HomeA la uneEXPIRATION DE L’ULTIMATUM DE L’OPPOSITION AU PRESIDENT BURUNDAIS : L’indifférence meurtrière de Nkurunziza

EXPIRATION DE L’ULTIMATUM DE L’OPPOSITION AU PRESIDENT BURUNDAIS : L’indifférence meurtrière de Nkurunziza


 

C’est demain, 26 août 2015, qu’expire, en principe, l’ultimatum lancé à Pierre Nkurunziza par l’opposition burundaise, qui conteste sa légitimité, pour quitter le pouvoir. Que fera-t-elle  dans le cas d’une fin de non-recevoir que lui opposera ce dernier ?    Comme il le fait depuis le début de la contestation de son pouvoir, Nkurunziza répondra par une indifférence meurtrière.

En effet, la plus grande réussite de ce satrape, aidé par l’actualité (un évènement en chasse un autre) et le contexte sous-régional ambiant marqué par la généralisation des velléités de modification constitutionnelle,  est d’avoir réussi à faire de la crise burundaise une banale crise, à la limite oubliée, à l’image de la guerre du Soudan du Sud,  à l’ombre de laquelle on massacre et torture à huis clos.  La confirmation vient d’en être faite par le rapport d’Amnesty International, publié le 24 août dernier,  faisant état de tortures et autres mauvais traitements mis en œuvre par les forces de sécurité du Burundi, en vue d’extorquer des aveux et de réduire au silence la dissidence.  Au nombre de ces traitements inhumains figurent des coups de barres de fer, des brûlures à l’acide,  des sévices sur les organes génitaux de manifestants arrêtés. Ces cruels sévices ne sont sans doute que la partie visible de l’iceberg. C’est à de véritables pogroms contre les opposants que les milices pro- Nkurunziza, les tristement célèbres Imbonerakure, se livrent, comme les   escadrons ivoiriens de la mort. Ils ratissent les quartiers favorables à l’opposition, faisant du  Burundi un cimetière à ciel ouvert.

Nul doute que les thuriféraires du régime balayeront du revers de la main ce rapport. Mais le pire serait le mutisme des grandes puissances comme les USA ou la France qui avaient pourtant proféré de sérieuses mises en garde contre Nkurunziza. Et pourtant, tous les ingrédients sont réunis aujourd’hui pour que le Conseil de sécurité de l’ONU se saisisse de la question burundaise ou tout au moins, demande à la Cour pénale internationale (CPI) d’émettre un mandat d’arrêt international contre Nkurunziza qui s’est rendu coupable de violations massives de droits de l’Homme et de crimes contre l’humanité.

Les germes de risques de débordements sont  perceptibles

En attendant cette sortie salutaire de la communauté internationale pour le peuple burundais qui se meurt dans le silence, la rébellion burundaise formée   par les opposants en exil traîne à prendre forme. Elle doit aussi s’assumer. Les leaders de ce mouvement armé ne doivent pas faire du peuple burundais un orphelin, en le laissant en proie à la prédation de Nkurunziza et ses partisans. Ils doivent sortir de leur douillet exil rwandais pour inverser le sens de la peur.

Il y a donc urgence à agir,  car au-delà de la sécurité du seul peuple burundais, il y a de réels risques sur la sécurité collective dans la sous-région. Les germes de ces risques de débordements sont nettement perceptibles dans les bisbilles entre le Burundi et son voisin rwandais. En effet, une trentaine de ressortissants rwandais ont été arrêtés par les autorités burundaises, entraînant pour l’instant une protestation verbale des autorités rwandaises. Du côté de Bujumbura, les autorités n’ont pas manqué l’occasion de rappeler leurs requêtes en souffrance au Rwanda, concernant l’extradition de certains militaires accusés d’avoir assassiné le général Adolphe Nshimirimana. Bujumbura dénonce aussi la présence au Rwanda de trois généraux à l’origine de la tentative du coup d’Etat manqué de mai dernier, ainsi que l’existence de camps d’entraînements de rebelles burundais.

Ce regain de tension entre les deux pays, à la veille de la fin de l’ultimatum donné par l’opposition à Nkurunziza, annonce des orages dans le ciel burundais. Et il est vivement temps que les responsables de la sécurité collective dans le monde, sachent lire ce signe des temps, en mettant hors d’état de nuire ce redoutable sorcier qui a libéré les forces du mal   au Burundi et sur la région des Grands Lacs déjà souffrante de ses dictatures.

 

SAHO


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