HomeA la uneFICHAGE DES ELEVES MUSULMANS PAR LE MAIRE DE BEZIERS : Quand un « sans frontières » s’amuse à ériger des frontières

FICHAGE DES ELEVES MUSULMANS PAR LE MAIRE DE BEZIERS : Quand un « sans frontières » s’amuse à ériger des frontières


Le maire de Béziers, Robert Ménard, a-t-il succombé aux démons de l’islamophobie? La question mérite d’être posée, tant ses propos sur France 2 au sujet des élèves musulmans, ont fait l’effet d’une bombe. De fait,  l’ancien Secrétaire général de Reporters sans frontières, aujourd’hui maire de Béziers sous la bannière du Front national (FN), a révélé avoir recensé 64,6% d’enfants de confession musulmane dans les écoles de sa ville, en se basant sur leurs prénoms. Une déclaration qui lui a valu l’ouverture d’une enquête préliminaire par le parquet de Béziers pour fichage illégal.  C’est que cette pratique a suscité l’indignation des autorités françaises, notamment le président de la République, François Hollande.    Car, il y a là, indiscutablement, entorse  à la morale et aux valeurs de la république.

Certes, on peut comprendre que dans une  France de plus en plus  gagnée par des actes de violence signés   de Mohamed Merah, Kouachi et autres Coulibaly, qui font, hélas, le lit  d’un certain amalgame entre le terrorisme et l’islam, l’Hexagone soit sur les dents au point de prendre  des mesures pour parer à toute éventualité. Mais de là à ficher, comme vient de le faire Robert Ménard, d’innocents élèves parce qu’ils portent un prénom musulman, c’est assurément un pas que le maire “frontiste” n’aurait pas dû franchir, tant son comportement remet en cause les valeurs et fondements de la République. Que les  apparences sont  parfois trompeuses ! Qui aurait cru que Robert Ménard serait capable d’un tel acte ? Lui qui, à l’époque où il était Secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF),  combattait l’injustice, la violation des libertés individuelles et collectives et s’était érigé en défenseur intraitable et intrépide de la liberté de presse ! Lui qui, a priori, ne se souciait pas  de savoir si la cause défendue était portée par des musulmans ou des chrétiens.  A présent, tout cela est à revoir. En tout cas, après son acte, on a des raisons de se demander si Robert Ménard, durant tout le temps qu’il a dirigé RSF,  n’était pas un personnage à double visage.  Un personnage qui a toujours su cacher son  jeu.

Tout patronyme musulman ne signifie pas forcément que l’on est terroriste ou que l’on épouse la cause du terrorisme

On revoit encore le flamboyant Don Quichotte de la liberté de presse, tout  à la fois coriace et engagé, qui troublait le sommeil des autorités burkinabè à l’époque, au plus fort de la crise consécutive à l’odieux assassinat du journaliste d’investigation, Norbert Zongo en 1998.  Une détermination à toute épreuve qui lui avait d’ailleurs valu la sympathie de millions de Burkinabè à l’époque encore sous le choc de la tragédie de Sapouy. Un engagement qui lui avait d’ailleurs occasionné son expulsion du Burkina par le régime de Blaise Compaoré. Voir aujourd’hui ce monsieur agir de cette manière, il y a assurément de quoi y perdre son latin.

Certes, d’aucuns diraient que la politique transforme l’homme. Mais qu’un tel comportement provienne d’un homme censé  incarner des valeurs que portait  RSF, c’est vraiment à ne rien y comprendre.   Après donc avoir été un homme “sans frontière”, Robert Ménard s’amuse à présent, entré en politique,  à ériger des frontières ! De quoi méduser  plus d’un Burkinabè !

Mais bref,  Robert Ménard  a, au moins, le mérite d’afficher tout haut ce que bien des Français n’ont pas le courage de dire ouvertement.  Combien de Français sont-ils, à approuver, dans leur  for intérieur, l’acte de l’ancien patron de RSF ?  C’est un secret de Polichinelle : l’islamophobie a pignon sur rue en France et ce n’est pas le FN qui dira le contraire. D’ailleurs, cette islamophobie  a davantage gagné du terrain avec l’attentat contre Charlie Hebdo et l’attaque de l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes à Paris. Si bien que tout prénom à connotation musulmane est aujourd’hui vite assimilé au Satan musulman. Attention ! Tout patronyme musulman ne signifie pas forcément que l’on est terroriste ou que l’on épouse la cause du terrorisme, ou même que l’on est musulman.  Et tant que les Français ne prendront pas cela en compte, on continuera, hélas,  à déplorer des comportements du genre de celui de Robert Ménard.

Dabadi ZOUMBARA


Comments
  • L’homme change!!!! Je suis tout retourné!!! j’ai rencontré Robert Menard avant qu’il ne soit expulsé par Djibril Bassolet alors ministre de la sécurité. Je garde de lui l’image d’un homme épris de justice, d’égalité . Il était venu participer aux travaux de la commission chargée de faire la lumière sur l’assassinat ignoble du journaliste Norbert Zongo. Je me rappelle encore que ses frais de séjour n’étaient pas assurés par l’Etat mais par RSF. Il vivait donc de façon très modeste. Quel monstre est-il devenu?!

    7 mai 2015
  • Tant que l’Africain naïf ne comprendra pas que l’occidental ne travaille que pour le bien être de l’occident, en toute circonstance , nous aurons ce genre de post désabusé !Lol!
    Le titre est fort à propos ! juste préciser que”sans frontières chez vous, frontières chez nous” car ils se battent pour le démantèlement de nos frontières non pour notre bien mais pour qu’ils soient tranquilles chez eux, maintenant qu’ils ont fini de tirer profit des fronti-res qu’ils nous ont imposé en son temps: briser l’avancée de l’unité africaine pour mieux faire main basse sur nos états!
    Pauvre Afrique naïve!

    9 mai 2015

Leave A Comment