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EXPULSIONS MASSIVES DE CONGOLAIS D’ANGOLA


 C’est la faute à Kabila

Ils sont environ 200 000, les compatriotes de Joseph Kabila à être éconduits manu militari du pays de Joao Laurenço, où ils s’étaient réfugiés dans la quête d’un mieux-être.  Et, la réaction du gouvernement congolais ne s’est pas fait attendre, avec en tête le président lui-même qui a convoqué et présidé, à cet effet, une réunion d’urgence. Mêlant indignation et protestation véhémente, elle s’est soldée par la convocation avortée de l’ambassadeur angolais qui devrait s’expliquer sur l’ostracisme massif et violent qui frappe les ressortissants  congolais en Angola et par l’envoi d’une délégation à la frontière pour faire une évaluation de la situation.

Du côté angolais, l’on fait, pour l’instant, la sourde oreille et l’on s’en tient officiellement, pour expliquer ces expulsions massives, à la situation d’irrégularité vis-à-vis de la loi, des expulsés qui sont le plus souvent issus de l’immigration clandestine. Mais l’on peut bien se douter que l’affaire cache des dessous. Car l’Angola traverse aujourd’hui une période de stress économique lié à l’effondrement du coût du baril. Le gouvernement qui a déjà fort à faire pour résorber les fortes inégalités sociales dans le pays, a  du mal à répondre à la forte demande d’emploi de sa jeunesse. Et comme très souvent, en pareilles circonstances, les boucs émissaires sont tout trouvés : ce sont les étrangers que l’on présente comme des gens sans cœur, qui viennent arracher le peu disponible aux autochtones.  Aux causes économiques, il faut aussi ajouter la menace sécuritaire. Dans cette région des Grands Lacs qui a vu naître plusieurs rébellions, la circulation des hommes a été le plus souvent accompagnée de la circulation des armes, propageant ainsi la prolifération et l’action des groupes armés. Ce n’est pas faire dans l’exagération  que de dire que dans cette région troublée,  l’immigration est source d’instabilité.

On doit aussi condamner le silence des institutions africaines et sous- régionales

Mais quelles que soient les raisons que les autorités angolaises peuvent avancer, elles sont, ici, dans  le mauvais rôle. D’abord, parce qu’elles font preuve de grande amnésie. Le grand voisin congolais, en plus d’avoir offert l’hospitalité à de nombreux Angolais  victimes des affres de la colonisation et des différentes guerres qui ont émaillé l’histoire de l’Angola, a longuement servi de base-arrière au Mouvement pour la libération de l’Angola (MPLA) aujourd’hui au pouvoir. L’on peut, en cela, comprendre le sentiment d’ingratitude que peut éprouver le pouvoir congolais qui ne s’est d’ailleurs pas empêché de le lui rappeler. Ensuite, par ces expulsions humiliantes, les autorités donnent raison aux pays  européens qui refoulent les réfugiés africains. Et puis, dans tous les cas, même si l’Angola, au nom de sa souveraineté, peut expulser qui il veut, cela ne le dispense pas de l’obligation de respecter la dignité humaine et de respecter les conventions internationales qui encadrent le droit d’asile humanitaire.

Mais s’il faut harponner  le gouvernement angolais, le régime de Joseph Kabila n’est pas moins coupable de ce qui arrive à ses compatriotes. Et pour causes. La RDC est un pays immensément riche et devrait être, de ce fait, l’eldorado vers lequel devraient se ruer toutes les populations de l’Afrique centrale. Pour ce faire, il aurait fallu que les dirigeants successifs de ce pays se montrassent bon princes. Car, tout comme  la gouvernance économique, la gouvernance politique est catastrophique, transformant le pays en un véritable Far West. L’on comprend aisément donc l’exil des populations qui partent à la recherche d’un environnement plus sécurisé, avec le rêve d’une vie meilleure.

Cela dit, l’on doit aussi condamner le silence des institutions africaines et sous- régionales, en l’occurrence l’UA, la CEEAC et la CEMAC qui ont, pourtant, érigé en règles communautaires la libre circulation des biens et des personnes. Car, c’est sur la base de ces règles que les populations ont parfois émigré et il serait incompréhensible qu’elles soient abandonnées  à leur propre sort.  Il est donc impérieux que ces organismes donnent de la voix pour que cessent ces exactions qui n’honorent pas le continent.

SAHO  


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