HomeA la uneGESTION MAFIEUSE DES SERVICES PAYES DE LA POLICE NATIONALE : La République est vraiment malade !

GESTION MAFIEUSE DES SERVICES PAYES DE LA POLICE NATIONALE : La République est vraiment malade !


Il y a peu, un mouvement d’humeur avait été observé au sein de la police nationale. La raison principale de cette grogne, initiée par la troupe, était liée au mode de gestion des services payés. Il était notamment reproché à la hiérarchie policière de s’en servir comme s’il s’agissait des produits de son jardin potager. Et tout cela, au détriment de l’Etat et de ceux qui se tuent à la tâche pour permettre à l’institution policière d’engranger la manne générée par ces services payés. C’est alors que les autorités en charge de la police ont voulu en savoir davantage sur la question. A cet effet, l’inspection technique des services a été saisie pour tirer l’affaire au clair. Celle-ci, au bout de ses investigations, a produit un rapport dont le contenu a été rendu public. Le moins que l’on puisse dire, c’est que des révélations effarantes de nature à ternir l’image de l’institution policière, ont été portées à la connaissance de l’opinion. Ce rapport fait état des faits suivants : de janvier 2016 à février 2017, plus de deux milliards de F CFA ont été produits par les services payés  et plus d’un milliard de F CFA était destiné au personnel. De cette cagnote, des responsables de l’institution ont prélevé des sommes qu’ils se sont partagées. Un pourcentage, note également le brûlot, des recettes des services payés était réservé aux œuvres sociales. L’argent obtenu à cet effet a été tout simplement détourné. Les enquêteurs ont, par ailleurs,  fait ressortir que sur une somme de 373 166 064 F CFA affectée au fonctionnement, 53% des dépenses ne sont pas justifiées. Bref, le chapelet des manquements est long. L’on peut d’emblée saluer la diligence avec laquelle les inspecteurs techniques ont abattu ce boulot qui, au risque de blesser leur modestie, semble de qualité. L’on peut également rendre hommage aux autorités qui ont permis que l’enquête ait lieu. Et le fait rare pour être relevé et salué à sa juste mesure, c’est que le rapport, contrairement aux pratiques du passé, a été porté à la connaissance du public. C’est la preuve que quelque part, le devoir de redevabilité est en train d’être pris en compte par les autorités. Et leur mérite aurait été plus grand, si elles avaient eu le nez creux de s’autosaisir de cette affaire avant le tintamarre de la troupe.

 

L’idéal est de se démarquer de la posture de l’autruche

 

En effet, l’on peut se poser la question suivante. Sans le coup de sang de la troupe, est-ce que les autorités auraient diligenté cette enquête ? La question est d’autant plus pertinente que la puanteur suscitée par cette affaire sordide, avait envahi la cité depuis longtemps. Seulement, l’on pouvait avoir l’impression que la loi de l’omerta était strictement observée pour des  raisons que l’on peut facilement imaginer. Sous Blaise Compaoré, il fallait pratiquement être fou pour oser seulement en parler. Aujourd’hui donc, le contexte a changé. Et la parole citoyenne a été libérée. De plus en plus, les tares de la république, cachées pendant plus d’un quart de siècle au peuple, sont en train d’être exhumées. Et au Burkina plus qu’ailleurs, désormais, rien ne peut arrêter ce mouvement. Et c’est tant mieux pour l’intérêt général. En effet, les informations contenues dans le rapport des inspecteurs techniques sont suffisamment révélatrices du fait que la république est vraiment malade. Sinon, comment comprendre que des responsables d’une institution fondatrice de l’Etat, comme la police, censés de ce fait travailler à la moralisation de la gestion des deniers publics, s’adonnent sans  aucun scrupule à des pratiques qui sont aux antipodes des valeurs qu’ils défendent ? En vérité, ils sont moralement et déontologiquement disqualifiés pour exécuter les tâches pour lesquelles ils ont été recrutés. Ils manquent également de légitimité pour indiquer la voie à la troupe. Car, ils ont touché le fond de l’indécence. Il y a 20 ans, la troupe n’aurait pas eu la même réaction. Mais aujourd’hui, la donne a changé et qualitativement. Les jeunes policiers, de plus en plus, dans une grande proportion, ont un niveau d’instruction élevé. Ils sont censés donc connaître leurs droits. Et vouloir les empêcher d’exprimer leurs frustrations par des actes d’intimidation, peut s’apparenter au fait de vouloir arrêter la mer avec ses bras. L’idéal donc, est de se démarquer de la posture de l’autruche. L’heure est, par conséquent, venue d’appliquer à la police la thérapie qui sied. Celle-ci passe d’abord par un toilettage sans complaisance des textes qui ont ouvert, peut-on dire, un boulevard aux manquements dont fait cas le rapport. Car, il faut le dire, ces textes sont devenus anachroniques. Ils ont certainement été taillés sur mesure à l’époque, pour permettre à des individus de se sucrer sur le dos de la république. L’autre direction que pourrait prendre la thérapie, est de mettre un point d’honneur à placer à la tête de l’institution policière des hommes et des femmes qui ont un sens très élevé de l’Etat et de leurs responsabilités. Enfin, l’on doit s’inscrire résolument dans une logique qui consiste à observer une tolérance zéro vis-à-vis de tous ceux qui trichent avec la république et ce, quels que soient leurs grades. Le pouvoir de Roch Marc Kaboré aura-t-il le courage de prendre cette option ? En tout cas, il faut le souhaiter. Car, point de salut pour la république en dehors de cela.

 

SIDZABDA


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