HomeA la uneGESTION DES BIENS PUBLICS EN AFRIQUE :La nécessité d’un esprit nouveau

GESTION DES BIENS PUBLICS EN AFRIQUE :La nécessité d’un esprit nouveau


La mal gouvernance a la peau bien dure en Afrique. Quand ce ne sont pas des problèmes d’atteinte à la démocratie, ce sont des problèmes de corruption, de détournements de fonds publics ou d’abus de biens sociaux qui défraient la chronique au quotidien.

Au Mali, les autorités ont récemment lancé une opération de récupération de certains biens de l’Etat, notamment des véhicules qui auraient été détournés par des pontes du régime à des fins personnelles. S’il faut saluer cette mesure dont on se demande si elle est l’une des conséquences de l’implication  du FMI dans les affaires maliennes, depuis l’acquisition controversée de l’avion présidentiel, il faut dire que le cas malien est loin d’être un cas isolé sur le continent.  Il est plutôt illustratif de la situation de bien des pays africains où le problème de la gestion saine des biens publics se pose avec acuité, et est en passe de devenir un des défis majeurs pour nos gouvernants. Et le Burkina Faso n’échappe pas à cette règle. Pour s’en convaincre, il suffit de voir comment certains véhicules de l’Etat sont utilisés pour des besoins qui, parfois, n’ont rien à voir avec ceux de l’Etat, par certains responsables. Si ce ne sont pas les enfants qui sont amenés  à l’école par le chauffeur avec le véhicule du service, c’est l’épouse ou la domestique qui est transportée au marché pour faire des emplettes. Pendant ce temps, certains agents de l’Etat ne disposent d’aucun moyen de transport pour faire leur travail sur le terrain. Par ailleurs pendant que certains services de l’Etat ne disposent pas du moindre véhicule, certaines personnalités disposent à elles seules de deux à trois véhicules, voire plus. D’où la nécessité d’un changement radical, pour plus d’efficacité dans l’action gouvernementale. Cela passe nécessairement par la prise de mesures vigoureuses  afin d’inculquer un esprit nouveau aux dirigeants africains.

Le bien public est sacré et il convient d’en prendre le plus grand soin

 Pour le cas spécifique de l’utilisation et de la gestion des véhicules de l’Etat, beaucoup d’efforts restent encore à faire. Malgré les contrôles sporadiques, il n’est pas rare de voir certains dirigeants gérer, sans aucune gêne, les biens de l’Etat comme s’il s’agissait de leur propriété personnelle. Cela traduit à souhait la mauvaise conception que les gens ont du bien public sous nos tropiques. Quand ce ne sont pas des populations ou des agents qui n’ont cure de l’entretien des biens publics, parce que ces biens de l’Etat sont la propriété de tous et de personne à la fois, ce sont des dirigeants qui se les approprient tout bonnement à des fins personnelles. Ainsi, certains vont même jusqu’à refuser de rendre les véhicules de l’Etat, une fois qu’ils ont été déchargés de la fonction pour laquelle le véhicule leur a été affecté.

Par ailleurs, l’on peut se demander comment le recensement des véhicules de l’Etat est fait, s’il en existe  un état fiable et maîtrisé de la situation, et   s’il y a un suivi réel et sérieux qui en est fait. Car, il n’est pas rare de trouver dans certains services, des véhicules garés pendant longtemps, pour un simple problème de batterie, de pneus ou autre petite panne anodine. Pendant ce temps, certains agents indélicats se permettent de remplacer les roues usagées de leurs véhicules personnels par des roues neuves de véhicules de l’Etat, quand ce ne sont pas des blocs moteurs entiers qui  sont soustraits. Ce sont là autant d’actes répréhensibles qui exigent un changement de mentalité  par rapport à l’utilisation des biens publics. Il faut avoir le courage de prendre le problème à bras-le-corps, et de travailler les esprits dans ce contexte de renouveau au Burkina. Le jeu en vaut la chandelle, car, au bout du compte, c’est bien le contribuable qui paie les pots cassés.

En tout état de cause, le bien public est sacré parce qu’il est le bien commun, le bien de tous, et il convient d’en prendre le plus grand soin.

Outélé KEITA


Comments
  • Belle interpellation mais hélas, mille fois hélas. Aujourd’hui, il y a une nouvelle forme d’utilisation des véhicules de l’Etat avec la bénédiction du ministère de l’économie et des finances. Un ex premier ministre avait exigé que tous les véhicules de l’Etat soient en fond rouge, après son départ, les vieux démons sont revenus avec de nouvelles idées: les 4×4 des ministres, SG de ministère et de certaines personnalités sont en fond blanc. Conclusion, vous garez devant une boite de nuit(pour ironiser) et le véhicule juste à côté de vous est un bien public mais en fond blanc. Quand je pense que je contribue avec mes maigreurs pour qu’on dépose l’enfant de X à l’école alors que le mien prend le bus n° 11(même pas un vélo) ou encore qu’il y a un véhicule de l’Etat prêt à envoyer la dame de Y au marché juste derrière l’archevêché de Ouaga (boinse yaaré), faites y un tour vers 17h vous comprendrez, je me dis que je suis en droit de réclamer qu’on me donne mon IUTS et que je le paie quand je veux au lieu de me le couper à la source pour que des gens mal intentionné en profite. Pour moi, en dehors de la police et de la gendarmerie, pour des raisons d’enquêtes, tous les autres doivent avoir un fond rouge obligatoirement même le PM (pour lui sa plaque doit être PM). La dernière fois à 22h alors que j’étais sorti prendre une guigui, j’ai vu un fond rouge garé dans un angle mort. J’ai pris des photos et le monsieur sans se gêner est venu me menacer quand il a su que j’étais dans le domaine de la communication il a supplié et demandé aux gens de me demander pardon. Heureusement que le régime est tombé, imaginé un instant s’il était toujours en force. Il reste un gros travail à faire ici au Faso, la DECOLONISATION des mentalités.

    11 novembre 2014
  • Le problème est le même dans toutes les ex colonies francaises en afrique avec la benediction des politiciens aventuriers et arrivistes voire opportunistes sans foi ni loi en quete du gain facile. La nature leur demandera des comptes sous peu car tout se paie ici bas. Blaise compaore et les siens ont commence leur enfer sur terre tant qu’ils n’auront pas la paix du coeur pour avoir abuse des populations vivotant dans la misere.

    11 novembre 2014

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