HomeA la uneGONORRHEE OU CHAUDE-PISSE : « Elle peut infecter le pénis comme le vagin », selon Dr Sylvie Dodin

GONORRHEE OU CHAUDE-PISSE : « Elle peut infecter le pénis comme le vagin », selon Dr Sylvie Dodin


La gonorrhée, connue dans le langage familier sous le nom de « chaude-pisse », est une Maladie sexuellement transmissible (MST). Cette infection qui est parfois détectée aussi bien chez les hommes que chez les femmes, est causée par plusieurs facteurs. Dans cette interview du gynécologue Dr Sylvie Dodin, les facteurs de contraction et les moyens de prévention de l’infection sont développés. Lisez !

 

« Le Pays » : Que peut-on entendre par chaude-pisse ou gonorrhée ?

 

Dr Sylvie Dodin : La gonorrhée, communément appelée «chaude-pisse», urétrite ou blennorragie, est une Maladie sexuellement transmissible (MST), attribuable à la bactérie Neisseria gonorrhoeae. Elle est le plus souvent détectée chez les hommes que chez les femmes, peut-être parce que chez les hommes, elle entraîne des signes évidents, alors que chez plus de la moitié des femmes, cette infection n’entraîne aucun signe visible. Les hommes âgés de 21 à 30 ans et les jeunes femmes de 16 à 25 ans sont les plus touchés par le diagnostic de cette MST. Elle peut infecter le pénis, le vagin, l’urètre, le rectum, la gorge et parfois les yeux. Chez les femmes, le col de l’utérus peut également être endommagé.

 

Quelles sont les causes de cette infection ?

 

La gonorrhée se transmet lors des relations sexuelles orales, anales ou vaginales non protégées avec un partenaire infecté, par l’échange de liquides biologiques et le contact des muqueuses. Elle est rarement transmise par cunnilingus. C’est une maladie qui peut aussi être transmise pendant l’accouchement au nouveau-né par sa mère infectée, provoquant ainsi une infection oculaire.

 

Quelles sont les conséquences de la gonorrhée ?

 

Chez la femme, une gonorrhée peut entraîner une maladie inflammatoire pelvienne, c’est-à-dire une infection des organes reproducteurs que sont les trompes de Fallope, les ovaires et l’utérus. Elle peut être la cause d’une infertilité, accroître le risque de grossesses extra-utérines et être à l’origine de douleurs pelviennes chroniques.

Chez l’homme, la gonorrhée peut provoquer une inflammation de la prostate (prostatite) ou des testicules (épididymite), pouvant entraîner l’infertilité. Elle augmente également les risques de transmission du VIH. Par ailleurs, un nouveau-né infecté par sa mère peut souffrir de graves problèmes oculaires ou d’infections sanguines (septicémie).

 

A quel moment faut-il consulter un médecin ?

 

Après une relation sexuelle à risque non protégée, consultez immédiatement un médecin pour passer des tests de dépistage. En cas de signes d’infection génitale, brûlures en urinant chez l’homme, il faut aller en consultation.

Les signes de gonorrhée ou blennorragie se manifestent habituellement 2 à 5 jours après le moment de l’infection chez l’homme mais, ils peuvent sans doute se manifester autour d’une dizaine de jours chez la femme, voire davantage. L’infection peut apparaître au rectum, au pénis, sur le col de l’utérus ou dans la gorge. Chez les femmes, l’infection passe inaperçue dans plus de la moitié des cas, n’entraînant aucun signe particulier.

 

Comment la gonorrhée se manifeste-t-elle ?

 

Chez l’homme

 

Les signes sont souvent très importants, et l’on parle classiquement de sensation de « pisser des lames de rasoir » !

 

On peut citer :

Un écoulement purulent et jaune verdâtre par l’urètre,

–  Les difficultés à uriner,

– Une sensation de brûlure intense en urinant,

– Un picotement au niveau de l’urètre,

Des douleurs ou gonflements au niveau des testicules,

– Des douleurs ou écoulements du rectum.

Un homme présentant ces signes, doit en parler à sa partenaire, car elle peut ne présenter aucun signe, même si elle est porteuse de la bactérie. Et dans 1 % des cas, les hommes présentent peu ou aucun de ces signes.

 

Chez la femme

 

La plupart des femmes ne présentent aucun signe de gonorrhée, et cela représente entre 70 et 90 % des cas ! Lorsqu’ils existent, ces symptômes se confondent souvent avec ceux d’une infection urinaire ou vaginale. Il s’agit de :

 

– L’écoulement vaginal purulent, jaunâtre ou parfois sanguinolent;

– L’irritation vulvaire;

– Le saignement vaginal anormal;

– Les douleurs ou pesanteurs pelviennes;

– Les douleurs lors des relations sexuelles;

– Les sensations de brûlure en urinant et difficultés à uriner.

 

En cas de rapport sexuel non protégé, il faut faire un dépistage, associé au dépistage de chlamydiae.

 

La gonorrhée anorectale est particulièrement fréquente chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) et peut se présenter avec les signes suivants :

 

– Démangeaisons au niveau de l’anus,

– Inflammation de l’anus,

– Ecoulement purulent au niveau de l’anus,

– Diarrhée,

– Saignement par l’anus,

– Gêne à déféquer…

En cas d’évolution, il y a quelques signes.

 

La gonorrhée de la bouche et la gorge n’est souvent associée à aucun signe notable. Parfois, il peut exister une pharyngite ou une angine qui régresse d’elle-même. Cette gonorrhée oropharhyngée est présente chez 10 à 40 % des HSH (hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes), 5 à 20 % des femmes ayant déjà une gonorrhée vaginale ou anorectale, et 3 à 10 % des personnes hétérosexuelles.

L’atteinte des yeux est rare chez l’adulte. Elle se produit par auto-infection ; la personne atteinte souffrant d’une gonorrhée de la zone sexuelle et qui porte les germes à ses yeux avec ses mains présente les signes suivants :

 

gonflements des paupières,

– sécrétions épaisses et abondantes,

– sensations de grain de sable dans l’œil,

– ulcérations ou perforations de la cornée.

 

L’évolution la plus fréquente d’une urétrite gonococcique, non traitée chez l’homme, est la disparition des symptômes : les symptômes peuvent disparaître chez plus de 95 % des hommes dans un délai de 6 mois. L’infection persiste pourtant, aussi longtemps qu’elle n’est pas traitée. En l’absence de traitement ou en cas d’échec, le risque de transmission subsiste et fait le lit de complications ainsi que de séquelles.

Chez la femme, les complications les plus fréquemment observées sont une inflammation des glandes para-urétrales et des glandes de Bartholin, une infection de l’utérus (endométrite) et une infection des trompes (salpingite), évoluant souvent sans provoquer de signes particuliers. Par la suite, lorsque l’infection évolue, peuvent survenir des douleurs pelviennes, une infertilité ou des risques de grossesse extra-utérine. Cela est dû au fait que les trompes peuvent se trouver bouchées par l’infection à gonocoque. Certaines études montrent qu’entre 10 et 40 % des infections gonococciques du col de l’utérus (cervicites gonococciques)  non traitées évoluent vers une atteinte inflammatoire pelvienne. Cependant, aucune étude longitudinale permettant d’évaluer le pourcentage de gonococcies donnant lieu aux principales complications, et notamment, le risque de stérilité, ne permet de le chiffrer en France.

Par comparaison avec l’infection à Chlamidiae trachomatis, les complications liées aux gonococcies sont moins fréquentes. Toutes deux peuvent, cependant, entraîner une infection des trompes (salpingite) avec un risque de stérilité et de grossesse extra-utérine. Les formes généralisées de gonococcie sont rares. Elles peuvent se présenter sous la forme d’une septicémie subaiguë (circulation de bactéries de type gonocoque dans le sang), et peuvent s’accompagner d’atteintes de la peau. Les gonococcies disséminées peuvent aussi se manifester sous la forme d’atteintes ostéo-articulaires : polyarthrite subfébrile, arthrite purulente, ténosynovites.

   

Quels sont les facteurs de risque de la gonorrhée et qui peut en être à risque ?

 

On a :

– les hommes ayant des rapports avec d’autres hommes (HSH) sont une population à haut risque ;

– les personnes ayant plus d’un partenaire sexuel ;

– les personnes ayant un partenaire qui a d’autres partenaires sexuels ;

– les personnes utilisant de manière inconstante les préservatifs ;

– les personnes de moins de 25 ans, hommes, femmes ou adolescents sexuellement actifs ;

– les personnes ayant déjà contracté une maladie sexuellement transmissible (MST) dans le passé ;

– les personnes séropositives pour le VIH (virus du Sida) ;

– les travailleurs du sexe ;

– les utilisateurs de drogue ;

– les personnes incarcérées ;

 – les personnes allant aux toilettes sans se laver les mains systématiquement (gonorrhée oculaire).

 

Comment peut-on prévenir la gonorrhée ?

 

Les mesures préventives de base peuvent être, entre autres :

L’usage des condoms qui aide à prévenir la transmission de la gonorrhée durant les rapports sexuels anaux ou vaginaux. Les condoms ou digues dentaires peuvent servir aussi de moyens de protection pendant les activités sexuelles orales.

 

Se laver les mains après avoir été aux toilettes.

En cas de risque chez la mère, l’enfant nouveau-né bénéficie immédiatement, à la naissance, d’un traitement antibiotique contre la gonorrhée. Il s’agit d’une goutte de rifamycine mise dans chaque œil, et cet antibiotique permet de traiter le mal dans le cas où la mère en est infectée. En effet, 30 à 50 % des enfants mis au monde par des femmes souffrant d’une gonorrhée non traitée, contracteraient une infection oculaire grave susceptible de les rendre aveugles.

 

Les mesures de dépistage :

 

Un examen régulier de dépistage aide à éviter la transmission de l’infection à de nouveaux partenaires.

 

Information des partenaires :

 

Dans le cas d’un résultat positif, il importe d’en aviser toute personne avec qui l’on a eu des relations sexuelles et qui pourrait avoir été exposée. Elle devra subir un test de dépistage et être immédiatement traitée si elle est infectée.

La gonorrhée peut être dépistée, tant chez l’homme que chez la femme, au moyen d’une analyse d’urine ou d’une culture d’échantillons prélevés dans les zones infectées (dans la gorge, l’urètre, le vagin ou le rectum à l’aide d’un coton-tige).

 

 Quels sont les traitements médicaux de la gonorrhée ?

 

La gonorrhée est traitée avec des antibiotiques en dose unique par voie orale ou par une injection intramusculaire. Des résistances sont apparues pour certains antibiotiques devenus inefficaces comme les pénicillines ou les tétracyclines. On utilise actuellement le ceftriaxone à 500 mg en une seule injection par voie intramusculaire ou intraveineuse. Le médecin y associe systématiquement un traitement contre les chlamydiae, par exemple l’azithromycine à la dose de 1 g en mono dose, car les deux infections sont souvent associées. Le traitement est donné immédiatement après le prélèvement, avant même d’en attendre les résultats chez l’homme. Le, la ou les partenaires doivent aussi être traités. La personne traitée doit revenir consulter 7 jours après.

 

Toutes les personnes qui suivent un traitement contre la gonorrhée devraient être dépistées aussi pour l’infection à chlamydia. Chez les femmes enceintes à risque de Maladie sexuellement transmissible (MST) ou ayant déjà eu une IST, juste après l’accouchement, le nouveau-né reçoit des gouttes de rifamycine dans les yeux, afin de soigner une probable gonorrhée.

 

Valérie TIANHOUN

 

 


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