EXPLICATION DU NOUVEAU CODE MINIER A PERKOAN : La population remontée contre le CNT

Une mission d’informations parlementaire conduite par le député Aboubacar Bouda a séjourné   le lundi 20 juillet à Perkoan, village abritant le site minier d’exploitation industrielle du zinc. Objectif : restituer le contenu du nouveau Code minier aux responsables miniers, aux personnels et à la population. Si avec les deux premiers groupes les échanges se sont bien déroulés, cela n’a pas été le cas avec le 3^e car la délégation a eu du mal à se faire comprendre face à une population qui ne s’attend désormais qu’au concret pour la satisfaction de ses préoccupations.

C’est sous une pluie battante que la délégation de la mission parlementaire a quitté la ville de Koudougou le lundi 20 juillet 2015 où elle a passé la nuit, pour se rendre à Perkoan dans le Sanguié. Après 45 mn de route, le véhicule des députés du Conseil national de la transition (CNT) quitte le bitume pour arpenter une voie non bitumée menant directement à la mine. Mais  quelques minutes après, la délégation se trouve face à une grande étendue d’eau au beau milieu de la voie.   Après quelques minutes   d’attente, un car de la mine vient à leur secours. C’est après ce parcours du combattant que la délégation est arrivée à la direction de Nantou Mining. Là, elle a d’abord échangé avec les autorités minières sur le contenu du nouveau Code minier composé de 216 articles repartis en 9 chapitres, adopté par le CNT en sa séance plénière du vendredi 26 juin 2015.  Un exercice qui a été fait par le chef de la délégation qui a expliqué l’importance du nouveau Code qui, bien respecté selon lui, permettra aux miniers de travailler dans la quiétude et en bonne harmonie avec les populations locales. En effet, ledit Code recommande,  entre autres, le renforcement des mesures de protection de l’environnement par la création d’un fonds de réhabilitation ; la contribution des mines au développement des communautés locales par la création d’un fonds minier de développement local qui sera alimenté par les mines et l’Etat  et l’inscription de fonds pour le financement de la recherche géologique et minière et pour le soutien à la formation en Sciences de la vie et de la terre (SVT).

Les députés taxés de corrompus

En outre, ce Code prévoit le relèvement de l’impôt sur le bénéfice de 17,5% à 27,5%. A la lumière de ce qui a été dit, le Directeur général de Nantou Mining, Meijer Olaf,  et le Directeur des ressources humaines,  Moussa Palenfo, ont salué le travail parlementaire   et sa stratégie de collaboration. En outre, M. Palenfo a, au nombre des inquiétudes, évoqué la question de la gestion   du fonds local de développement. Pour lui, il ne faudrait pas que les mines alimentent ce fonds et avoir encore la population sur leur dos pour manque de transparence dans la gestion. Après les responsables, c’est le personnel de la mine qui a été reçu par la délégation paarlementaire. Le délégué du personnel, Abdoul Mousso Sanou, a, pour sa part,  relevé des insuffisances dans le Code. « Ce Code ne tient pas compte du personnel,  particulièrement les dispositions du code de travail », a-t-il laissé entendre avant d’espérer que   la prochaine Assemblée nationale   en tiendra compte. Après ces deux groupes, cap sur le village de Perkoan (difficile d’accès faute de voie) où la délégation parlementaire voulait livrer son message à la population en montrant les nouvelles dispositions prises pour la gestion transparente du fonds de développement local. Malheureusement, après les interventions du 3^e vice-président, Fernand Sanou, de Jean Hubert Bazié et du chef de la délégation, Aboubacar Bouda, la population a dit ne pas trouver son compte dans ce nouveau Code, soutenant qu’elle avait pensé que les députés étaient venus leur proposer des actions concrètes après le fonds déjà perçu par la fondation Nantou pour des réalisations. «  A Perkoan, nous n’avons pas de bras longs, ils sont courts. Donc, si vous avez une solution, aidez-nous. Vous avez vu l’état du village et des voies. Votre véhicule s’est même embourbé ! », a lancé un intervenant assis sur son cheval. Les esprits s’échauffent dans la salle. Très remontée, la population taxe les députés de corrompus. C’est donc une population remontée que les députés ont quittée Perkoan dans la soirée du lundi 20 juillet 2015.

   Modeste BATIONO

L’origine de l’incompréhension

Lors de la première visite de la délégation parlementaire, en avril dernier, la population de Perkoan  avait appris que la mine versait 13 millions de F CFA par mois à la fondation Nantou. Ce fonds était destiné, selon les explications, à la réalisation de certains projets. Pour elle, cette rencontre avait pour but de les informer de la gestion de ce fonds. Une tâche qui ne relève pas de la compétence du CNT. Au vu de tout ce qui précède, les autorités doivent s’investir   pour résoudre ce problème de Perkoan le plus tôt possible.