HomeA la uneELECTION DE LA RDC AU CONSEIL DES DROITS DE L’HOMME DE L’ONU : De qui se moque-t-on ?  

ELECTION DE LA RDC AU CONSEIL DES DROITS DE L’HOMME DE L’ONU : De qui se moque-t-on ?  


« Je suis un pays prédateur des droits de l’Homme connu de tous. Mais je viens, à la surprise générale, d’être élu membre du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU pour un mandat de deux ans. Qui suis-je ? ». Cette devinette, si l’on devrait la soumettre à un élève bien au fait de l’actualité africaine, il répondrait sans aucun risque de se tromper qu’il s’agit de la République démocratique du Congo (RDC) de Joseph Kabila. Car, c’est ce pays-là qui, envers et contre tous, siègera aux côtés du Sénégal, du Nigeria et de l’Angola au sein de l’instance onusiennes chargée des droits de l’Homme dont les rapports, de par leur violence, ont permis de mettre à nu certains travers. La consternation  est d’autant plus grande que la RDC qui ne demandait que le soutien de 97 pays, a obtenu 151 voix, et ce au moment même où sont en cours deux enquêtes aux fins de faire la lumière sur les violences au Kasaï, sans compter les nombreux autres crimes politiques commis par le régime de Joseph Kabila. Franchement, comme on aime à le dire, la diplomatie a ses raisons que la raison elle-même ignore. Peut-être même que d’aucuns diront, à juste titre d’ailleurs, que les Etats ont des intérêts que ne peuvent jamais connaître les victimes des violences politiques. Et c’est peu dire ! Et la RDC constitue là un cas assez illustratif. Car, comment comprendre qu’un pays où ont été découvertes des dizaines de fosses communes, et où de nombreuses personnes ont perdu la vie du fait de la boulimie du pouvoir du prince régnant, soit admis au sein d’un organe respectable comme le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU ?

Le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU n’est ni plus  ni moins qu’une coquille vide

La communauté internationale voudrait encourager les dirigeants RD congolais dans leur folie répressive qu’elle ne s’y prendrait pas autrement. C’est le moins que l’on puisse dire. De qui se moque-t-on ? C’est la question que l’on est en droit de se poser, quand on sait que naguère seulement, le même Conseil des droits de l’Homme attirait l’attention de tous sur les risques de basculement en RDC  où, d’Est en Ouest et du Nord au Sud, sont récurrentes les violences en tous genres. C’est, du reste, pour cette raison que Human Rights Watch n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour qualifier l’entrée de la RDC au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU comme « une gifle pour les nombreuses victimes des violations graves des droits de l’Homme ». Mais cela n’a rien d’étonnant, quand on sait que le Burundi de Pierre Nkurunziza, même à feu et à sang, y siège également aux côtés d’un autre médiocre élève qu’est l’Arabie Saoudite. Autant dire donc que le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU n’est ni plus  ni moins qu’une coquille vide, dans la mesure où peut y entrer n’importe quel pays, y compris même les pestiférés. Quelle vaste hypocrisie ? En tout cas, l’ONU, pour tout dire, donne l’impression d’avoir pris fait et cause pour les bourreaux au détriment des victimes et de leurs familles respectives qui, de surprise lasses, ne savent plus à quelle instance se vouer. Ainsi va la vie. C’est pourquoi, pour paraphraser l’ancien président français, François Mitterrand, on dira que les « pays n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts ».

 

Boundi OUOBA


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