HomeA la uneFABRICE NARE, DIRECTEUR DE LA COMMUNICATION DE SODIGAZ, A PROPOS DES PENURIES DE GAZ : « Si le remplissage n’est pas activé, les clients vont encore souffrir en décembre »

FABRICE NARE, DIRECTEUR DE LA COMMUNICATION DE SODIGAZ, A PROPOS DES PENURIES DE GAZ : « Si le remplissage n’est pas activé, les clients vont encore souffrir en décembre »


 

SODIGAZ, une entreprise de distribution et de commercialisation  du gaz butane au Burkina Faso, exerce depuis 40 ans aujourd’hui. Face à la pénurie de gaz butane que traverse le pays depuis un long  moment, nous avons rencontré le Directeur de la communication et de marketing  de ladite structure, Fabrice Naré, le 11 octobre 2017, pour en savoir davantage sur les raisons de ces pénuries.  A travers l’interview qui suit,  il donne sa lecture du problème.

 

« Le Pays » : Quelle est l’ampleur de la pénurie de gaz constatée dans la capitale ?

 

Fabrice Naré : La pénurie de gaz est générale et concerne tous les marqueteurs. Mais, comme nous sommes la société qui a la plus grande part de marché, quand il y a une  pénurie à notre niveau, cela devient assez remarquable. L’importance de notre réseau de distributeurs fait qu’aux premières heures de la pénurie, ce sont plutôt les autres marqueteurs qui sont en difficulté avant nous. Dès que nous sommes en difficulté, vous comprendrez que la difficulté est plus perceptible. Cette pénurie qui est en train de se résorber, est particulièrement un peu difficile cette année. Le manque de gaz sur le terrain a commencé depuis mi-juillet. Comme nous avons la force d’un réseau assez vaste avec un stock important de bouteilles de gaz à charger, il a fallu un mois ou un mois et demi de déficit pour qu’à travers les longues files d’attente, on commence à sentir chez nous la pénurie de gaz à SODIGAZ. Cela induit des mesures au niveau de la  Société nationale burkinabè d’hydrocarbures (SONABHY) pour accroître ses capacités de  remplissage de bouteilles, notamment en pensant à des équipes de rotation 24h sur 24, par exemple. De septembre à octobre, on est loin de rattraper le retard et ce phénomène inquiète SODIGAZ.

A quoi cela est-il dû ?

 

Cela est dû au fait que la SONABHY n’arrive pas à mettre suffisamment de gaz dans suffisamment de bouteilles pour satisfaire la demande des consommateurs.

 

Comment expliquez-vous  que les pénuries de gaz  surviennent aux mêmes périodes depuis des années ?

 

La consommation de gaz butane explose pendant 3 périodes dans l’année : l’hivernage de juin à septembre, la période de décembre-janvier-février et exceptionnellement la période du jeûne ou mois de ramadan chez les musulmans. Cette année, le jeûne musulman a coïncidé avec l’hivernage. Donc, ça fait une forte pression de la demande qui, malheureusement, n’est pas satisfaite par la Société en charge du remplissage, la SONABHY. Les sociétés de distribution de gaz ne font que transporter les bouteilles de gaz chargées pour les consommateurs. S’il n’y a pas suffisamment de bouteilles chargées, nous ne pouvons rien apporter aux consommateurs.

 

SODIGAZ a semblé disposer de solutions au problème de pénurie  de gaz, avec notamment le centre emplisseur. Qu’en est-il ?

 

SODIGAZ, en tant que première société de distribution ayant la plus grande part de marché, s’est donné toujours le devoir et la responsabilité d’être en avant de la recherche de solutions au problème de pénurie. En tant que société commerciale, SODIGAZ ne tire aucun plaisir  à mettre les clients dans une situation d’insatisfaction. Depuis 2010, nous avons tiré la sonnette d’alarme en disant que le remplissage constitue le problème à résoudre urgemment. De ce fait, en 2015, la possibilité a été donnée aux sociétés, ainsi qu’aux marqueteurs,  de disposer de leurs propres centres emplisseurs. Suite à la pénurie assez difficile de décembre 2014, il nous avait été demandé de faire en sorte, pendant la période de juin 2015, qu’il y ait plus de solutions à travers le centre emplisseur de SODIGAZ. Malheureusement, le centre emplisseur mis en place depuis 2015, à notre niveau, n’est pas fonctionnel. Nous avons bataillé pendant plus d’une année pour avoir les autorisations, mais après cela, la SONABHY, jusqu’à présent, pour des raisons multiples que nous ignorons, ne nous a pas donné la possibilité de demarrer le remplissage de nos bouteilles de gaz.

Quelles sont les raisons du refus de la SONABY de vous donner les autorisations ?

 

C’est le problème de sécurité qu’elle a invoqué principalement, alors que notre centre emplisseur a fait l’objet de visite des services techniques du ministère de l’Energie, et le BUMIGEB a donné son autorisation.

 

Les Burkinabè doivent-ils se résoudre à vivre finalement avec les pénuries de gaz ?

 

Nous considérons que les Burkinabè ne peuvent pas se résoudre à vivre avec les pénuries de gaz. Voilà pourquoi nous interpellons les plus hautes autorités sur le problème. En tant que Burkinabè, nous demandons aux premières autorités du pays qui auront l’opportunité de voir ce temps de parole que vous nous donnez, de se pencher sérieusement sur la question. Allons-nous laisser les populations retourner au bois, détruire, je ne sais quelle forêt ? Le bois, le charbon, ne suffisent plus aujourd’hui pour les besoins domestiques, les besoins des petites activités commerciales de restauration, les besoins industriels naissant et en développement. Le gaz est une source d’énergie indispensable pour le développement du Burkina Faso. Aujourd’hui, le Burkina Faso n’a pas le choix que de consommer du gaz. Nous espérons que chacun jouera sa partition, l’Etat notamment à travers la SONABHY, les Sociétés de distribution dont  SODIGAZ qui a un rôle qu’il va jouer. Cette période de pénurie se caractérise par le fait que nous n’arrivons même  pas à avoir à peine 40 % du gaz que nous demandons à la SONABHY. De tout ce qui est présenté comme bouteilles vides, ce qui est rechargé ne vaut pas 40% de ce que nous avons présenté. Comment satisfaire les clients dans ces conditions ? Le cas du Burkina Faso est unique dans le domaine du gaz. Au 30e  Forum mondial du gaz à Marrakech au Maroc où j’étais,  on a des pays qui sont dans l’ordre de 200 000 à 300 000 tonnes de gaz distribué. D’autres sont à 2 000 000 voire 3 000 000 de tonnes de gaz distribué, alors qu’au Burkina, on est à 70 000 tonnes de gaz distribué et malgré cela, le gaz manque. Ça fait quand même honte et c’est révoltant.

 

Comment se fait-il que souvent le gaz manque dans les boutiques de distributeurs agréés alors que des revendeurs en disposent au bord du goudron, avec une augmentation de 1 000 F CFA  voire 1 500 F CFA sur le prix de la bouteille ?

 

Cela est dû, premièrement, au fait que le secteur n’est pas suffisamment encadré. Nous avons été pionnier dans la proposition de solutions.

 

« La surenchère est liée au fait que le produit manque sur le marché »

 

Nous avons fait des propositions à travers la structure de règlementation des prix du gaz (UGAE). Deuxièmement, la surenchère est liée au fait que le produit manque sur le marché. Si le produit inondait le marché, aucun commerçant n’aurait la possibilité de faire de la surenchère. Et nous sommes étonnés qu’à part nous, il y ait des propos qui disent qu’il n’y a pas de pénurie de gaz pendant que des Burkinabè se promènent sur de longues distances pour chercher du gaz.

 

Comment se porte le marché du gaz aujourd’hui au Burkina ?

 

Nous apprécions les efforts des uns et des autres, mais les efforts sont largement insuffisants. Il y a mieux à faire encore, par rapport à ce qui se passe autour de nous. J’exprime la compassion de SODIGAZ à l’endroit des consommateurs qui peinent à avoir du gaz, mais SODIGAZ n’en est aucunement responsable. Il y a encore beaucoup à faire pour arriver à un niveau optimal de satisfaction de la demande de gaz des consommateurs.

 

Quelles solutions envisagez-vous pour faire face à l’indisponibilité souvent prononcée du gaz pendant le mois de décembre ?

 

Nous présentons 20 000 à 30 000 bouteilles de gaz de 6 kg par jour à charger, et nous n’obtenons que 40% des bouteilles chargées en retour, soit entre 10 000 et 15 000 bouteilles chargées. En général, nous n’obtenons que 40% des bouteilles chargées sur l’ensemble des bouteilles que nous présentons pour être chargées. Le mois de décembre pourrait être pire si les choses se maintiennent ainsi. Si le remplissage (dont SODIGAZ n’est pas responsable) n’est pas activé, les clients vont encore souffrir en décembre. Nous attirons comme d’habitude l’attention des autorités, à travers notre partenaire qu’est le fournisseur SODIGAZ, sur la situation, la ligue des consommateurs ainsi que les consommateurs et la Société civile sur la nécessité de trouver une solution. Les distributeurs de gaz ne sont aucunement responsables des souffrances des populations, dans leur demande de gaz.

 

Lonsani SANOGO

 

 


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