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EPIDEMIE DE LA DENGUE : L’UPC interpelle le gouvernement


Ceci est une déclaration de l’Union pour le progrès et le changement (UPC) sur l’épidémie de la dengue qui sévit actuellement au Burkina Faso. L’UPC interpelle « le gouvernement sur la nécessité d’un financement conséquent des formations sanitaires publiques ». Lisez plutôt !

 

Une épidémie de la dengue ou « grippe tropicale » sévit actuellement au Burkina Faso. A la date du 6 novembre 2016, 938 cas probables et 13 décès ont été notifiés par les autorités en charge de la santé du pays. La survenue de cette épidémie vient une fois de plus mettre à nu les insuffisances inquiétantes de notre système de santé. Aussi, le Bureau politique national de l’Union pour le progrès et le changement (UPC) se devait de faire cette déclaration, pour interpeller  le gouvernement, afin qu’il mette en place une stratégie pérenne à même de garantir  la santé des populations.

 

La dengue,  ou « grippe tropicale » est une maladie infectieuse présente dans toutes les régions tropicales. Le nombre de cas de cette maladie progresse actuellement de manière très importante, et l’inscrit aujourd’hui au rang des maladies dites «ré-émergentes».

Il est aussi connu qu’il n’existe ni vaccin ni traitement spécifique contre le virus. La prévention de la dengue passe donc par la lutte contre le moustique.

Dans notre pays, l’assainissement est à un stade embryonnaire, la promiscuité dans les quartiers périphériques urbains et en milieu rural, le manque d’éducation pour la santé,  sont autant de tares structurelles qui ne peuvent que faciliter une éventuelle propagation de l’épidémie de la dengue.

 Si l’on jette un regard critique sur cette épidémie, on se rend compte que  la dengue, quelle que soit sa forme, va entraîner des conséquences graves sur l’économie du pays, en termes de temps de travail perdu et de spoliation du  budget des ménages. 

Face à cette épidémie, l’UPC constate une fois encore les limites de notre système de santé. En 2014  déjà, sous le régime de la IVe République et au temps fort de l’épidémie à virus Ebola, l’UPC avait déjà tiré sur la sonnette d’alarme. Elle s’inquiétait  en son temps du manque de prospective et de réactivité de notre système de santé. La situation semble  empirer.

Certes, le Ministre de la Santé est passé au journal télévisé de la RTB pour communiquer sur la question ; des actions de sensibilisation à travers les médias sont initiées depuis quelque temps, mais nous doutons fort de la portée de ces actes, au moment où le cap des 900 cas et 13 décès  a été franchi. S’il est vrai « qu’il n’est jamais tard pour bien faire », comme le dit l’adage, il faut reconnaître que dans le domaine de la santé, ce dernier prend une connotation péjorative. En effet, toute vie humaine est sacrée et doit être préservée.

Nous avons toujours argué à  l’UPC, que pour un pays pauvre comme le nôtre qui ne dispose pas d’un plateau technique suffisant, de ressources humaines  en santé suffisantes pour faire face à l’urgence , il fallait mettre l’accent sur les activités de prévention. En effet, nous sommes convaincus que  la prévention devrait être le principal mot d’ordre, basé sur une éducation pour la santé de nos populations.

 Sur le plan de la sécurité sanitaire, force est de reconnaître que notre système de santé est toujours faible et très peu résiliant. Il en résulte trop de décès évitables et une incapacité du pays à assurer une sécurité sanitaire optimale pour les populations. L’évaluation en 2015 de la mise en œuvre du Règlement sanitaire international (RSI 2015) révèle que le Burkina Faso ne dispose pas encore des capacités essentielles minimales requises au terme de cet outil de sécurité sanitaire. Le pays devrait être doté de mécanismes à même de lui permettre de faire face aux chocs les plus extrêmes sur le plan sanitaire.

L’UPC constate par ailleurs qu’aucune structure de santé publique au Burkina Faso ne propose les tests pour le diagnostic biologique de la dengue, et ce,  faute de réactifs, à en croire les autorités sanitaires du pays. Seules les structures privées de soins le font, alors même qu’elles ne bénéficient pas de toute l’attention qui se devait, de la part des autorités en charge de la santé. Le partenariat public-privé toujours prôné, est toujours inopérant du fait du manque de volonté manifeste de nos autorités de faire du secteur privé de la santé un véritable soutien à l’action publique.

Les ressources humaines en santé au Burkina Faso étant largement en deçà des normes préconisées par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la contractualisation avec les ONG et associations devraient être privilégiée, afin de toucher les populations par des activités de sensibilisation. Le Burkina Faso est un pays qui dispose d’un monde communautaire expérimenté dans ce type d’approche.

L’UPC, suite à ces constats,

– interpelle le gouvernement sur l’impérieuse nécessité de consacrer un budget plus conséquent à la santé en général et à la lutte contre les maladies vectorielles en particulier ;

– interpelle le gouvernement sur la nécessité d’un financement conséquent des formations sanitaires publiques, afin qu’elles puissent se doter des intrants nécessaires à la réalisation des examens biologiques courants en général, et comme celui de la dengue en particulier ; 

-invite le gouvernement à mettre l’accent sur l’assainissement du cadre de vie (construction de caniveaux couverts, des latrines familiales et publiques, etc.), en luttant contre la prolifération à ciel ouvert des gîtes de moustiques et autres vecteurs de maladies infectieuses. Des actions comme des journées de salubrité devraient être régulièrement organisées, mais surtout à l’orée de la saison des pluies ;

– invite le gouvernement à mettre à contribution le monde communautaire comme il en a été pour la lutte contre le Sida, afin d’assurer la sensibilisation des populations. Ces ONG et associations ont beaucoup d’expériences dans le domaine de la sensibilisation. Elles maîtrisent les techniques d’animation pouvant même aller jusqu’au porte-à-porte afin d’informer les populations et atténuer leur peur de cette maladie.

En tout état de cause, l’épidémie de la dengue qui sévit actuellement au Burkina Faso doit  permettre à l’Etat, s’il tient compte de notre contribution, de remettre en cause  ses  approches dans le domaine sanitaire et d’apporter rapidement les mesures correctives qui s’imposent.

Pour un développement mieux partagé,

Améliorer ce qui est déjà fait,

Corriger ce qui est mal fait,

Réaliser ce qui n’est pas encore fait.

 

 

Ouagadougou, le 14 novembre 2016

 

Pour le Bureau politique national de l’UPC,

 

Dr Steve Léonce ZOUNGRANA (MD, MPH, MSC)

Hépato-Gastroentérologue/ nutritionniste

 

Secrétaire national à la Santé et à la population


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