HomeA la uneELECTIONS GENERALES AU NIGER : « Nous sommes sereins », dixit Malam Ari Boubacar (Rapporteur de la Direction nationale de campagne du MNSD-Nassara)

ELECTIONS GENERALES AU NIGER : « Nous sommes sereins », dixit Malam Ari Boubacar (Rapporteur de la Direction nationale de campagne du MNSD-Nassara)


Malam Ari Boubacar est le rapporteur de la Direction nationale de campagne du Mouvement national pour une société de développement (MNSD)-Nassara, de l’actuel chef de file de l’opposition, Seyni Oumarou. Le MNSD est l’ancien parti unique du Niger. Il était dirigé par Mamadou Tandja jusqu’au 21 décembre 2001 (à ce jour, il en est le président d’honneur), puis par Hama Amadou. Après le coup d’Etat de 2010, lors de l’élection présidentielle de 2011, le candidat du MNSD, Seyni Oumarou, perd au second tour face à Mahamadou Issoufou, et le parti qui perd aussi les élections législatives, passe dans l’opposition.

Comment le parti MNSD-Nassara aborde-t-il cette campagne électorale ?

Au MNSD- Nassara, nous sommes sereins. Le président du parti, candidat à la présidence du 21 février prochain, El hadj Seyni Oumarou, a entamé une tournée à l’intérieur du pays depuis le 31 janvier dernier. Il a parcouru, à ce jour, six régions et se trouve en ce moment (l’interview a été réalisée le 16 février à la Direction nationale de campagne du parti) dans la région de Maradi où il bouclera la campagne, inch’allah, le 19 février prochain. Le président a parcouru villes et villages. Tout cela nous fait dire que le MNSD-Nassara reste le « Grand Baobab ». Un parti dans lequel toutes les composantes de la nation nigérienne se retrouvent.

De quels moyens votre parti dispose-t-il pour battre la campagne ?

Nous sommes un parti organisé. Le bureau politique a déployé ses moyens. Etant donné que c’est une présidentielle couplée à des législatives, nous avons des candidats dans toutes les régions, ainsi que dans la diaspora. Tout le monde s’investit pour le succès de la campagne.

Quelles sont les difficultés que votre parti rencontre sur le terrain, dans le cadre de la campagne électorale ?

On a face à nous, un pouvoir prêt à utiliser tous les moyens pour arriver à ses fins. J’en veux pour preuve, l’instrumentalisation de la chefferie traditionnelle. Quand elle est invitée par le parti au pouvoir, à mobiliser des populations pour des meetings, pour accueillir leurs candidats, que ce soit pour la présidentielle ou pour les législatives, il y a problème. Il n’y en aurait pas si les Nigériens se déplaçaient d’eux-mêmes et sans contrainte. On ne doit pas appeler des enseignants à rassembler des élèves pour accueillir des autorités.

Quel est votre thème de campagne et pourquoi avoir choisi ce thème ?

Le thème de campagne du parti, c’est « Tous ensemble pour un Niger d’espérance ». D’abord, «Tous ensemble » parce que nous constatons que le sport favori des dirigeants actuels a été, jusque-là, la division. Des partis politiques dont le nôtre, en ont été victimes. Durant trois ans, nous n’avons connu que des démêlées judiciaires. Ensuite, « Un Niger d’espérance » parce que nombre de Nigériens sont aujourd’hui désabusés. Des gens s’étant revêtus du manteau du socialisme n’ont pas pu, jusqu’à ce jour, trouver des solutions aux problèmes des populations du monde rural par exemple.

« On a même entendu des membres du gouvernement, et non des moindres, clamer que ceux qui ne sont pas avec eux sont leurs ennemis »

Y a-t-il lieu de parler de divisions quand on est sur le terrain de la justice ?

II y a bel et bien eu des tentatives de dislocations de partis dans l’intention d’installer la pensée unique. De 2013 à 2015, le MNSD-Nassara a connu bien des procès. Et cela a été le cas pour bien d’autres partis politiques.

Mais il faut bien que force reste à la loi, le Niger étant censé être un Etat de droit…

Je n’en disconviens pas. Mais la non-appartenance à tel ou tel parti politique, ne doit pas signifier qu’on est ennemis. On a même entendu des membres du gouvernement, et non des moindres, clamer que ceux qui ne sont pas avec eux sont leurs ennemis, y compris dans le milieu de la presse.

Adversaires politiques ou ennemis ?

Ennemis ; c’est le terme utilisé. Cela dit, nous faisons aujourd’hui le constat qu’au Niger, il y a d’un côté, une poignée de gens qui se sont enrichis sur le dos de l’Etat. Qui ont pensé à eux-mêmes et à leurs progénitures. Et d’un autre côté, une écrasante majorité de la population qui croupit dans la misère. Pour preuve, ces dernières années, le Niger a été classé dernier du point de vue de l’Indice de développement humain (IDH).

Mais le pays a connu des avancées en matière de lutte contre la corruption. Dans le dernier classement 2015 de l’Indice sur la corruption (élaboré par l’ONG internationale Transparency International), le Niger est passé en effet, de 2014 à 2015, de la 103e place à la 99e place (sur 168 pays classés).

Demandez aux Nigériens ce qui se passe aujourd’hui. Observez la campagne électorale, vous verrez comment les gens s’amusent avec l’argent. Vous serez ahuris. Vous vous demanderez d’où sort toute cette manne financière.

Il se trouve aussi que votre parti, le MNSD-Nassara, a exercé le pouvoir d’Etat à travers la présidence de Mamadou Tandja. Ces pratiques n’étaient-elles pas aussi les vôtres quand vous étiez aux affaires ?

Absolument pas. En termes de gabegie, prenez l’exemple du cabinet du chef de l’Etat actuel. Ce cabinet compte pratiquement une vingtaine de personnalités avec rang de ministre. Sans compter la multitude de conseillers chargés de missions à la Présidence, à la Primature et à l’Assemblée nationale. Autant de pratiques que nous ne connaissions pas, quand nous étions aux affaires. Pendant ce temps, des médecins continuent de battre le pavé, le problème du chômage n’est pas réglé et tout cela se passe dans l’indifférence du pouvoir actuel.

Etes-vous confiant quant à votre victoire à la présidentielle ?

Nous sommes convaincus que Mahamadou Issoufou ne passera pas au premier tour. Par rapport à son « coup K.-O. » qu’il clame, peut-être est-ce lui-même qui sera K.-O.. Je suis d’autant plus confiant que Mahamadou Issoufou est seul face à 14 candidats (ils sont quinze à s’être lancés dans la course à la présidentielle), même s’il n’est pas exclu que certains parmi eux roulent déjà pour lui. En tout état de cause, il ne passera pas au premier tour. Et face à la Coalition pour l’alternance 2016 (ndlr : les partis signataires du protocole d’accord, s’engagent à rendre publique, individuellement ou collectivement, une déclaration solennelle de soutien à tout candidat du parti politique membre de la Coalition, qualifié pour le second tour), il sera battu au second tour.

Reste que le candidat du pouvoir, Mahamadou Issoufou, bénéficie du soutien de 44 partis politiques…

44 partis sur combien ? Près de 90 partis. Du reste, quel poids politique beaucoup parmi ces 44 partis représentent-ils par rapport à des partis d’opposition comme le MNSD-Nassara, le Moden Fa-Lumana, le MNRD-Hankuri, l’UDR-Tabbat, etc. ?

La Coalition pour l’alternance 2016 a-t-elle véritablement les moyens de barrer la route au candidat Mahamadou Issoufou ?
Cela ne fait aucun doute. Observez les résultats du précédent scrutin, en 2011.

« Notre première priorité sera de réconcilier les Nigériens »

Vous remarquerez que le président a été élu grâce au soutien d’autres partis, en l’occurrence le Moden Fa-Lumana et l’UDR-Tabbat. On ne peut pas imaginer que tous ces 14 candidats réunis, ne puissent pas battre Mahamadou Issoufou. Ce ne sont pas du menu fretin.

Pour ce qui est de votre parti, le MNSD-Nassara, quel est son degré d’implantation sur le territoire national ?

Le MNSD-Nassara est un parti d’envergure nationale. Il est fortement implanté partout sur le territoire national. Certains disent qu’il est beaucoup plus implanté à Tillabéry, Maradi, Diffa. Mais il n’y a pas que ces régions. Il a marqué également sa présence à Zinder, à Tahoua ; même si Tahoua (ndlr : région natale du président sortant), je le concède, est perçu comme son fief naturel. Mais le MNSD-Nassara y a toujours fait des scores honorables. Quant à Agadez, ce n’est pas le fief de Mahamadou Issoufou, Niamey non plus.

Quelles seraient vos priorités si vous remportiez les élections ?

La première des choses, c’est de réconcilier les Nigériens entre eux. Cela nous tient à cœur, à cause des divisions dont j’ai parlé tantôt. On agit comme si le Nigérien doit forcément être affilié à un parti politique. Il faut y mettre un terme. On ne doit pas stigmatiser quelqu’un au motif qu’il n’est pas affiché politiquement. Car c’est aussi un choix de ne pas militer dans un parti politique. D’autant qu’on prône la dépolitisation de l’Administration. A ce que je sache, aucun parti politique n’a formé un agent de l’Etat, du primaire au secondaire ou à l’université. Alors, qu’on ne dise pas que telle personne doit appartenir à tel parti politique. Ce sont des agents de l’Etat et ils doivent se comporter comme tels. Toujours sur le thème de la réconciliation, sur le plan social, on observe une certaine tension générée par les grèves incessantes des syndicats. Il faut y trouver un modus vivendi. Et nous en avons les capacités puisque nous en avons l’expérience. Autre priorité : le problème de sécurité. Nos frontières avec le Mali, avec la Libye sont des zones de haute insécurité. Et que dire de la région de Diffa dont je suis ressortissant ? Il faut vivre certaines scènes d’horreur pour en mesurer la gravité. Quand plus de 300 villages quittent leurs sites, abandonnent tout, c’est la preuve qu’on est face à un grave problème d’insécurité qu’il faudrait, au plus vite, prendre à bras-le-corps.
En parlant justement d’insécurité, le Niger a été plusieurs fois l’objet d’attaques terroristes, notamment de Boko Haram.

Quelle serait votre stratégie pour faire face au fléau si vous accédiez au pouvoir ?

Le problème de Boko Haram est un problème sous-régional, et bien plus, planétaire. Il y a eu des efforts concertés pour juguler le problème, certes. Malheureusement, on n’a pas encore trouvé la solution à ce fléau. Mais il faut chercher la racine du mal. Pour ce qui concerne particulièrement le Niger, nos forces de défense et de sécurité doivent très rapidement être bien outillées pour reprendre les terrains concédés. Je le dis parce que, comme je l’avais souligné, il y a plus de 300 villages qui ont quitté leurs sites à Diffa. Quand je parle de les doter de moyens, je parle de moyens conséquents. A cela s’ajoute la nécessité d’opérer un véritable maillage territorial. Et puis, il faut une franche collaboration des populations pour qu’elles puissent contribuer en matière de renseignements.

Quel commentaire faites-vous de l’Initiative 3N (les Nigériens nourrissent les Nigériens) du président Mahamadou Issoufou qui, au terme de son quinquennat, a pu dire que désormais, sécheresse n’est plus synonyme de famine au Niger ?

Cette initiative n’est pas une nouveauté. Elle a été inventée et encouragée par le défunt président Seyni Kountché, et est axée sur les cultures de contre-saison. Dans le cadre du programme du président Mamadou Tandja, notre ambition était d’ailleurs de faire mieux que cela par des seuils de retenues d’eau. Car, le constat est que beaucoup de volume d’eau connaissent des déperditions. Quand vous prenez l’exemple de la Région du fleuve (Tillabéry), beaucoup de mètres cubes d’eau sont inutilement charriés, alors que bon nombre de Nigériens vivent toujours dans la pauvreté. Là où l’Initiative 3N aurait été intéressante, c’est si des aménagements hydro-agricoles, le long du fleuve, dans les endroits comme Irhazer ou dans le lit du lac Tchad, y avaient été faits.

« Je ne dis pas que Mahamadou Issoufou n’a pas fait des réalisations. Mais quelle en est la pertinence ? »

Si Mahamadou Issoufou l’avait fait, j’aurais dit qu’il a fait un effort. En 5 ans, je ne pense pas qu’on ait fait dix hectares d’aménagements hydro-agricoles dans le lit du lac Tchad.

Sur le plan des infrastructures routières, on peut dire que le Niger s’est transformé, notamment avec la construction d’échangeurs. Ce n’est pas votre avis ?

Je ne dis pas que Mahamadou Issoufou n’a pas fait des réalisations. Mais quelle en est la pertinence ?

Mais en dehors des échangeurs, le Niger s’est aussi enrichi de nouvelles routes bitumées…

D’abord, pour en revenir aux échangeurs, le deuxième a coûté pratiquement la même somme que le premier que nous qualifions d’ailleurs de toboggan, soit 16 milliards de F CFA. Alors qu’ils ne sont pas comparables. Manifestement, il y a anguille sous roche. J’en conviens : on ne peut pas faire de développement sans les routes. Mais il aurait mieux valu des routes prioritaires. Vous prenez l’exemple de l’axe Dosso- Gaya. Le port de Cotonou y est proche et c’est par ce port que beaucoup de marchandises arrivent au pays.

« Que le train siffle aujourd’hui, entre Niamey et Dosso, en quoi cela fait-il avancer le Niger ? »

La route Gaya-Dosso, entamée, il est vrai, avant que Mahamadou Issoufou ne soit installé dans ses fonctions, n’est pas encore achevée. Pire, les gens ont arrêté les travaux. Autre exemple : la route appelée «route de l’uranium », c’est-à-dire Tahoua, Agadez-Arlit, n’existe pratiquement plus ; il n’y a presque plus de goudron. Idem quand vous empruntez l’axe Agadez-Zinder. N’aurait-il pas mieux valu refaire ces routes, plutôt que de construire des échangeurs ?

Ces échangeurs ne participent-ils pas à l’embellissement de la ville de Niamey ?

Soit. Mais cela règle-t-il les problèmes du Nigérien ordinaire ? Pour nous, la question de la pertinence de ces échangeurs se pose.

Le train vient de siffler au Niger. Une révolution s’il en est. Cette réalisation manque-t-elle aussi de pertinence, selon vous ?

(Ndlr : il sourit et se lâche) Ne me faites pas rire. Il y a de bonnes comme de mauvaises révolutions. Encore une fois, il y a lieu de s’interroger sur leur pertinence.

Pour vous donc, il n’y avait pas nécessité de doter le Niger d’infrastructures ferroviaires.

Ce n’est pas que ce n’est pas nécessaire. Je disais tout à l’heure que le port le plus proche de nous, est celui de Cotonou. La plupart des marchandises d’importation, de même que celles à destination du Tchad, passent par ce port, donc par Gaya-Dosso.

« Nous ne voyons pas de problème que l’image du président Tandja apparaisse en arrière-plan sur les affiches du candidat du MNSD »

Du temps de notre gouvernance, on avait prévu de réaliser le port sec de Dosso. Pour que Dosso soit une zone franche. Si Mahamadou Issoufou avait commencé par installer les rails de Gaya (frontière avec le Bénin) à Dosso, cela aurait été mieux compris. Mais que le train siffle aujourd’hui, entre Niamey et Dosso, en quoi cela fait-il avancer le Niger ? Pour le transport de personnes, les sociétés de transport sont suffisamment nombreuses au Niger.

Reste que la présence du train ne manquera certainement pas de créer des emplois…

On verra bien. Rendez-vous dans un an pour le constater.

Est-ce une bonne stratégie de communication que de mettre en arrière-plan, la photo de l’ex-président Mamadou Tandja sur les affiches du candidat du MNSD-Nassara, Seyni Oumarou, quand on sait que l’ex-président a quitté la scène politique de la manière que l’on sait, après l’échec de son Tazartché ?

En collant ces affiches, nous nous adressons d’abord et avant tout au peuple nigérien. Et nous savons la place que le président Mamadou Tandja, président d’honneur du MNSD-Nassara, a dans le cœur des Nigériens.

Il reste que l’on sait ce qu’il est advenu de son projet : celui de vouloir terminer ses chantiers…

Je préfère ne pas entrer dans cette polémique. Dans combien de pays les Constitutions ont-elles été modifiées ? Nous ne voyons pas de problème que l’image du président Tandja apparaisse en arrière-plan sur les affiches du candidat du MNSD, d’autant que le candidat du MNSD est celui du président Tandja. En tous les cas, l’appréciation est laissée aux Nigériens pour lesquels le président Tandja compte beaucoup à leurs yeux, j’en suis sûr.

Cela veut-il dire qu’une fois votre candidat parvenu au pouvoir, vous ne trouveriez pas non plus d’inconvénient s’il lui venait à l’idée de modifier la Constitution pour rester au pouvoir ; de prôner lui aussi un Tazartché-bis ?

Je ne pense pas qu’un tel débat puisse encore se poser. En tout état de cause, vous parlez d’un débat qui ne se poserait pas avant 10 ans. Mais je fais remarquer que dans beaucoup de pays africains, des Constitutions ont été modifiées, y compris d’ailleurs au Burkina.

Pourquoi avez-vous refusé de signer le code de bonne conduite ?

Nous l’avons refusé parce que nous ne sommes pas en face de gens honnêtes. Comment comprendre que le pouvoir invite à signer un pacte de bonne conduite alors qu’il se conduit lui-même mal ?

En quoi faisant ?

Un candidat à la présidence de la République, Hama Amadou pour ne pas le nommer, se trouve en ce moment en prison de la façon que l’on sait. Des responsables de partis dont des candidats, sont emprisonnés pour des raisons fallacieuses. Des candidats du parti au pouvoir, battent campagne avec les moyens de l’Etat et avant même le lancement de la campagne. Tout cela n’est pas normal. Et puis, il y a eu l’incident du 2 février dernier, avec ce qui s’est produit devant le siège du parti Moden Fa-Lumana. (ndlr : des militants du parti ont été dispersés à coups de gaz lacrymogènes devant le siège du parti au motif qu’ils occupaient la voie sur laquelle devait passer le cortège du candidat Mahamadou Issoufou qui rentrait d’un meeting tenu à Filingué).

A ce propos, les militants de ce parti, n’ont-ils pas occupés la voie ?

Non, le président est passé aux environs de 21h30. Alors que l’incident s’est produit vers 17h30. Et puis, au Niger, n’y a-t-il pas d’autre voie qui aurait pu être celle du président, ce soir-là ?

Mais est-ce aux militants de votre parti d’imposer la voie à suivre à une telle autorité ?

Je répète que le président est passé aux environs de 21h30. Sachant bien qu’il passerait à cette heure, doit-on bloquer la route longtemps à l’avance ?

Propos recueillis à Niamey par Cheick Beldh’or SIGUE (Envoyé spécial)


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