HomeLignes de forceENLEVEMENT DE JEUNES FILLES PAR BOKO HARAM AU NIGERIA : L’impuissance honteuse de Goodluck Jonathan

ENLEVEMENT DE JEUNES FILLES PAR BOKO HARAM AU NIGERIA : L’impuissance honteuse de Goodluck Jonathan


Depuis plus de deux semaines, 187 lycéennes ont été kidnappées au nord-est du Nigéria, dans l’Etat de Borno, par la secte islamiste Boko Haram. Face à l’impuissance des autorités à retrouver ces jeunes filles, et surtout face au cafouillage dans la communication gouvernementale qui a apporté la confusion dans bien des esprits, de nombreuses femmes, à l’appel de plusieurs ONG, ont battu le pavé le 30 avril dernier, pour interpeller les autorités.

Le chef de l’Etat, Goodluck Jonathan, est le premier interpellé par la situation

Cette initiative, appelée « la marche des un million de femmes », est tout un symbole. Au-delà du nombre des femmes qui ont manifesté, cette marche traduit la gravité de la situation, et l’exaspération de ces femmes, au regard de l’impuissance des autorités face aux nombreuses exactions de Boko Haram.

Et cette démarche nous rappelle ces paroles de l’hymne de l’empire du Wassoulou, reprises par le célèbre orchestre Bembeya Jazz national de Guinée : «Si tu ne peux organiser, diriger et défendre le pays de tes pères, fais appel aux hommes les plus valeureux. Si tu ne peux protéger le fer pour braver l’ennemi, donne ton sabre de guerre aux femmes qui t’indiqueront le chemin de l’honneur ».

Enlever de jeunes innocentes, cela paraît pour le moins inconcevable. Et le chef de l’Etat, Goodluck Jonathan, est le premier interpellé par la situation, d’autant plus que, jamais auparavant, le Nigeria n’avait été autant exposé à la barbarie aveugle et à la défiance de Boko Haram. Lui et son gouvernement devraient se sentir humiliés. Pour moins que cela, certains dirigeants, sous d’autres cieux, ont rendu le tablier ; en témoigne le cas du Premier ministre sud-coréen, qui a rendu sa démission le dimanche 27 avril dernier, après le naufrage du ferry Sewol qui a fait plus de 300 morts et disparus. Mais sous nos tropiques, démissionner d’un gouvernement est chose rare.

Comment comprendre que près de deux cents jeunes filles puissent, de nos jours, disparaître dans un pays, en même temps, sans que les forces de sécurité ne soient capables de les localiser ?

Il faut craindre que ces jeunes filles ne soient endoctrinées pour devenir des adeptes du mouvement

Cela traduit non seulement toute la puissance et l’organisation de ce mouvement, et l’impuissance des autorités à le combattre, mais aussi la faillite totale du système sécuritaire nigérian. Le pire, c’est que le président Goodluck semble loin de trouver la solution à cette équation. Et le cafouillage médiatique, voire les mensonges de son gouvernement qui a laissé croire que les otages avaient été libérées, ou qu’une grande partie avait pu s’échapper, est non seulement une preuve d’irresponsabilité, mais aussi le signe que ce dernier a complètement perdu les pédales dans cette affaire.
C’est la première fois que Boko Haram réussit l’exploit d’enlever autant de personnes à la fois, sans laisser de traces en plus. Du reste, si l’on en croit la thèse selon laquelle ces filles seraient destinées à être mariées de force à des membres de la secte, cela voudrait dire que Boko Haram s’inscrit dans la durée et a une vision à long terme. Il faut alors craindre que ces jeunes filles, en plus de servir d’épouses, ne soient endoctrinées pour devenir des adeptes du mouvement, éléments dont la secte pourrait se servir pour poser des bombes. Au-dessus de tout soupçon, elles pourraient facilement commettre des attentats encore plus sanglants. Sous cet angle, ce n’est donc pas demain la veille que Boko Haram s’arrêtera, et c’est là tout le drame du Nigéria qui a besoin, dans cette lutte, de l’implication du Cameroun, ce pays voisin qui est devenu la base-arrière de la secte.

Outélé KEITA


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