’autres du goudron, se mettent à jeter des pierres et les militaires essaient de les contenir en tirant en l’air. La route est bondée de véhicules. Quand les militaires ouvrent la voie, tous les véhicules stationnés, de gauche à droite, se mettent « en marche ». Histoire de profiter des militaires pour « fuir » avant que les élèves ne reviennent à la charge.  Tout d’un coup, après le dernier carrefour  de la ville, sur la  route de Yako, un cri strident se fait entendre. Un jeune élève est atteint  au pied droit par balle. Pour le reste, ce sont les élèves qui racontent leur version des faits.

 «Le jour de notre grève, nous étions sur le goudron quand les militaires sont arrivés et en tant que délégués, nous sommes allés à la  rencontre  des militaires les mains en l’air  et nous n’avons même pas pu  les approcher que beaucoup   sont descendus des véhicules   et ont commencé à arracher les branches des arbres comme fouets  et enlever leurs ceintures en se dirigeant vers les élèves. Les élèves se sont dispersés avant de revenir à la charge pour savoir pourquoi les militaires les chargent. Au lieu de nous écouter, ils nous frappaient et tiraient partout. Donc,  nous avons décidé de leur montrer notre mécontentement en les poursuivant. Et c’est, jusqu’au niveau du siège de l’ONEA  de Boussé,  au croisement de la route de Nanoro,  qu’une balle a atteint un camarade au pied. Les militaires ont emmené avec eux un de nos camarades après l’avoir bastonné. C’est  à Yako dans le Passoré qu’ils  l’ont  abandonné et c’est la gendarmerie de Boussé qui a pu le  ramener. Nous disons et nous répétons que  s’il y avait eu concertation, tout cela ne serait pas arrivé car nous, élèves, nous sommes conscients du rôle de l’armée dans une république et dans un Etat de droit. Nous  savons  aussi à l’avance qu’ils partaient en mission pour la sécurité du pays, donc pour notre sécurité à tous.   Mais nous avons été incompris par ces derniers. Après ces faits, chacun devrait prendre ses responsabilités et tirer toutes les conséquences,  plutôt que de rejeter l’anathème sur les élèves qui n’y sont pour rien». C’est Mahamadi Belemwoudigou, délégué du lycée Dimdolobsom, qui nous raconte l’histoire.

Des nouvelles du blessé ?

Ferdinand Zongo, lui aussi élève,  donne des nouvelles du camarade blessé. « Nous savons que notre camarade est admis à l’hôpital Blaise Compaoré ; son grand frère nous a rassurés que tout va bien. Mais nous sommes allés voir les autorités de la province  pour qu’elles nous  donnent un moyen de déplacement afin que les DG des établissements aillent s’enquérir de la santé  de notre camarade. Nous avons appris  aussi que depuis Ouagadougou,  le ministre de la Sécurité est allé lui rendre visite à l’hôpital.  Tout ça  c’est bien et nous ne sommes contre personne, nous voulons seulement des conditions minimum pour notre éducation ». Dans la journée d’hier, les classes sont restées fermées à cause d’une incompréhension entre les élèves et le maire à propos d’un communiqué. Mais dans la soirée, une solution a été trouvée et les esprits se sont calmés dans la cité de Boussé.

Il faut noter que depuis le 1er jour de la grève des élèves,  le lundi 15 janvier, le haut-commissaire, Orokiya Onadja/Barro, a entrepris, en synergie d’actions avec la sécurité et les personnes- ressources de Boussé,  une série  de négociations avec les élèves  pour  que des solutions judicieuses soit trouvées. Aussi,  après l’évènement malheureux avec les militaires,  le haut-commissaire, la sécurité et les personnes-ressources se sont rendus au chevet de l’élève blessé et admis au  CMA  de Boussé.  Le lendemain, une délégation de l’Administration est allée  à Raogo, village du département de Arbollé où vivent les parents de l’élève  afin de les  assister.

Ousmane BENGYENDE

(Correspondant)


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    19 janvier 2018

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