HomeA la uneFETE DU TRAVAIL SUR FOND DE FRONDE SOCIALE. : Quand le dilettantisme le dispute au laxisme

FETE DU TRAVAIL SUR FOND DE FRONDE SOCIALE. : Quand le dilettantisme le dispute au laxisme


 

Les supputations vont bon train depuis le report in extremis et sans explication officielle, de la restitution des travaux du comité technique mis en place au lendemain de la conférence sur la réforme du système des rémunérations, tenue en juin 2018. C’est aujourd’hui même que le président dudit comité, le Docteur Salifou Sangaré et son équipe, devaient rendre public le rapport tant attendu, mais on devra encore faire preuve de patience parce qu’il semble que les différents acteurs dans cet épineux dossier des rémunérations des agents publics, ne sont pas parvenus à accorder leurs violons. C’est vrai qu’au regard du paysage salarial et indemnitaire disparate et à géométrie variable d’une part, des menaces et des mises en garde de certains syndicats qui cherchent à tout prix à engranger ou à préserver des acquis d’autre part, le rendez-vous de ce 30 avril aurait pu déclencher une avalanche de mouvements sociaux aux conséquences imprévisibles. Les puissants syndicats de la Justice et de l’Education ont déjà brandi le sabre pour des raisons différentes, alors que d’autres sont en train d’aiguiser le leur et attendent de voir si la remise à plat des salaires rime avec l’augmentation du pouvoir d’achat de leurs membres, comme ils l’espèrent. Dans cette ambiance particulièrement délétère, ce sont les ministres interlocuteurs des syndicats frondeurs qui sont en bien mauvaise posture, d’autant qu’ils auront de la peine à convaincre leurs partenaires sociaux du bien-fondé de la réforme en cours, surtout si cette dernière doit consacrer la perte d’avantages acquis et la fin de certaines de leurs revendications sectorielles. Les arguments seront d’autant plus difficiles à trouver que quelques jours auparavant, leur collègue des finances avait miraculeusement réussi à « rétablir la connexion du réseau informatique dans son ministère », en concédant la bagatelle de 65 milliards de F CFA à ses agents pour supposément éponger leurs prêts bancaires.

C’est la solidarité gouvernementale qui risque d’être mise à mal

De quoi faire croire aux autres syndicats qu’ils pourraient être les dindons de la farce s’ils ne mettaient pas la pression sur ce « généreux » gouvernement afin de bénéficier de quelques avantages avant l’adoption d’une nouvelle grille salariale et indemnitaire, à la suite de la réforme globale des rémunérations. Et voilà qui fragilise la position de tous ces ministres qui avaient plus ou moins maîtrisé leurs troupes en leur opposant l’argument de la sécheresse financière du Trésor public et en leur promettant le nivellement par le haut de la plupart des salaires, dans le cadre de la réforme voulue par le président du Faso. Du coup, c’est la solidarité gouvernementale qui risque d’être mise à mal, puisqu’il semble que certains chefs de départements seraient prêts désormais à agir en solo pour sauver la face, quitte à mettre leur démission dans la balance du chef de l’Etat au cas où celui-ci désapprouverait leurs méthodes. Le comble, c’est que le président lui-même ne serait pas étranger à ce manque de lisibilité dans l’action gouvernementale, puisqu’il continuerait officieusement à privilégier les règlements au cas par cas des problèmes soulevés par les différents syndicats, alors qu’on s’était apparemment engagé dans la voie du traitement salarial général et impersonnel, dans un souci d’équité entre tous les fonctionnaires. Nous pensons que c’est cette gestion en dilettante d’une question ultrasensible comme celle portant sur les salaires, qui suscite les convoitises, et non le manque de patriotisme, et l’insatiabilité des fonctionnaires comme on veut nous le faire toujours croire. Cela dit, les syndicats de la Fonction publique ne doivent pas abuser de la mollesse ou du paternalisme réels ou supposés du président du Faso, et fragiliser davantage le pays, au moment où des compatriotes sont quotidiennement assassinés et des milliers d’autres contraints à un exil intérieur. Sans abandonner leur vocation première qui est de défendre les intérêts moraux et matériels de leurs affiliés, les syndicats devraient donner, ne serait-ce que de la voix, pour contribuer au sauvetage de la Nation en péril. Malheureusement, sur ce terrain-là, ils sont moins audibles, préférant concentrer leurs tirs et leurs critiques sur la « mangeoirité présidentielle » qui trouverait du plaisir à faire main basse sur nos maigres ressources, sans daigner offrir la moindre portion congrue aux travailleurs qu’ils représentent. Espérons que les discours qu’ils débiteront et les actes qu’ils poseront ce 1er mai à l’occasion de la célébration de la fête du travail, nous démentiront. Nous serons particulièrement attentifs au contenu du cahier des doléances qui sera remis au ministre de la Fonction publique, du travail et de la protection sociale, et surtout à la traditionnelle marche-meeting pour voir si l’inévitable invite à l’unité d’action syndicale, sera suivie d’appels à l’union sacrée et au patriotisme à l’endroit de tous nos compatriotes, à commencer par les travailleurs, afin que notre pays reste et demeure cet espace viable, où on peut se rendre à son poste de travail et rentrer chez soi le moment venu, en toute sécurité.

Sidzabda


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