HomeFocusEXILES IVOIRIENS AU LIBERIA, CANDIDATS AU RETOUR :Un grand dilemme pour ADO

EXILES IVOIRIENS AU LIBERIA, CANDIDATS AU RETOUR :Un grand dilemme pour ADO


La peur de contracter le virus Ebola a poussé 38000 réfugiés ivoiriens installés dans des camps au Liberia, à vouloir rentrer au pays. Mais ces derniers, fuyant le théâtre de désolation et de mort que la fièvre hémorragique rouge a fait du Liberia, se heurtent à la fermeture des frontières terrestres, décrétée par le gouvernement ivoirien. Une situation qui pose un cas de conscience au président Alassane Dramane Ouattara (ADO): écouter la voix de son cœur et permettre à ces enfants de la Côte d’Ivoire de rejoindre la mère patrie, ou écouter celle de la raison et garder les frontières fermées pour éviter une éventuelle propagation du virus en Côte d’Ivoire ?

 

 Les réfugiés sont dans leur bon droit

 

En d’autres termes, faut-il, au nom de la réconciliation nationale, permettre à ces exilés de rentrer au pays,  ou plutôt privilégier la sécurité du peuple ivoirien ? Ainsi pourrait-on résumer le choix cornélien auquel ADO est confronté.

Choisir la première solution, c’est-à-dire écouter son cœur, pourrait s’expliquer en ce sens que, comme le stipule la Constitution ivoirienne,  nul ne peut contraindre un Ivoirien à l’exil. Ces réfugiés sont donc dans leur bon droit d’exiger des autorités ivoiriennes la liberté de rentrer au pays. Ce d’autant plus qu’aucun cas d’Ebola n’a été jusque-là détecté parmi les réfugiés. Mais ADO cèdera-t-il à cette envie pressante des exilés à rentrer en Côte d’Ivoire par devoir de patriotisme et pour la réconciliation nationale ? Lui seul a la réponse à cette question. Mais le retour au bercail de ces exilés pourrait aussi compromettre cette même réconciliation, car ce retour pourrait rouvrir les plaies causées par les exactions de certains de ces exilés dans la région dite « Dent de Man ». Ce d’autant plus que ces derniers ont eu plusieurs occasions de revenir en Côte d’Ivoire de par le passé. En témoigne les appels d’ADO aux exilés à rentrer au bercail, après son accession au pouvoir qui a permis à plusieurs membres de la galaxie patriotique de Laurent Gbagbo de fouler le sol ivoirien. Si certains ont préféré rester au Liberia, c’est qu’ils estiment ne pas être exempts de tous reproches quant aux violences post-électorales en Côte d’Ivoire. On se rappelle d’ailleurs les excursions meurtrières répétitives dans l’Ouest du pays, menées par des combattants ivoiriens exilés au Liberia. Rien ne prouve donc que  certains parmi ces réfugiés, une fois de retour sur les bords de la lagune Ebrié, ne travailleront pas à contrecourant du pouvoir d’ADO et à faire dérailler le train de la réconciliation en marche.

 

Permettre à ces exilés de revenir reviendrait à exposer tout le peuple ivoirien à Ebola

 

En attendant, la Science donne à ADO des raisons de rester sourd à l’appel de ses compatriotes. Faut-il le rappeler, la période d’incubation du virus Ebola se situe entre 2 et 21 jours, ce qui rend difficile la détection immédiate d’éventuels cas de la maladie. Si depuis l’apparition du virus en Afrique de l’Ouest, aucun cas n’a été détecté en RCI, c’est certainement grâce aux mesures de prévention que ce pays a adoptées. Permettre donc à ces 38000 exilés de revenir en Côte d’Ivoire, reviendrait à exposer tout le peuple ivoirien à la folie meurtrière d’Ebola. C’est dire que dans ce cas d’espèce, ADO a intérêt à privilégier la voix de la raison à celle du cœur.

 

Thierry Sami SOU


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