HomeA la uneELECTIONS LOCALES AU NIGERIA : Une claque pour le PDP de Goodluck Jonathan

ELECTIONS LOCALES AU NIGERIA : Une claque pour le PDP de Goodluck Jonathan


Deux semaines après la présidentielle remportée par l’ancien président Muhammadu Buhari, les Nigérians ont été, de nouveau, convoqués aux urnes . Il s’agissait, cette fois-ci, d’élire les gouverneurs et les assemblées locales dans 31 des 36 Etats de la fédération. Tout naturellement, pareilles élections suscitent, à n’en point douter, plus d’engouement. Puisqu’un gouverneur, contrairement à un chef d’Etat, est plus proche des masses, si fait qu’il connaît mieux leurs préoccupations. Et ce n’est pas tout. Car ce sont les gouverneurs qui tiennent les cordons de la bourse, et leurs actions, surtout dans certains domaines comme l’éducation, la santé et les infrastructures, ont des répercussions directes sur le quotidien des populations. En un mot comme en mille, un gouverneur, au Nigeria, au regard des privilèges dont il jouit,  n’a rien à envier à certains chefs d’Etat africains qui dirigent des pays aux économies poussives, qui peinent parfois même à payer les salaires des fonctionnaires. Dès lors, on comprend pourquoi, bien plus que la présidentielle, la violence est allée crescendo lors des élections locales, dans un pays où la corruption, bien plus qu’un monstre, est devenue un puits sec sans fond. En effet, des incidents ont été répertoriés dans l’Etat de Katsina, au Nord, où un bureau de vote a été incendié dans la ville de Buguma ainsi que dans les Etats d’Imo et de Rivers, dans la région pétrolifère du delta du Niger. Accusés de fraude, des partisans du président sortant Goodluck Jonathan ont failli y être lynchés par les proches de Buhari qui, illico presto, ont protesté à travers des manifestations de rue. Toute chose qui contraste avec l’esprit de sagesse qui a habité les uns et les autres pendant et après la présidentielle qui, pourtant, suscitait beaucoup d’appréhensions par-delà les frontières nigérianes.

Le Congrès progressiste de Buhari  a sans doute profité de l’effet d’entraînement de la présidentielle

Cela dit, on est en droit d’attendre que le président Goodluck Jonathan qui avait fait preuve de responsabilité en acceptant sa défaite à la présidentielle, en fasse autant pour ces élections locales, en appelant ses militants au calme et à la retenue. Il doit se montrer gentleman jusqu’au bout, si tant est qu’il veuille parachever l’édifice démocratique de son pays en proie à des spasmes de tous genres. Certes, on comprend le dépit des militants du Parti démocratique populaire (PDP) qui, après avoir perdu la présidentielle, pensaient pouvoir se consoler avec les locales qui sont aussi en train de leur échapper.  En effet, selon les premiers résultats, c’est le parti du futur président Mahammadu Buhari qui sort la tête de l’eau en remportant 22 sièges de gouverneurs sur 29.

Mais c’est cela aussi le jeu politique qui veut que celui qui gagne aujourd’hui perde demain. Ce n’est pas pour rien que bien des chefs d’Etat africains, redoutant l’effet d’entraînement, refusent d’antéposer les législatives à la présidentielle. Car, ils savent bien que s’ils perdent les locales, le risque de perdre le fauteuil présidentiel est grand. En tout cas, le Congrès progressiste (APC) de Buhari, lui,  a sans doute profité de l’effet d’entraînement après sa victoire éclatante à la présidentielle du 28 mars dernier. Toutefois, le grand absent tant redouté à ce scrutin aura été sans doute les éléments de Boko Haram qui, traqués jusque dans leurs derniers retranchements par les forces de la coalition, donnent l’impression d’avoir plié l’échine ; eux qui, jusque-là tiennent dans leurs serres plus de deux cents jeunes filles enlevées à Chibok et dont on est aujourd’hui sans nouvelle, un an après jour pour jour. Il ne faudra donc pas que les Nigérians fassent le travail à la place de ces fous d’Allah, en s’offrant en spectacle à travers des scènes de violence dans un pays où la haine tribale et confessionnelle a pignon sur rue. Car, une élection, ce n’est pas la guerre et une défaite électorale ne signifie pas la fin du monde.

Boundi OUOBA


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