HomeA la uneFAURE GNASSINGBE ELU PRESIDENT DE LA CEDEAO : Le grand recul !  

FAURE GNASSINGBE ELU PRESIDENT DE LA CEDEAO : Le grand recul !  


C’est l’une des décisions phares du 51e sommet de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dont les lampions se sont éteints le 4 juin dernier à Monrovia, au Liberia. Il s’agit de la désignation du président togolais, Faure Gnassingbé, à la tête de l’organisation sous-régionale pour une durée d’un an, en remplacement de la Libérienne Ellen Johnson Sirleaf à qui le président de la Commission, Alain Marcel De Souza, a rendu au passage un hommage appuyé pour son implication dans la résolution de la crise gambienne. Soit dit en passant, le sommet a d’ailleurs prolongé le mandat des forces déployées à Banjul pour un an, afin d’aider les nouvelles autorités à stabiliser le pays qui sort d’une dictature vieille de 22 ans. Quant à la Guinée-Bissau, la CEDEAO a décidé du maintien de ses forces sur place, mais obligation a été faite au chef de l’Etat de trouver une solution à la crise politique qui paralyse le pays depuis près de deux ans. Mais de toutes ces décisions, celle qui retient le plus l’attention de l’opinion, c’est le fait d’avoir confié la présidence de l’organisation ouest-africaine à un chef d’Etat considéré comme le mouton noir de l’espace communautaire, en la personne de Faure Gnassingbé. Certes, on sait bien que la présidence en exercice de la CEDEAO est rotative, mais il n’est pas interdit de snober un dirigeant si celui-ci s’est illustré par sa mal gouvernance politique, comme l’a fait l’Union africaine (UA) qui, on se rappelle, avait refusé de confier son destin à un pestiféré comme Omar el-Béchir du Soudan.

Faure Gnassingbé constitue la seule brebis galeuse du groupe

Naturellement, cela n’avait pas été sans conséquence diplomatique, mais comme on le dit, « pour sauver la démocratie, aucun sacrifice n’est de trop ». En tout cas, il faut le dire, Faure Gnassingbé est loin d’être un exemple. Dictateur il l’est, au regard non seulement des circonstances dans lesquelles il est arrivé au pouvoir mais aussi par sa volonté maintes fois affichée de restreindre les libertés individuelles et collectives dans son pays. Antidémocrate il l’est également, puisque l’homme se pose en ennemi juré de l’alternance au Togo ; d’où son refus systématique d’opérer des réformes politiques profondes. On se rappelle, en effet, que Faure Gnassingbé était le seul chef d’Etat de la CEDEAO, qui, aux côtés du Gambien Yahya Jammeh, s’était ouvertement opposé à la limitation du nombre de mandats présidentiels en 2015, au moment où tout le monde s’accordait à dire qu’il s’agissait là d’une très bonne chose pour l’ancrage de la démocratie dans la sous-région. Pourquoi alors accepter qu’un tel dirigeant qui s’est montré indigne, prenne la tête d’une organisation comme la CEDEAO qui, en matière de gouvernance politique, a fait un bon qualificatif ? Non, Faure Gnassingbé ne mérite pas de diriger la CEDEAO. Car, après le départ de Yahya Jammeh, il constitue la seule brebis galeuse du groupe. Or, comme le dit l’adage, « les oiseaux d’un même plumage volent ensemble ». Mais lui, avec son pelage de satrape, il va sans dire que l’attelage sera difficile voire impossible.

B.O


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