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ELECTION DE MUGABE ET PROJET DE CREATION D’UNE COUR AFRICAINE DE JUSTICE : La démocratie en deuil


Le président Robert Mugabé tient sa chose. Le 24e sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine (UA), qui vient de s’achever, lui a confié les rênes de l’organisation continentale. Mugabé est donc président en exercice de l’UA pour une année. Ce n’était pourtant pas gagné d’avance. Car, certaines voix se sont élevées avant le sommet, pour tenter d’éloigner cette probabilité, de conjurer ce choix. Les Occidentaux, surtout, disaient ne pas être disposés à participer à un sommet à Hararé, une manière déguisée pour eux, d’exprimer leur réprobation d’une présidence Mugabé de l’UA. Mais les chefs d’Etat africains ont refusé de se laisser dicter leur conduite sur ce dossier. Ils seront restés maîtres du jeu. Et ce n’est pas le vieux Bob qui s’en plaindra. Bien au contraire

Mugabé est, lui-même, un antidémocrate irréductible

Le tout nouveau président en exercice de l’UA n’a pas mis du temps pour endosser sa nouvelle camisole. Anticolonialiste pur sang, le président zimbabwéen l’a fait remarquer, une fois de plus, lors de ce sommet. Il a relevé par exemple la nécessité pour le continent, de travailler à sortir de sa dépendance financière vis-à-vis des étrangers. Bien entendu, Mugabé vise ainsi les Occidentaux. Il est évident que l’Afrique a besoin de rompre le cordon ombilical qui la rend dépendante, dans bien des domaines, de l’Occident. Et on peut se réjouir que le nouveau président en exercice de l’UA en fasse son cheval de bataille. Mais, il faut espérer que cela ne serve pas de prétexte pour verser dans une sorte d’isolationnisme du continent, de défiance inutile vis-à-vis des Occidentaux. En effet, l’Afrique aux Africains  est a priori un bon credo. Mais il ne servirait pas les intérêts des peuples africains si ce slogan visait uniquement, in fine, à renforcer les assises des tripatouilleurs de Constitutions et autres dictateurs qui essaiment le continent.

Avec Mugabé comme capitaine d’un navire battant pavillon d’une « Afrique impétueuse », le show sera garanti. Les diatribes contre les Occidentaux, la rhétorique anticolonialiste seront de mise. Il faut compter sur le vieux Bob pour cela. En grand héros de l’indépendance de son pays, il ne se fera pas prier pour tancer l’Occident, coupable à ses yeux, d’avoir occupé et pillé le continent. Ce qui, toutes proportions gardées, est juste. Seulement, il y a que certains de ses pairs risquent fort d’être dans leurs petits souliers, face à certaines prises de position du vieux Bob.

Il faudra, en effet, craindre pour les règles de bienséance diplomatique. Mais, ce qui est le plus inquiétant, c’est le fait que Mugabé est, lui-même, un antidémocrate irréductible. Au pouvoir depuis 35 ans dans son pays, le président en exercice de l’UA n’est pas de ceux qui font de l’alternance, une vertu cardinale.

Et ce n’est pas le projet de création d’une Cour africaine de justice qui va rassurer de l’amélioration prochaine de la gouvernance en Afrique. En effet, ce projet évoqué lors de ce 24e sommet de l’UA, traduit la volonté des chefs d’Etat africains de contrer la Cour pénale internationale (CPI), de s’affranchir de ses contraintes. L’aversion des chefs d’Etat du continent, pour cette Cour, étant notoire.

Il est vrai que la CPI, elle-même, n’est pas sans reproches. Elle n’arrive pas à inquiéter les puissants de ce monde et les Africains sont le plus souvent ses « clients ». Aussi donne-t-elle la fâcheuse impression, dans certains cas, que les poursuites qu’elle engage sont sélectives.  Il est vrai que sa relative soumission aux desiderata des membres du Conseil de sécurité des Nations unies et l’insuffisance de ses moyens, achèvent de handicaper lourdement cette juridiction.

Cela dit, la CPI reste d’un secours inestimable pour populations africaines opprimées, martyrisées. En Afrique, par exemple, sa simple crainte tempère les ardeurs des princes régnants qui seraient tentés de réprimer dans le sang. En d’autres termes, elle trouble le sommeil de ces dictateurs.

Ce projet de Cour africaine de justice dérive, en réalité, d’une volonté des chefs d’Etat africains, de saborder l’action de la CPI.  Ils caressent le rêve d’avoir une Cour qui servirait leurs intérêts et qui leur garantirait l’impunité. Car, c’est un truisme de dire que les juridictions, sur le continent africain, ne fonctionnent pas comme il se doit.

Les satrapes du continent ne pouvaient pas mieux rêver

Elles ne bénéficient pas des moyens et de toute l’indépendance nécessaires à leur travail. Et c’est à ce niveau que se trouve le véritable problème. Comme on le sait, la CPI est une juridiction supplétive. Elle n’intervient que lorsque la justice interne d’un Etat, les éléments de compétence matérielle étant réunies, se montre incapable de juger, pour une raison ou pour une autre.

Si les juridictions internes des Etats africains fonctionnaient correctement, la CPI aurait probablement moins de matière. Les chefs d’Etat africains veulent en réalité une Cour de justice à l’image de leurs juridictions internes : sans moyens et sans indépendance réelle. Du reste, on se demande bien où ils trouveront les ressources financières surtout, pour faire fonctionner une Cour de justice de plus. Il aurait été probablement plus judicieux de relire les textes de la Cour africaine des droits de l’Homme, pour qu’elle puisse prendre en charge le travail attendu de cette nouvelle juridiction. En tout état de cause, cette inflation institutionnelle en Afrique, qui jure avec l’inefficacité des institutions créées, prouve qu’il y a problème.

Ce n’est pas le nombre de juridictions africaines qui fera l’efficacité de la justice en Afrique. Mais le sérieux et le sens des responsabilités de tous les acteurs, à commencer par les premiers magistrats des différents pays. Or, c’est ce qui manque à l’Afrique. Bien des dirigeants se disent démocrates, juste pour paraître et bénéficier des ressources allouées par les partenaires extérieurs. Au fond d’eux-mêmes, ils vouent une haine viscérale à la démocratie. Ce projet de création d’une Cour africaine de justice, dans l’optique de contourner la CPI, ainsi que la présidence Mugabé de l’UA,  sont de mauvais signes pour la démocratie et la justice sur le continent. Les chefs d’Etat africains voudraient passer les questions de démocratie et de bonne gouvernance par pertes et profits, qu’ils ne s’y prendraient pas autrement. Les dictateurs et autres tripatouilleurs de Constitutions en Afrique peuvent maintenant se frotter les mains. Pour eux, il y a de quoi dormir tranquilles, au moins  le temps du bail du vieux Bob à la présidence de l’UA. Les perspectives sont alléchantes pour eux : l’impunité avec une justice aux ordres ou sans moyen d’agir et, cerise sur le gâteau, un porte-voix des plus emblématiques et des plus redoutables en la personne de Robert Mugabé. Les satrapes du continent ne pouvaient pas mieux rêver. Pour les populations africaines, c’est foutu : la démocratie est en deuil.

« Le Pays »


Comments
  • felicitations a Mugabe. je vous conseil de lire “weep not child” de James Ngugi et “The mourned one” de Stanlake Samkange pour mieux saisir ce que R. Mugabe a fait comme combat pour l’Afrique.
    Il est simplement victime de la contre-publicite occidentale pour le renvoi des fermiers blancs. il ne faut pas que les Africains se laissent prendre au piege de l’occident en jetant l’oprobe sur ce vaillant fils d’Afrique.

    2 février 2015
  • Maman AFRICA comme toutes les mamans du monde, a eu le malheur d’accoucher des ses entrailles des fils indignes d’elle; des fils qui contre son gré ne l’honnorent pas;
    des fils qui livrent leurs propres freres aux occidentaux blancs;
    des fils qui ne sont que l’opprobre pour MAMAN AFRICA;
    des fils qui ne connaissent que la trahison de leurs freres qu’ils peuvent uer pour servir des maîtres blancs;
    quels fils sont -ils ceux-là?
    Si comme toutes les mères qui ne pouvaient pas soupsonner que ce qu’elles vont allaiter à leur sein seront leur risée, comme toute mère qui ignore ce que un de ses fils va incarner comme trahison, si elle pouvait se le representer plutot, elle ne donnerait pas naissance à ces APATRIDES de l’Afrique qui n’ont pour dessein que de livrer leurs propres freres à leurs maîtres. Je vais citer que quelques exemples à la bonne mémoire des africains; Patrice Lumunba (Zaîre), Sylanius Olympio (Togo), Marien Ngouaby ( Congo Brazzaville), Thomas Sankara çBurkina Faso); Mouhamar Kadafi (Lybie), et la liste est si longue que à quand la fin de cette trahison des fils d’Afrique vis-à-vis de leurs freres de sang pour des maîtres blancs?

    2 février 2015
  • Il faut revisiter ton vocabulaire en parlant du vieux Mugabe que tu qualifies d’ANTIDEMOCRATE irréductible;
    tes connaissances sur Mugabe et du simple mot démocratie sont si basses ! ! !
    Je veux humblemeent te rappeler que la DEMOCRATIE, c’est une chanson que françois mitterand à demander aux vassaux chefs d’états de chanter comme un refrain, s’ils tenaient à ce qu’ils bénéficient de prétendues aides de la part de l’occident, et ceci depuis le sommet de la baule après sa déclaration de Cancun au Mexique (je rappelles ici également la contradiction à relever entre la déclaration de Cancun et ses pratiques vis-à-vis de l’Afrique).
    Si nous te demandions de chanter moins un refrain, de faire le perroquet avec un mot (démocratie) et cela dans une langue que tu ne maîtrise que si peu ! ! La langue de ton maître oppresseur; la langue pour laquelle l’on t’as fouetté le derrière pour que tu l’apprennes au détriment de ta langue maternelle! que Dieu !! !
    Du reste pour conclure, ta démocratie, gardes la pour toi et pour tes maîtres blancs qui te l’ont enseigné et qui t’ont appris à les répéter à longueur de journée. C’est quand même incroyable de la part des africains de faire la preuve d’une si grande aliénation jusqu’à nos jours.
    Est de la drogue que les occidentaux nous ont servi pour nous handicaper de briser nos entraves dans lesquelles ils nous tiennent si solidement pour que nous nous y maintenions autant?
    Un bon africain ne devrait pas entonner la démocratie à la suite des blancs.
    Pour preuve, je défie plus d’une personne (mes frères africains de dire correctement dans leur langue maternelle ce que la démocratie). S’ils trouvent un terme propre, dans notre langage d’africain, je l’en félicite; je dis humblement parce que ne pouvant pas connaître le secret de toutes nos langues africaines tant DIEU nous a donné une grande diversité, une richesse inouïe!
    Ceci est pour dire en somme que nous ne devons pas emboucher les clairons et les trompettes occidentales pour nous mêmes; cela est un suivisme impropre, inapproprié, pas convenable; nous avons notre voie à rechercher et à déterminer; elle est bien différente à la voie occidentale pour ceux qui veulent avoir la clairvoyance de la retrouver.
    Chaque africain qui se lève aujourd’hui devrait faire le souhait, le vœux de tirer l’Afrique de sa torpeur; et la génération que nous sommes, devrait elle, semer les graines de la pleine prise de conscience afin que DEMAIN, le DEMAIN des anciens (quand le vieux en Afrique vous disent DEMAIN, c’est très chargé de symbole), que le futur soit rayonnant, que notre postérité connaisse enfin la paix.
    MUGABE vient à point nommé; ce n’est par hasard, car bon Dieu sait ce qu’il fait et c’est le contexte qui nous le démontre que cela devait arriver maintenant afin que une ère nouvelle, un ordre nouveau soit engagé pour l’Afrique et tous les africains par les africains.

    2 février 2015
    • M. Sanou, vous qui comprenez bien français, ayez au moins le réflexe de vous relire. Vous nous éviterez bien des âneries! On peut bien défendre son point de vue sans insulter. Un constat: votre maîtrise de la langue et votre sens de l’esprit critique sont à des années lumières de cet éditorialiste qu’on a plaisir à lire dans les colonnes de l’un de nos quotidiens préférés. Et un peu de sagesse ne vous aurait pas été de trop. Cela vous aurait aider à comprendre que ce genre d’édito, un journaliste ne l’écrit pas comme bon lui semble. C’est la position du journal d’abord et avant tout.
      C’est ça aussi la liberté d’expression pour certains. La violence qui transparaît dans votre post donne une idée de votre personnalité. Le journal a dit ce qu’il pense. Et il le dira sûrement à chacune de ses parutions. Faîtes de même sans animosité. Certainement que “Le Pays” ne se laissera pas divertir par pareille diarrhée verbale. Prompt rétablissement à vous!
      Un conseil, vous vous ferez certainement un bien fou en n’écrivant que lorsque vous êtes lucide. Tchiao!

      12 mars 2015
  • Ce n’est pas le hasard que MUGABE soit désigné à la tête de l’UA; même au terme de sa vie, Dieu aura voulu qu’il en est la charge, et je souhaite que Dieu lui donne autant les énergies nécessaires pour remplir dignement son mandat; que DIEU nous assiste AMEN! !
    Le plus pressant appel que je puisse lancer est que : tout africain digne de ce nom, déploie toutes les forces et les énergies qui peuvent être à se dispositions pour contribuer à ce que MUGABE réussisse lui et avec les africains enfin épris de paix, le changement qui est amorcé pour l’Afrique. La mission confiée est celle de nous tous africains qui auront compris pourquoi ce choix.
    Sachez que pour qu’un VETERAN de 91 ans gagne, il doit être porté à bout de bras par tous les fils dignes de ce nom, les dignes fils qui ont la conviction de la mission confiée à leurs PAPY.
    Du courage PAPY MUGABE nous sommes derrière toi.
    PAPY a du courage et montre la voie à suivre, mais que toute la jeunesse africaine lui donne la fore de sa pleine JEUNESSE CONSCIENTE, car, ce n’est pas le courage qui manque à PAPY de dire NON aux occidentaux ! ! Mais il a besoin de la force de cette JEUNESSE CONSCIENTE pour nous montrer la VOIE du salut.

    2 février 2015
  • Trés fier d la dejiation d mugabe

    24 février 2015
  • On ne peut pas réveiller quelqu’un qui ne dort pas et quelqu’un qui est ignorant font deux choses mais produisent les mêmes effets. Le pays est un quotidien que j’ai toujours admiré mais pour cet éditorial, il est passé à côté. Il faut le dire haut et fort, le premier ennemi de l’Afrique, c’est l’Africain lui même. Toujours prêt comme au temps de l’esclavage à pousser son frère pour l’ennemi en face. Réveillez vous ou que vous soyez, ne pensez pas seulement au quotidien mais surtout à demain. Le vieux est un combattant, malheureusement il emportera avec lui ses convictions. Dommage
    Merci

    23 mars 2015

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