HomeA la uneGOUVERNANCE SOCIOPOLITIQUE AU BURKINA : Le CFOP appelle à une marche-meeting le 29 septembre prochain

GOUVERNANCE SOCIOPOLITIQUE AU BURKINA : Le CFOP appelle à une marche-meeting le 29 septembre prochain


 

L’opposition burkinabè a fait une déclaration, le 4 septembre 2018, sur l’actualité nationale. Dans cette déclaration lue par le chef de file de l’opposition, Zéphirin Diabré, ce dernier a indiqué qu’une journée nationale de protestation qui prendra la forme d’une marche-meeting, est prévue pour le 29 septembre 2018 à la Place de la révolution, à Ouagadougou. Nous vous proposons l’intégralité de cette déclaration.

Lors des dernières élections générales tenues dans notre pays en 2015, les Burkinabè ont accordé leur confiance au Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) et à ses alliés politiques, qui président depuis lors aux destinées de notre pays. Parce qu’ils avaient participé à la lutte politique qui a conduit à l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, les Burkinabè espéraient qu’ils serviraient au pays une gouvernance des plus vertueuses et porteuse du vrai changement qu’ils attendaient.
Depuis lors, fidèle à sa tradition, l’Opposition politique est demeurée dans une posture résolument républicaine. Elle a accompli son devoir d’indexer les insuffisances et les fautes, mais elle a aussi salué les bonnes actions du gouvernement lorsqu’il y en avait. De son côté, le gouvernement n’a jamais convié l’Opposition à des concertations ni sollicité son avis sur les graves questions qui minent la vie de notre Nation, en dehors de celles  relatives à la nouvelle Constitution et au Code électoral. Bien qu’interpellée de toutes parts par les Burkinabè, l’Opposition n’a pas organisé de manifestation de rue, comme elle le faisait sous l’ancien régime. Elle s’est contentée de faire connaître son sentiment à travers des déclarations, des conférences de presse et un meeting. Le pouvoir du MPP et ses alliés viennent de terminer la moitié de leur mandat sans résultat. Il est donc du devoir de l’Opposition politique d’adopter une démarche nouvelle, adaptée aux exigences de notre peuple.Déjà, le 3 juillet dernier, l’Opposition politique a eu l’occasion de dresser un premier bilan de ce mi-mandat et de relever les aspects de la gouvernance de notre pays qui posent problème. Sans chercher à être exhaustif, il est clair que lorsqu’ils jettent un regard rétrospectif sur la mi-mandat qui vient de s’écouler, les Burkinabè voient une occasion ratée et un immense gâchis, tellement les fronts de déception sont nombreux et persistants.
Avec le régime de Roch Marc Christian Kaboré, les maux que les Burkinabè dénonçaient, sont toujours là en pire. De nouveaux problèmes apparaissent et révèlent l’incompétence de nos dirigeants qui montrent plus d’appétit pour le Burkina des affaires plutôt que pour les affaires du pays:
1-Les terroristes continuent de nous terroriser : depuis janvier 2016, notre pays vit au rythme d’attaques terroristes de plus en plus meurtrières. Débutée au Nord, la violence terroriste s’est ensuite déportée à l’Est, et s’étend aujourd’hui sur le reste du territoire national, jusqu’au cœur de la capitale. C’est l’échec le plus grave du MPP et de ses alliés.  Nos soldats, sous-officiers et officiers sont des combattants de grande valeur et l’Opposition n’aura de cesse de leur rendre hommage pour le lourd sacrifice qu’ils consentent au quotidien pour la défense de notre patrie. Ce n’est donc pas à eux que la faute incombe. La faute incombe au gouvernement qui n’a pas pris la juste mesure du problème, qui n’a pas nommé des gens compétents à la tête des ministères de la Défense et de la Sécurité, et qui est incapable d’imaginer et de mettre en œuvre une stratégie gagnante.
2-La misère et la précarité des Burkinabè ne font que s’aggraver : la misère est palpable dans nos villes et nos campagnes. Des pans entiers de notre population n’arrivent plus à se nourrir. Avec le chômage de masse, nombreux sont nos compatriotes qui n’arrivent plus à assurer leurs besoins élémentaires. S’éduquer, se soigner, se loger  et se déplacer sont devenus pour eux des défis insurmontables, le prix du carburant atteignant par moments 4 000 Francs CFA le litre. La baisse continue du pouvoir d’achat des ménages face à une flambée constante des prix des denrées de base et du coût de la vie, met à mal la situation des travailleurs salariés. Cela crée une véritable fracture entre le pays réel et ses dirigeants.
3-La crise du logement s’aggrave et les non-lotis sont complètement oubliés.
Se loger à Ouagadougou ou en province est devenu un casse-tête. La spéculation sur le foncier bat son plein, entretenue par les puissants du moment au détriment des citoyens aux revenus modestes, contraints d’habiter dans des zones non-loties devenues des bidonvilles. L’Etat a démissionné de ses prérogatives sur le foncier, dont les lotissements, au profit de prédateurs et de spéculateurs sans noms. Pendant ce temps, nos dirigeants ne se préoccupent que du retrait de parcelles à la ZACA et à Ouaga 2000, sans doute pour les redistribuer aux nouveaux riches qu’ils fabriquent depuis leur accession au pouvoir.
4-Les jeunes et les femmes sont abandonnés à leur triste sort. Pendant la campagne électorale de 2015, le MPP a promis monts et merveilles à notre jeunesse : 50 000 emplois par an, des universités qui fonctionnent, des tablettes gratuites, des bourses, des prêts pour créer des entreprises, etc. De tout cela, rien ! Le pouvoir du MPP s’est même permis de supprimer quarante pour cent des postes à pouvoir dans la Fonction publique cette année. La même désillusion frappe les femmes qui ont été trompées pour faire élire le candidat du MPP. Les crédits promis à grand renfort de publicité ne sont jamais venus. Les emplois promis n’ont jamais vu le jour. Et pire, pour montrer son peu de considération pour la femme et la vie humaine, le MPP et ses alliés préparent maintenant une loi pour légaliser l’avortement et pervertir ainsi les mœurs. Sur cette question, les Burkinabè peuvent se rassurer que l’opposition ne laissera pas le pouvoir voter cette loi.
5-La corruption et le népotisme continuent de se développer. Depuis l’adoption au forceps de sa loi sur les PPP qui systématise les marchés de gré à gré et les ententes directes, le régime du Président Kaboré a relancé la machine de la corruption et de la concussion dans notre pays. Depuis l’avènement de ce régime, notre pays n’a connu aucun procès d’envergure pour crime économique. Les voleurs de poulets vont en prison, mais les détourneurs de milliards narguent les pauvres citoyens.
La tendance générale est de créer des prête-noms comme opérateurs économiques. Tout cela se fait sous l’œil passif des autorités de contrôle de l’Etat dont le comportement timoré vis-à-vis du pouvoir, pose véritablement problème.
6-Notre Justice est instrumentalisée et dans l’impasse. Parmi les institutions en crise dans notre pays, la Justice est celle dont la situation préoccupe au plus haut point. Aux mains du MPP, notre Justice est devenue un instrument de persécution des adversaires et de conclusion de deals politiques. Cette intrusion politique dans notre Justice, aux antipodes des acquis de l’Insurrection et des recommandations des Etats généraux de la Justice tenus du 24 au 28 mars 2015 et du Pacte national pour le renouveau de la Justice qui en a résulté, a été dénoncée récemment par le Syndicat des magistrats burkinabè, pour qui notre Justice est dans une véritable impasse.
7-Nos libertés fondamentales sont en danger. Incapable d’instaurer un véritable dialogue social avec les syndicats ; toute chose qui nous vaut un nombre record de grèves, le MPP et ses alliés ont commencé par s’en prendre à leurs libertés, en interdisant les sit-in, en tentant de les discréditer auprès de la population et en créant des « syndicats jaunes ». Il enchaîne maintenant avec les acteurs de la société civile qu’il interpelle avec des armadas guerrières. L’accusation à la mode, c’est celle de tentative de déstabilisation des institutions, qui permet d’arrêter tous ceux qui gênent, de les mettre en prison aussi longtemps qu’on le veut, le temps de fabriquer des preuves à exhiber le jour du procès.
8-Notre démocratie est en train d’être pervertie. Fidèles à leurs vieilles pratiques, le MPP et ses alliés ont lancé une vaste entreprise de dévoiement de notre démocratie. Déjà, à l’occasion des élections municipales de 2016, les dirigeants de la Majorité présidentielle ont instauré la violence et le désordre dans plusieurs communes de notre pays. Ensuite, ils ont transformé le Parlement en une chambre d’enregistrement que les ministres se permettent de narguer continuellement. Ils ont renoué avec l’immixtion dans la vie des partis politiques, en achetant maintenant des parlementaires traîtres et en finançant des scissions dans les partis, y compris dans ceux de la Majorité. Récemment, ils ont foulé au pied la culture du consensus qui doit prévaloir dans l’adoption du Code électoral et ont fait voter un nouveau Code électoral qui vise à vassaliser la CENI, en transférant le fichier électoral de la CENI à l’ONI et en réduisant au minimum le vote des Burkinabè de l’étranger. Sur ce dernier point, le MPP et ses alliés sont en train de démontrer à la face du monde, qu’ils sont contre le vote des Burkinabè de l’étranger.
9-L’accaparement du pouvoir et la politisation de l’Administration sont de retour. Les nominations auxquelles procèdent le MPP et ses alliés, ont toutes les couleurs du clanisme, de la patrimonialisation et de la politisation de l’Administration. La carte du parti au pouvoir, la proximité parentale avec les puissants du moment ou le larbinisme auprès des puissants, sont devenus le sésame qui permet d’obtenir des promotions.
Dans les Administrations, être militant du MPP est le signe le plus respecté de compétence. Récemment, au Conseil constitutionnel, c’est un membre du BPN du MPP qui a été nommé, et au CSC, c’est un ex-conseiller spécial du Président qui a été parachuté. Ces actes dénotent d’une volonté à peine voilée de verrouillage de ces institutions, alors que se profilent à l’horizon les échéances électorales futures où elles auront un rôle important à jouer.
10- L’incivisme ne recule pas et l’autorité de l’Etat est invisible. L’impunité des puissants et la légèreté de leur comportement alimentent l’incivisme des laissés-pour-compte. Les épisodes sont nombreux qui nous amènent à nous demander s’il y a encore un Etat dans ce pays et ce, malgré les nombreuses mises en garde proférées par le chef de l’Etat lui-même.
11-La réconciliation nationale est toujours en panne. Depuis des décennies, notre pays traîne un grave problème de réconciliation nationale que les récents bouleversements politiques rendent plus que jamais nécessaire et urgente. Mais, le MPP et ses alliés n’ont visiblement pas la volonté politique de s’attaquer à cette question. Au contraire, ils sont habités par une logique de division permanente, d’instrumentalisation de querelles anciennes, d’opposition des Burkinabè les uns contre les autres et de recherche de boucs émissaires à leurs échecs.
12-Notre économie ne décolle pas. Parce qu’ils ne font pas confiance à nos autorités, les investisseurs se font rares. La faiblesse du pouvoir d’achat des consommateurs fait que nos petits commerçants passent la journée à se tourner les pouces tandis que nos opérateurs économiques assistent impuissants à la distribution des marchés publics aux nouveaux riches que le MPP est en train de créer. Notre économie est en panne sèche et nos finances sont en déficit grave.
13-Nos chantiers de développement sont caractérisés par beaucoup d’annonces tonitruantes et peu d’actes concrets. Après avoir chanté les louanges d’un PNDES dont les Burkinabè attendent toujours de voir la couleur des 18 mille milliards qu’ils prétendent avoir récoltés, les dirigeants du MPP chantent maintenant que c’est la Chine qui va financer leur PNDES. Sur tous les fronts, que des annonces faites de façon tonitruante, en s’attribuant de vieux projets initiés depuis fort longtemps. Mais on ne voit rien de concret !
La liste des déceptions qui habitent les Burkinabè est longue face à l’inaction de ce gouvernement dont la seule préoccupation est de se constituer un trésor de guerre pour les prochaines campagnes électorales.
Poussés par ce mécontentement, ils sont nombreux les Burkinabè qui ne cessent d’interpeller l’Opposition et de lui demander d’organiser des actions de masse contre cette mauvaise gouvernance, afin d’obliger le gouvernement à revenir sur le droit chemin.
Si l’Opposition a temporisé jusqu’à ce jour, c’est parce qu’elle voulait laisser la chance à nos autorités de rectifier le tir et de prendre la bonne direction.
Aujourd’hui, le constat est amer. Ce pouvoir n’écoute les conseils de personne. Il n’a pas conscience de la situation du pays. Il faut donc l’interpeller vigoureusement.
14-L’appel au peuple.
C’est pourquoi l’Opposition politique convie l’ensemble les Burkinabè à une Journée nationale de protestation contre la gouvernance de la Majorité présidentielle.
Cette Journée nationale de protestation prendra la forme d’une marche-meeting, le samedi 29 septembre 2018 à Ouagadougou. La marche partira de la Place de la Révolution à 8 heures 00 et sera suivie d’un meeting au même lieu.
Cette Journée nationale de protestation n’est pas uniquement celle de l’Opposition. C’est une action contre la gestion chaotique de notre pays, à laquelle nous convions l’ensemble des Burkinabè. Elle concerne tous ceux qui, au-delà de leur appartenance politique, se soucient de l’avenir de notre cher Faso.
Aussi, nous lançons un appel solennel à toutes les forces vives de la Nation, les jeunes, les femmes, les anciens, les OSC, les partis politiques, les syndicats, les commerçants, les leaders d’opinion, les différentes couches socioprofessionnelles, bref, tous les Burkinabè, à se rendre massivement à la Place de la Révolution, le samedi 29 septembre à 8 heures, pour qu’ensemble nous fassions connaître notre mécontentement à ce gouvernement qui s’amuse avec l’avenir de notre pays.
Ensemble, sauvons la patrie !

Fait à Ouagadougou le 4 septembre 2018

Le Chef de file de l’Opposition politique,
Zéphirin DIABRE


No Comments

Leave A Comment