HomeA la uneFETE DE RAMADAN : Le cardinal Philippe Ouédraogo était aux côtés des fidèles musulmans

FETE DE RAMADAN : Le cardinal Philippe Ouédraogo était aux côtés des fidèles musulmans


Le mercredi 6 juin 2016 a été une journée de célébration, par les fidèles musulmans, de « l’Aid el-Fitr ». Cette fête de « Ramadan » a débuté, à Ouagadougou, par une grande prière à la place de la « Révolution » qui a connu la présence des ministres Alpha Barry et Tahirou Barry, du président du Conseil constitutionnel, Kassoum Kambou, du Mogho Naaba Baongho et du Cardinal Philippe Ouédraogo.

 

Le Cardinal Philippe Ouédraogo sur le lieu de la prière de « l’Aïd el-Fitr ».

 

« Cette présence effective du N°1 de l’Eglise catholique du Burkina Faso aux côtés des musulmans, le 6 juin dernier, à la célébration de la fête de « Ramadan » ne saurait passer inaperçue. Elle n’est, du reste, pas surprenante pour les fidèles musulmans qui ont l’habitude de recevoir chaque année et sur les mêmes lieux, une délégation de « haut niveau » de la communauté catholique lors des grandes prières de fêtes musulmanes. Cet accompagnement des chrétiens aux musulmans dans leur fête, traduit un élan de solidarité qui se renforce entre les confessions religieuses. Cet élan de solidarité qui est l’une des valeurs cardinales de consolidation et de préservation de la cohésion sociale semble être sur la bonne voie et mérite d’être constamment cultivé. Il traduit une maturité d’esprit religieux et une volonté manifeste clairement affichée par les

différents acteurs religieux de vivre ensemble dans la paix, la fraternité, la solidarité et la complémentarité. Ces valeurs susceptibles d’assurer une fondation solide à la construction et au développement véritable du pays, ont été justement les maîtres mots prônés par le grand imam de la mosquée de Ouagadougou, El Hadj Cheick Aboubacar Sana, qui a dirigé la prière de la fête du « Ramadan » à la place de la « Révolution ». A notre arrivée sur les lieux aux environs de 8h, des fidèles musulmans les avaient déjà pris massivement d’assaut pour participer au culte religieux, munis de leurs tapis et habillés en majorité en blanc. Visages décontractés, ils étaient visiblement contents d’avoir réussi à accomplir, pour la plupart, les 29 ou 30 jours imposés par le devoir du 4e  pilier de l’islam qui est le jeûne du mois béni de Ramadan. C’est sans doute avec le sentiment de ce devoir accompli que les fidèles musulmans ont entamé la grande prière débutée après la pluie bienfaisante qui a arrosé la capitale dans la matinée, comme pour rendre la fête encore plus « belle ». Quoi qu’il en soit, le climat du jour de fête était favorable et propice à l’écoute du message prononcé par l’imam Sana qui a traduit, dans son sermon, la reconnaissance des croyants à Allah (Dieu) pour leur avoir accordé la force et la paix pour accomplir le jeûne. Le grand imam a également demandé au Tout Puissant  d’accorder davantage la paix au Burkina Faso et l’a imploré  pour qu’y règnent pour toujours la cohésion sociale et la stabilité. Pour ce faire, il a invité tous les Burkinabè à jouer pleinement leur partition et formulé des bénédictions pour la préservation de la paix, de l’unité nationale, de la tolérance. De même, le pardon, l’acceptation de l’autre, le civisme, le savoir- vivre en communauté … ont été prônés par Cheick Aboubacar Sana dans son prêche qui a été religieusement suivi par les fidèles, invités à maintenir après le jeûne, le cap de l’adoration de Dieu suivant les prescriptions requises.

 

Ensemble, la main dans la main

 

L’occasion de la fête a été saisie pour prier afin que les pluies soient abondantes et bienfaisantes pour une bonne saison agricole. Ce vœu a été également réitéré par Sa Majesté le Mogho Naaba Baongho : « Que Dieu nous donne la santé! Nous prions pour que règne la paix au Burkina Faso, dans le monde et nous souhaitons qu’il y ait une bonne saison des pluies ». Ce souhait a été exprimé par le ministre des Affaires étrangères, de la coopération régionale et des Burkinabè de l’extérieur, Alpha Barry, qui a émis d’autres  vœux de prospérité, de tranquillité et de paix pour le pays. Il en est de même pour son collège en charge de la Culture, des arts et du tourisme, Tahirou Barry, fortement attaché à la réconciliation nationale. « Nous implorons Allah pour qu’il comble le Burkina Faso de toute sa grâce, de toute sa protection et de toute sa miséricorde. Qu’il facilite la réconciliation des cœurs de toutes les filles et de tous les fils de ce pays et qu’il veille sur eux pour que nous regardions ensemble dans la même direction et travaillions à la construction nationale », a déclaré Tahirou Barry. Pour lui, la fête du « Ramadan » est un jour de miséricorde. Cette fête se révèle surtout, de l’avis du vice-président de la communauté musulmane, Ahmed Hatimi Démé, comme un jour de joie, de fraternité, de partage, après un mois de privations, d’abstinence et d’adoration d’Allah. C’est pourquoi, les fidèles se retrouvent pour remercier et rendre grâce à Dieu, a-t-il expliqué, de leur avoir permis d’atteindre ce jour, d’avoir répandu sur eux sa miséricorde. « Que l’on soit musulman et que votre frère soit chrétien, vous avez le droit de vous saluer, de vous serrer la main et de fêter ensemble. C’est cela aussi la fraternité et l’humanité », a confié Ahmed H. Démé. Celui-ci a apprécié, de façon très positive, la démarche de la communauté catholique qui vient se joindre aux musulmans pour la fête. « Depuis très longtemps, la communauté chrétienne, notamment catholique, a toujours entretenu des relations très voisines avec la communauté musulmane. Chaque année, à chaque fête, le Cardinal se déplace en personne sur le lieu de prière pour nous féliciter pour cette fête. Cette démarche est à féliciter car elle s’inscrit dans le cadre d’un dialogue positif entre les religions. Cela encourage tous ceux qui vont investir pour la paix au Burkina Faso ». Même conviction pour le Secrétaire général de la communauté musulmane, Mohamed Ouédraogo. Pour lui, l’instauration d’un dialogue positif entre les confessions religieuses permet à toutes les communautés de vivre en bonne intelligence dans la paix, au profit du développement du pays. C’est pourquoi  le chargé des finances de la communauté musulmane, Nour Guenda, a recommandé des prescriptions sociales, au-delà de celles religieuses, qui sont assez claires. « Nous sortons des actes de prière où nous avons demandé de nous rapprocher de Dieu. Mais on ne s’approche pas de Dieu sans s’approcher des Hommes. Parce que Dieu passe par les Hommes et les Hommes passent par Dieu. A la fin de ce jeûne, nous disons aux fidèles de  s’approcher plus de leurs frères, qu’ils soient musulmans ou pas, pour leur signifier leur amour et leur solidarité, le bon voisinage », a confié Nour Guenda. Et de souhaiter que l’accompagnement des musulmans par l’Eglise catholique qui est devenue, selon lui, une tradition, fasse tâche d’huile. « Cela est très important car de nos jours, on parle de tolérance et de dialogue inter-religieux. C’est un acte de tolérance ; nous les avons avec nous et nous sommes très fiers parce que c’est un message fort que le cardinal envoie aux autres de sa communauté, pour leur demander un rapprochement entre religions car la religion ne saurait être une raison pour éloigner les uns et les autres », a indiqué Nour Guenda.

 

Saïdou ZOROME

(Collaborateur)

 

Le Cardinal Philippe Ouédraogo à l’issue de la prière de la fête de Ramadan

 

Aujourd’hui est un évènement religieux de grande importance pour nos frères musulmans. Et comme le dit la sagesse, ce qui appartient au marigot, appartient au caïman. La fête de nos frères musulmans est celle de nous tous, les chrétiens, les croyants. Ensemble, musulmans et chrétiens, nous devons travailler pour un monde meilleur, un monde de compassion, un monde qui prend en compte tous ceux qui souffrent, les pauvres, les chômeurs, etc. Musulmans et chrétiens, nous sommes ensemble les bénéficiaires de la miséricorde et nous devons être les instruments de la miséricorde. Nous avons tous besoin du pardon du Seigneur et nous sommes aussi instruments. Le Pape souhaite que chrétiens et musulmans se donnent la main, s’entendent pour changer ce monde, un monde plus beau, plus fraternel, un monde qui s’aime, un monde où les pauvres, les chômeurs, les souffrants, les malades sont considérés et aidés. Voilà le message de miséricorde que nous apportons à nos sœurs et frères musulmans. Que Dieu bénisse les communautés musulmane, chrétienne et tout le Burkina Faso. Bonne fête à tous !

 

Propos recueillis par

  1. Z

 


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