HomeLe fait du jourGREVE DES GREFFIERS : Le palais de Justice de Ouagadougou fonctionne au ralenti

GREVE DES GREFFIERS : Le palais de Justice de Ouagadougou fonctionne au ralenti


Le Syndicat des greffiers du Burkina (SGB) est en grève de 120 heures, soit du 16 au 20 mars 2015. La grève est donc à son troisième jour. En temps normal, cet arrêt de travail des greffiers devrait avoir un impact sur le fonctionnement de l’institut. Pour en savoir plus, nous nous sommes déportés sur les lieux le 18 mars 2015, afin de constater de visu l’ambiance qui règne au palais de justice de Ouagadougou.

A notre arrivée dans l’enceinte du palais de Justice de Ouagadougou aux environs de 9h, tout semblait fonctionner normalement. Les usagers entraient et sortaient comme à l’accoutumée. Mais ce qui a attiré notre attention, c’est la fourgonnette de la MACO. Elle revenait chercher des prévenus dans la salle d’audience, sous haute surveillance. Après le départ de la fourgonnette, nous avançons vers la salle d’audience. Sous le hall, nous rencontrons des usagers apparemment découragés. Nous approchons l’un d’entre eux qui accepte de se confier mais sous anonymat : « On vient de reporter l’audience. Cela fait la troisième fois que nous venons ici pour le même jugement. La première fois, c’était le 25 février 2015. Ce jour, les victimes ne sont pas venues. La deuxième fois, c’était le 11 mars et aujourd’hui encore, on reporte l’audience. Alors que celui qui est accusé est un fonctionnaire et est détenu à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO). Nous ne sommes pas sûrs qu’il soit relaxé après le jugement. Mais si le jugement va de report en report, il risque d’être radié de la Fonction publique, à cause de la forclusion du délai. La grève des greffiers nous cause des préjudices. Les greffiers sont des agents assermentés. Leur travail est comme un sacerdoce. Ils doivent chercher une autre manière de revendiquer au lieu de grever ». Après avoir fini avec cet usager, nous décidons d’entrer dans la salle d’audience pour voir ce qui s’y passe réellement. Surprise ! La Cour était bel et bien réunie et tenait des audiences avec, à côté, le greffier audiencier qui faisait normalement son travail. Est-ce « un vendu » ou un « casseur de lutte » ? Pour nous en convaincre, nous approchons l’intéressé à la fin des audiences. « Comme vous le constatez, je viens de descendre de l’audience, mais pas avec une très bonne humeur parce que j’étais contraint de faire le travail », nous confie Me Salfo Rabogo puisque c’est de lui qu’il s’agit. « Je suis greffier en chef et je viens de terminer mon stage probatoire. Après l’affectation, le fonctionnaire est soumis à un stage probatoire d’un an à l’issue duquel on peut déclarer le stage probant ou non probant. Si le stage n’est pas probant, on peut vous demander de le reprendre et à l’issue de ce second stage, si ça ne va toujours pas, on peut même vous licencier. Je viens de terminer le stage. Concrètement, je n’ai pas l’acte de titularisation. Actuellement, je ne suis pas stagiaire et je ne suis pas non plus titularisé. Si je viens au bureau et qu’il y a une audience, je dois y être. C’est pour cela que je suis resté ; sinon j’aurais bien voulu être avec mes collègues », nous confie Me Salfo Rabogo qui nous informe que le greffier en chef du Tribunal de grande instance (TGI) de Ouagadougou a été réquisitionné. Nous rencontrons ce dernier qui nous confirme qu’il a été effectivement réquisitionné «pour assurer le service minimum, du 16 au 20 mars, c’est-à-dire durant la grève. En plus de Me Julien Kouda, greffier en chef du TGI de Ouagadougou, il y a deux autres : un greffier en chef et une greffière en fin de stage probatoire, qui n’ont pas droit de grève. Voilà pourquoi nous sommes 3 sur 26, pour ce qui est du greffe central. En plus du greffe central, il y a des greffiers ailleurs, notamment l’instruction au parquet, le secrétariat de la présidente ». Concernant la fourgonnette de la MACO qui y repartait, Julien Kouda explique : « Aujourd’hui, il y a eu deux audiences. Et c’est l’audience de flagrant délit qui a été renvoyée à cause de la grève. Je suis monté, juste à titre symbolique, pour faire les renvois des dossiers. J’assure le service minimum. Si vous allez au tribunal du travail, vous verrez que le greffier en chef a été aussi réquisitionné. En général, ce sont les responsables que l’on réquisitionne pour assurer le service minimum ».

Pour rappel, c’est la non-application de la loi 054 de décembre 2012 qui a occasionné le débrayage des greffiers. Le syndicat des greffiers réclame l’adoption des décrets d’application relatifs à la grille indemnitaire et au régime indiciaire.

Françoise DEMBELE

 


No Comments

Leave A Comment