HomeA la uneGREVE DE 72 HEURES DU SYNTSHA : «Les populations subissent des désagréments, on s’en excuse, ce n’est pas notre objectif», dixit Mathieu Traoré SG de la section du Mouhoun

GREVE DE 72 HEURES DU SYNTSHA : «Les populations subissent des désagréments, on s’en excuse, ce n’est pas notre objectif», dixit Mathieu Traoré SG de la section du Mouhoun


Le Syndicat des travailleurs de la santé humaine et animale (SYNTSHA) a lancé une grève de 72 heurs du 22 au 24 novembre 2016, en vue d’obtenir une satisfaction de sa plateforme revendicative. Au deuxième jour de la grève, nous sommes allés faire le constat dans les centres de santé publics et privés. 

 

Le 23 novembre 2016 marque le deuxième jour de  la grève de 72 h lancée par le Syndicat des travailleurs de la santé humaine et animale (SYNTSHA). Il est  7h 50mn au CSPS communal de Dédougou quand nous arrivons sur les lieux. Un centre de santé désert, les portes des bâtiments du dispensaire, de la maternité et autres totalement fermées, pas de patients ni d’accompagnants, aucune présence d’agents de santé. « Il n’y a personne depuis hier ! », lance la seule personne que nous avons rencontrée, une femme des services de nettoyage. Depuis hier, ajoute-t-elle, « aucune personne n’est venue ».  

Plus loin, le constat est pareil au Centre médical urbain (CMU) où nous avons constaté la seule présence du gardien.        

Après le constat fait dans ces deux centres, nous nous sommes rendu au Centre hospitalier régional (CHR) de Dédougou. Là, à la différence du CSPS, il y avait des patients et des accompagnants aux  services des urgences, mais aucune ombre « d’homme ou de femme en blouse », aucun service minimum. Des accompagnants sous le hall avaient l’air contents de nous voir. Après les salutations d’usage, une accompagnante laisse entendre : « S’il vous plait, vous n’allez pas nous aider ? Depuis hier personne n’est passé par là »,  Selon Abdramane Dao, accompagnant de malade venu du village de  Tissy à 55km de Dédougou, son malade a été admis au CHR il y a de cela 9 jours. « La grève des agents de santé joue sur l’état de notre malade puisqu’il n’y a pas de suivi. Depuis hier personne n’est passé nous voir », a-t-il confié. Pour lui, il comprend le bienfondé du mouvement qu’observent les agents de santé, mais le suivi de son malade demeure le souci majeur. « Il y en a même qui sont repartis avec leurs malades pour revenir à la fin de la grève », a-t-il dit.     

Même son de cloche à la maternité de Dédougou où Madi Sankara dit avoir accompagné son épouse qui a subi une césarienne le 21 novembre à 19h. « Juste après l’intervention, ils sont tous parti. Et jusqu’aujourd’hui 23 novembre, personne n’est venue nous voir », a-t-il indiqué. Pour M. Sankara, sa malade dit sentir des douleurs au niveau du ventre mais n’ayant pas le choix, ils sont obligés de supporter en attendant la fin de la grève.   

Des patients qui ne peuvent pas être pris en charge par ces structures de santé publiques se retrouvent dans des structures publiques où les agents ne militent pas dans le syndicat.  On peut citer le dispensaire du camp militaire, le service psychiatrique à l’OST.

 Le centre paramédical « lève-toi et marche » à caractère confessionnel a, depuis le premier jour de la grève, connu une affluence qui est plus que d’habitude, nous dit Pascal Kabré, coordonnateur des activités dudit centre. «Depuis hier, nous avons senti l’affluence qui est plus que d’habitude. Nous avons reçu des patients dont des cas grabataires qui, normalement, devraient être pris en charge par l’hôpital»,  nous a-t-il confié. A cela M. Kabré ajoute que compte tenu de leur plateau technique qui est incomplet, le centre ne peut prendre en charge tous les patients. « Il y a un accidenté qui nous est parvenu sans dents avec des fractures. Ce genre de cas, pour le prendre en charge, il faut faire des clichés radio », a-t-il indiqué. Ce qui dépasse la compétence au niveau du plateau technique  du centre qui est obligé de référer les patients dans des cliniques  à Bobo ou à Ouaga. « Nous avons enregistré quatre femmes à terme et certaines ont fait une fausse couche », a-t-il dit.

Pour le Secrétaire général du SYNTSHA section du Mouhoun, Mathieu Traoré,  la grève est très bien suivie  à  95%  car au niveau de l’hôpital et des centres de santé,  c’est le silence qui est constaté, selon lui. Au terme des 72h si le SYNTSHA  n’est pas satisfait, « c’est sûr que nous prendrons d’autres mesures pour faire aboutir notre plateforme », a conclu Mathieu Traoré.

 

Arnaud Lassina LOUGUE

(Correspondant)

 

 


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