HomeOmbre et lumièreEXPULSION D’AFRICAINS DE CERTAINS PAYS DU CONTINENT NOIR : Où est l’intégration dans tout ça ?

EXPULSION D’AFRICAINS DE CERTAINS PAYS DU CONTINENT NOIR : Où est l’intégration dans tout ça ?


Le vendredi 8 janvier 2016 dernier, 133 Burkinabè rapatriés de la Libye ont regagné le bercail par les bons soins de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Le témoignage de l’un deux en dit long sur les risques liés au phénomène de l’immigration clandestine. « Nous avons subi des humiliations à Tripoli. Nous avons été traqués, persécutés et sommés de verser de l’argent à la police. Nous étions à un doigt de la mort. Et nous remercions Dieu de nous avoir permis de regagner notre pays ». Cette expulsion est le cas le plus récent. Bien d’autres expulsions de Burkinabè en provenance du Gabon, des deux Guinée (Guinée équatoriale et Guinée Conakry) et l’on en oublie, ont été enregistrées avant celle-ci. Et toutes ont un dénominateur commun : les conditions inhumaines dans lesquelles elles se sont produites. D’ailleurs, l’on peut dire que les expulsés qui ont pu regagner la mère-patrie dans le dénuement total, peuvent s’estimer heureux, puisqu’ils sont en vie. D’autres n’ont pas eu cette baraka. Sous l’effet de la violence policière et dans l’anonymat, ils ont rencontré la mort. Et les Burkinabè ne sont pas les seuls à souffrir le martyre lié à l’immigration clandestine. Les expulsions d’Africains de certains pays du continent noir et ce, dans des conditions musclées, sont devenues si récurrentes qu’elles ont fini par ne plus émouvoir outre mesure. Le paradoxe est qu’en dépit de cette triste réalité, chaque jour que Dieu fait, les rangs des candidats à l’immigration clandestine ne font que grossir. Et ce n’est pas demain la veille que les tendances pourront s’inverser. Et pour cause. D’abord, le rêve romantique d’un ailleurs censé être meilleur que chez soi, fait partie de la nature humaine. Et dans un monde perçu aujourd’hui comme un village planétaire, il est très difficile de briser ce rêve.

La deuxième raison est liée à l’absence de toute perspective pour les jeunes dans leur propre pays.

Les jeunes doivent travailler à déconstruire dans leur tête l’idée selon laquelle seul l’emploi à la Fonction publique est noble

La seule solution, à leurs yeux, c’est de partir avec l’espoir que dans des pays réputés disposés de ressources comme la Guinée équatoriale ou le Gabon, ils ont la possibilité de faire fortune. Dès lors, le fait de se munir de documents officiels est le cadet de leurs soucis. Si, pour certains, et ils sont rares, ce jeu de la roulette russe peut être payant, pour la majorité des cas, c’est le désenchantement absolu qui les attend au bout du rouleau. Et l’Afrique, de ce point de vue, est de loin plus dure vis-à-vis de ses fils et filles que ne le sont d’autres continents vis-à-vis de leurs ressortissants. L’Europe, par exemple, à la faveur de l’accord Schengen, semble avoir résolu la question de la libre circulation des personnes et des biens sur son territoire. Pendant ce temps, en Afrique, les dirigeants se plaisent à élever, entre les peuples du continent noir, des murs. Où est donc l’intégration africaine tant prônée par les textes fondateurs de l’UA (Union africaine) ? La réponse est connue. Ce noble projet a été sacrifié depuis des lustres sur l’autel des égoïsmes nationaux. En attendant que les dirigeants africains se décident enfin à mettre en exécution l’intégration, et en la matière, les peuples sont en avance sur les textes, il revient à chaque Etat de prendre des mesures appropriées à son niveau pour réduire le phénomène de l’immigration clandestine.

La première mesure à prendre est de communiquer sur la question de manière à développer chez les candidats au départ, le réflexe de se doter de documents officiels exigés pour voyager en direction des pays africains et la nécessité de se conformer aux lois des pays d’accueil.

La deuxième mesure, et qui est à nos yeux la plus importante, est d’accompagner les jeunes dans leur insertion sociale et professionnelle. A ce niveau, en plus des fonds que l’Etat doit mobiliser à cet effet, les banques doivent être mises à contribution pour leur faciliter l’accès aux crédits et ce, à des taux avantageux. Il est vrai que de plus en plus, certaines institutions bancaires s’inscrivent dans cette perspective, mais de notre point de vue, elles ont encore des efforts à faire dans ce sens. L’enjeu ici est d’aider à désamorcer une bombe que représentent l’oisiveté et le chômage des jeunes. Mais pour que ces initiatives portent des fruits, les jeunes doivent travailler à déconstruire dans leur tête l’idée selon laquelle seul l’emploi à la Fonction publique est noble. Sans une telle reconversion des mentalités, tous les efforts qui seront faits pour résoudre la problématique de l’oisiveté et du chômage de nos jeunes seront vains.

Sidzabda


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