HomeOmbre et lumièreEDUCATION AU BURKINA : En finir avec la pagaille

EDUCATION AU BURKINA : En finir avec la pagaille


C’est un euphémisme que de dire que le système éducatif du Burkina va mal. Pour coller plus à la réalité, l’on devrait plutôt dire qu’il est agonisant. L’on peut aussi affirmer sans courir le risque de faire dans l’exagération, que c’est par abus de langage que l’on utilise le mot « système ». Car, un système par définition est un ensemble d’éléments dont l’agencement harmonieux permet l’atteinte de finalités et de buts. Au Burkina, on ne peut pas en dire autant du système éducatif. Cela peut se constater d’abord au plan institutionnel. En effet, on dénombre au pays des Hommes intègres, 3 ministères voire 4 qui ont en charge la gestion du système éducatif et ce, de manière cloisonnée. De par le passé, c’est le ministère de l’Education nationale seul qui pilotait les choses et notre système éducatif était cité en exemple dans la sous-région. Aujourd’hui, l’on peut avoir l’impression qu’on a créé plusieurs ministères pour s’occuper du système éducatif, non pas pour viser l’efficacité, mais pour contenter des amis. La conséquence de cette inflation de ministères en charge de l’Education est que le système est tiré vers le bas. Les illustrations de cette dégradation qui va crescendo foisonnent. L’on peut s’arrêter sur l’enseignement de base qui regroupe aujourd’hui le préscolaire, le primaire et le post-primaire, pour étayer ce point de vue. A ce niveau, l’on peut pointer du doigt, en premier lieu, un manque de planification des besoins en rapport avec l’évolution démographique. Le résultat de cela est que ce n’est pas demain la veille que certains problèmes pourront trouver solution. Nos salles de classe par exemple sont devenues de véritables « camps de concentration ». Dans bien des localités, l’on peut dénombrer dans certaines classes, plus de 150 élèves. Dans le meilleur des cas, ces salles sont construites en matériau définitif. Dans le pire des cas, ce sont des paillottes montées dans la précipitation, qui font office de salles de classe. Que l’on n’aille surtout pas brandir le sempiternel manque de ressources pour justifier cela.

L’on peut avoir l’impression que l’Etat a jeté l’éponge

Car, dans le même temps, l’on assiste à des détournements impunis en termes de milliards de F CFA. A ce problème de déficit d’infrastructures s’ajoutent d’autres problèmes dont les principaux sont les suivants : les affectations des élèves admis à l’entrée en 6e, dans des établissements très éloignés de leurs lieux d’habitation. Certains parents, face à cette situation, sont obligés d’inscrire leurs enfants dans des structures privées, géographiquement plus proches de leur zone de résidence. Et chaque année, des parents d’élèves assistent, impuissants, à ce genre d’affectations. Il aurait fallu, pour réduire ce problème, que l’Etat créât dans les secteurs périphériques des grandes villes, des établissements publics dignes de ce nom, susceptibles d’accueillir sans encombre les admis de l’entrée en 6e. Mais le malheur est que les espaces qui avaient été prévus pour cela dans les plans de lotissement, ont été parcellés par des maires peu scrupuleux de l’intérêt général, et affectés à d’autres

usages. L’on peut aussi évoquer au titre de cette sorte de pagaille organisée, la question des associations des parents d’élèves. Celles-ci, conçues pour aider à l’amélioration de la vie scolaire, sont devenues au vu et au su de tout le monde, de véritables cavernes d’Ali Baba. L’on peut enfin pointer du doigt dans la dégradation du système éducatif, la problématique de la formation des enseignants. De par le passé, ceux-ci étaient formés dans des écoles normales publiques. On y accédait par voie de concours pour 2 ans. Aujourd’hui, à la faveur du boom des instituts privés de formation des maîtres, le seul critère exigé pour y être inscrit est le BEPC (Brevet d’études du premier cycle). Si certains produits de ce genre d’écoles sont de qualité, d’autres, franchement, laissent à désirer. Et c’est le développement du pays qui va en prendre un coup à long terme. Face à toutes ces plaies béantes de notre système éducatif, l’on peut avoir l’impression que l’Etat dont l’une des fonctions régaliennes est d’assurer une Education de qualité pour tous, a jeté l’éponge pour faire porter le fardeau aux bailleurs de fonds étrangers. Malheureusement, ces derniers, dans bien des cas, débarquent avec des projets éducatifs conçus pour la consommation des pays du tiers-monde. Le dénominateur commun de ces projets semble être le nivellement par le bas. Si l’on observe bien le continuum éducatif en vigueur au Burkina, l’on peut être tenté de dire que dans certains de ses aspects, cette réforme entre dans ce paradigme. Pour toutes ces raisons, l’on peut avoir envie, à propos de l’Education au Burkina, de crier haro sur le baudet en disant : il faut en finir avec la pagaille.

Sidzabda


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