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ENQUETE SUR LE PUTSCH MANQUE : Aller vite et bien!


 

Après le putsch manqué du 16 septembre, le vœu de tous les Burkinabè, du moins les patriotes et démocrates, c’est de voir jugés au plus vite les auteurs et leurs complices dont la barbarie aura laissé sur le carreau 14 macchabées et fait 251 blessés. Et s’il plaît à Dieu, ce vœu sera exaucé car, j’ai entendu sur les ondes  des radios l’autre jour, que la commission d’enquête sur ce putsch qui a fait pschitt, a été installée par le Premier ministre le lundi dernier. Elle aura trente jours pour produire un rapport  qui doit permettre à la Justice de faire toute la lumière sur ce coup d’Etat.  Si cette initiative est à saluer à sa juste valeur car visant à rendre justice dans les règles de l’art, je ne peux cependant m’empêcher de me demander si un mois suffit pour  boucler le travail. S’il ne s’agissait que du chef des putschistes, l’ex-général de brigade Gilbert Diendéré et ses hommes de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle, les trente jours suffiraient peut-être à la commission pour produire des résultats de qualité. Mais il y a, et c’est un secret de Polichinelle, des complicités et pas des moindres, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Et Dieu seul sait si l’on peut identifier dans ce laps de temps imparti à la commission, toutes ces personnes impliquées dans ce coup de force. Or, à ce que je sache, l’objectif recherché à travers la mise en place de cette commission c’est d’aboutir à un procès équitable débarrassé de tout esprit de vengeance, de toute chasse aux sorcières et de tout calcul politicien. Et qui concerne tous les poissons impliqués, les gros comme les petits. C’est pourquoi l’idéal aurait été que l’affaire fût jugée  sous la Transition qui n’a malheureusement plus encore beaucoup de temps devant elle, la date des élections étant  fixée en fin novembre.

Avec le travail d’Hercule qui l’attend, la commission d’enquête pourrait être amenée à demander une prolongation

Après les élections, ceux qui présideront aux destinées de ce pays seront très probablement des professionnels de la politique. Et j’en ai  bien peur. Quel traitement sera-t-il réservé à ce dossier ? On est plus ou moins face à un dilemme. Aller vite avec le risque de bâcler le travail ou aller lentement avec le risque de refiler le dossier à des politiques dont on ne saurait jurer de rien.  En tout état de cause, ceux qui sont aujourd’hui sur le banc des accusés, doivent déjà s’estimer heureux. Car, il faut bien le reconnaître, sous leur magistère, des personnes accusées de tentatives de coups d’Etat réels ou supposés, n’ont pas eu la même chance. Les plus chanceux, notamment Babou Naon, ont été jetés en prison. Quid des Henri Zongo et de Boukary Lingani, qui ont été envoyés ad patres sans aucune forme de procès ? Il faut se réjouir que le Burkina ait décidé de solder ses comptes avec l’histoire en s’engageant résolument sur le chemin de la démocratie. Il est vraiment temps de rompre avec ce passé sombre qui avait, il faut bien le dire, fini par tuer l’espoir de la jeunesse burkinabè. Cela dit, la commission d’enquête est face à une lourde responsabilité et elle doit aller vite et bien. En tout cas, si elle ne veut pas porter le chapeau d’un éventuel échec de ce devoir de vérité et de justice, elle doit mettre les bouchées doubles tout en ratissant large pour éviter qu’on assiste à un procès des lampistes au lieu de celui des capitaines et des généraux. Avec le travail d’Hercule qui l’attend, cette commission pourrait être amenée à demander une prolongation. Mais une telle perspective pourrait avoir pour effet de prolonger la souffrance des parents des victimes qui attendent que justice leur soit rendue. Même moi qui ai été obligé de changer constamment de lieu d’habitation pendant le putsch, je n’attends que la manifestation de la vérité au plus vite. Avec les moyens et le pouvoir mis à sa disposition, la commission d’enquête doit pouvoir tirer son épingle du jeu. Ce d’autant plus qu’elle travaille en synergie avec les Forces  de défense et de sécurité qui, du reste, ont déjà abattu un énorme travail et n’entendent pas s’arrêter en si bon chemin.

« Le Fou »      


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