HomeA la uneGROGNE AU SEIN DE LA POLICE SUR LES SERVICES PAYES : « Je vous invite à reprendre le travail », dixit Simon Compaoré

GROGNE AU SEIN DE LA POLICE SUR LES SERVICES PAYES : « Je vous invite à reprendre le travail », dixit Simon Compaoré


« Nous ne lâcherons rien », a rétorqué l’UNAPOL

 

Tout est parti d’un message anonyme qui a été publié, dans la soirée du 17 avril 2017, sur les réseaux sociaux. Un message des agents de la police qui, en substance, réclamaient, entre autres, la régularisation par des contrats, des services payés assurés par les policiers et le départ de l’actuel Directeur général de la Police nationale, Lazare Tarpaga. Ce message qui paraissait être une plaisanterie, n’en a pas été une car, dans la matinée du 18 avril, dans certains services privés de la place, les policiers n’ont pas été présents pour assurer la sécurité. Si fait que le ministre en charge de la Sécurité, Simon Compaoré, a été obligé de tenir une rencontre avec les frondeurs dans la même soirée. Au cours de cette rencontre, il est revenu sur l’ensemble des mesures entreprises pour régler le problème des services payés, avant de demander aux policiers de rejoindre les différents postes. Mais, pour l’Union de la police nationale (UNAPOL), il n’en est pas question, tant que leurs revendications ne seront pas satisfaites.

 

« C’est une rencontre de famille », a lancé le ministre en charge de la Sécurité, le 18 avril dernier, à l’issue de son tête-à-tête avec les policiers, à Ouagadougou, dans les locaux de l’Ecole nationale de la police. Une rencontre pour, a-t-il dit, faire les réglages qui s’imposent. En effet, dans la salle qui a servi de cadre à la rencontre, Simon Compaoré était face à une centaine de policiers. Et, comme un professeur dispensant un cours, le ministre en charge de la sécurité, debout micro en main, a expliqué à l’assemblée de policiers, la genèse des faits et ce qui est ressorti des différentes rencontres entre les parties pour régler la question des services payés. Selon lui, tout est parti d’une embrouille concernant une mission qui devrait avoir lieu au camp CRS. Ce jour-là, aux dires du ministre, il a demandé aux agents en question d’effectuer la mission et de revenir le voir à leur retour pour qu’ils en discutent. C’est ainsi que dès le lendemain, il a reçu ces derniers qui lui ont fait part de leurs préoccupations relatives, entre autres, au prélèvement sur les services payés. « Depuis ce temps, j’ai dit qu’il n’y aura plus de prélèvement sur les services payés à partir du 1er avril  et que tout service dispensé par la police, doit faire l’objet d’un contrat. Jusqu’à preuve du contraire, l’on ne m’a pas amené des éléments prouvant que ces dispositions ne sont pas respectées », a rappelé le ministre d’Etat. Aussi, a-t-il ajouté, des instructions ont été données au service de l’inspection pour diligenter une enquête sur les services payés, dans toutes les régions du Burkina. « Il s’agit de dire combien on a reçu sur les services payés, comment  et par qui ces recettes sont rentrées, comment elles ont été dépensées et pourquoi et qui en a été bénéficiaire », a-t-il expliqué.

 

« Je suis venu ce soir pour leur dire qu’ils font fausse route »

 

Toutes ces mesures, de son point de vue, n’avaient pas encore été entreprises avec les ministres précédents, pour faire la lumière sur la gestion des services payés.  « Donc, même si vous n’aimez pas le lièvre, il faut reconnaître qu’il court », a lancé Simon Compaoré aux policiers. Et de poursuivre que quelle ne fut pas sa surprise de constater qu’en dépit de ces actions, le dimanche dernier, des jeunes qu’il a reçus chez lui, ont demandé de façon impertinente d’enlever le DG de la Police nationale, Lazare Tarpaga. « Je leur ai donc dit que ce n’est pas comme cela qu’il faut agir dans un corps où la discipline est de rigueur. J’étais suffisamment vexé de voir que ces jeunes-là ont eu l’impertinence de me dire d’enlever le DG. Je n’ai pas aimé cela », a indiqué le patron de la sécurité. La rencontre, pour Simon Compaoré, vise a amené ces jeunes à la raison afin qu’ils reprennent le service. « Je suis venu ce soir pour leur dire qu’ils font fausse route. S’ils ne vont pas, cela veut dire qu’ils refusent d’exécuter des missions à eux confiées. Et si un fonctionnaire refuse de travailler, il sait les conséquences. Ils sont jeunes et ce n’est pas bon d’aller dans le sens de l’indiscipline », a prévenu le ministre de la Sécurité. Et de conclure que : « Aujourd’hui, c’est un incident et j’ose croire que par rapport à ce que j’ai dit, demain chacun sera à son poste. On peut discuter sur tout, sauf sur la discipline car tout repose sur la discipline. Si des gens vont arpenter le chemin de l’indiscipline, je dirai non, même si je dois en périr car, c’est le socle à tous les niveaux ».

 

Adama SIGUE

 

 

A la fin de la rencontre du ministre d’Etat en charge de la sécurité, l’un des sympathisants de l’Union de la police nationale s’est prononcé sur la grogne et les services payés. Ce dernier a requis l’anonymat et a également refusé de se laisser prendre en photo pour, a-t-il semblé dire, se protéger. Lisez !

 

« C’est à leur niveau qu’il y a un problème. Depuis une année, soit le 2 avril 2016, on a attendu jusqu’en mars 2017 et il n’y a toujours pas eu de contrat avec le privé. Le ministre lui-même a demandé à son DAF de combien de jours a-t-on besoin pour faire un contrat et il lui a répondu deux semaines. Notre DG a affirmé avoir envoyé le contrat au niveau de la SGBB. Mais lorsque le ministre a appelé ce dernier, il a répondu qu’il n’avait pas reçu de contrat. Donc, nous avons, depuis ce temps, demandé de faire la lumière sur la question. A plusieurs reprises nous sommes partis négocier avec le ministre, le DG et notre commandant. Ils nous ont toujours dit que ce n’est pas à leur niveau que le problème se situe. Le ministre nous a dit d’aller faire ce que nous voulons. C’est ce qu’il a eu à dire. Il a dit aussi qu’il nous a appelés chez lui ; mais nous n’avons pas demandé à être là-bas. Nous, nous sommes partis pour transmettre un message de nos camarades. A savoir, la satisfaction de notre plate-forme revendicative, le départ du DG et l’élaboration de contrats authentiques avec les services privés. Sans les contrats, nous n’allons pas travailler. La police est une institution étatique qui se respecte. Alors pourquoi faire des contrats verbaux ? A la police nationale, le DG fait des missions avec des contrats de gré à gré. Lui-même, il a eu à dire qu’il a appelé le propriétaire de l’Hôtel Splendid et lui a dit de payer 1 million de F CFA, vu qu’il y a beaucoup d’insécurité. Mais est-ce que la police est une société de gardiennage ? Est-ce que le DG peut se permettre de négocier avec les banquiers pour fixer les prix des services ? Le gré à gré engendre la corruption. Un DG qui ne dit pas la vérité, nous n’en voulons pas. Donc, nous disons que les missions étatiques seront exécutées. Mais concernant les missions privées, sans contrats authentiques, nous n’allons pas les exécuter. Nous ne sommes pas satisfaits et tant qu’il n’y aura pas des contrats authentiques, il n’y aura pas de service privé. Ils sont en train de sucer le sang de nos éléments. Et lorsque nous voulons dire la vérité, ils disent que c’est de l’indiscipline. Dire la vérité, c’est pourtant différent de l’indiscipline. Il n’a pas été dit que la hiérarchie a le droit de s’adonner à des détournements.  A titre d’exemple, le pasteur Karambiri, une fois après avoir effectué une mission, nous a appelés. Il nous a dit que nous avions fait du bon boulot et que ce qui doit être fait administrativement, a déjà été géré. Sur ce, il nous a remis 400 000 F CFA pour boire de l’eau. On est revenu et on a rendu compte, mais ils ont pris l’argent bouffer. Nous avons dit tout cela au ministère.  Ce matin, notre service payé a été affiché avec un montant de 18 500 F CFA environ moins les 10% de frais de fonctionnement. Mais lorsque nous avons dit que nous n’allons pas faire le service privé, la hiérarchie est sortie pour négocier avec nous en nous disant qu’elle allait augmenter le montant à 22 500 F CFA. Alors, la question que nous nous posons, c’est pourquoi sortir cette augmentation maintenant ? Où était cette somme auparavant ? A l’école Horizon international, nous avons assuré le service et jusqu’à présent, au niveau du service payé, il est mentionné 0 franc. Quand nous en avons parlé au DG, il nous a répondu que le ministre a des relations avec des Turcs et c’est pourquoi nous travaillons là-bas. Mais, est-ce que la police appartient au ministre ? Bonne soirée ».

 

Propos recueillis par AS

 

Message anonyme envoyé par les manifestants

 

« Nous, éléments de la Police nationale, venons par la présente note, informer l’opinion publique, la presse nationale, toutes les autorités coutumières et religieuses, que les multiples  rencontres avec le ministre d’Etat, ministre de la Sécurité dont la dernière s’est tenue le dimanche 16 avril 2017 à son domicile avec quelques éléments, se sont soldées par une insatisfaction. En effet, lesdits éléments auraient quitté son domicile très très  déçus, car aucune de leurs préoccupations n’a été prise au sérieux par le ministre Simon Compaoré. Par ailleurs, ils informent que le mardi 18 avril 2017, les services privés ne seront pas sécurisés par la Police nationale. Si le Directeur général de la Police nationale ne présente pas les contrats authentiques de nos prestations dans les services privés, qu’il parte de la Direction générale. »

 

 

 

GROGNE AU SEIN DE LA POLICE

 

L’UNAPOL appelle les autorités à régler le problème de toute urgence

 

« Militants et sympathisants de l’Union police nationale (UNAPOL)

 

Le bureau national de L’UNAPOL note avec consternation une détérioration du climat social liée à la question du service payé. En effet, ce matin, un mouvement d’humeur qui n’est autre que la suite logique du mouvement du mois précédent, a repris au sein de la Compagnie républicaine de sécurité de Ouagadougou. Sans être l’instigateur de ce mouvement, L’UNAPOL comprend et soutient ce mouvement pacifique et discipliné qui ne vise que la sécurisation des services privés. En effet, lors des différentes rencontres avec le ministre de la Sécurité, celui-ci a toujours donné la garantie que la transparence serait faite autour des contrats régissant ces prestations. Ce fut la condition pour que les policiers acceptent de prendre le service payé du mois précédent. Un mois plus tard, c’est le statu quo autour de la question, refus total de la hiérarchie de communiquer sur lesdits contrats. Pire, elle estime que la sécurité de certaines sociétés minières s’exécute sur la base de contrats verbaux et que la sécurité est gratuitement assurée à certaines sociétés privées. Les policiers n’ont jamais refusé et ne refuseront sous aucun prétexte d’assurer le service public pour lequel ils ont été recrutés. Cependant, ils refusent d’assurer le service privé pour enrichir quelques individus. L’UNAPOL, fidèle à sa mission de défendre les intérêts matériels et moraux des policiers, appelle l’autorité politique à régler le problème de toute urgence au lieu de verser facilement dans les tentatives d’intimidation et de vengeance dont certains sont coutumiers. L’UNAPOL appelle l’ensemble des policiers à la solidarité envers les éléments du camp dans cette épreuve, car ce problème n’est pas spécifique à ce seul service.

 

Pour le policier, L’UNAPOL ne lâche rien ! »

 

Le Secrétariat à la communication et aux relations extérieures


Comments
  • Il n’est pas exclu que certains éléments de la police soient l’objet d’une manipulation politicienne. En effet, les récents efforts de sécurisation du territoire par la traque à succès contre des terroristes dans la zone de Djibo, ont été massivement salués. Il en est de même pour la forte implication du ministre de la sécurité Simon Compaoré dans ce combat qui a rassuré beaucoup de citoyens quant à la capacité des Forces de Défense et de Sécurité(FDS) à faire face au terrorisme. Ces succès partagés de Simon Compaoré et des FDS ne sont certainement pas du goût de ceux qui ne veulent pas entendre parler de succès d’autrui et qui se prennent pour l’Alpha et l’Omega sur cette terre du Faso. Ces égocentriques et anarchistes peuvent donc user de leurs méthodes habituelles de manipulations des syndicats, OSC et policiers, pour tenter de ramer à contre courant des actions progressives du ministre de la sécurité dans la sécurisation nationale. Attendons de voir. Comme Simon Compaoré a donné des instructions fermes pour le règlement adéquat de la question des services payés de la police, la fronde dont le mobile était cette problématique devrait s’estomper avec la résolution en perspective de cette affaire. Cependant, si d’autres développements et revendications venaient à s’ajouter à cette doléance, il est certain que l’hypothèse de la manipulation politicienne est en action. L’opinion publique saura faire la part des choses pour fustiger toute politisation de la police et de tout autre corps militaire ou paramilitaire, conformément à la loi qui interdit cette dérive.

    19 avril 2017
  • Les corps habillés ont une particularité remarquable qui est l’attachement à la discipline et à l’obéissance vis-à vis de la hiérarchie. Il importe que la jeune génération d’hommes de tenue s’emploie à respecter ces valeurs cardinales qui ont toujours fait la noblesse de ce métier. Si les hommes de tenue ont des revendications légitimes, ils peuvent les soumettre d’abord discrètement aux autorités et ensuite publiquement si cela peut aider les autorités à apporter des réponses adéquates à leurs doléances. Cependant, toutes ces procédures doivent se mener dans la courtoisie. Des policiers expriment des griefs contre certains de leurs supérieurs relatifs à des primes pour des services privés payants. Ils estiment être payés en monnaie de singe par rapport à la consistance des contrats conclus entre leurs supérieurs et les sociétés privées (banques, assurances, hôtels) sécurisées par des agents publics de police. Le ministre d’Etat en charge de la sécurité, Simon Compaoré qui a, en toute humilité ,rencontré les policiers frondeurs, leur a rappelé la nécessité de concilier leurs revendications avec l’accomplissement normal des missions qui leur sont confiées pour éviter d’être sous le coup des procédures disciplinaires de désertion ou d’abandon de service. Le ministre par mesure de jurisprudence, a fait savoir aux policiers qu’il attend le rapport circonstancié sur cette situation de revendication avant de prendre les décisions idoines. C’est ainsi que les choses doivent se faire dans un état républicain où il faut éviter des atteintes aux droits et devoirs des citoyens. Les policiers ont outrepassé leurs prérogatives en exigeant la démission dans des délais précis de certains de leurs supérieurs. Ils se doivent de respecter la réciprocité de la courtoisie dont le ministre de la sécurité a fait preuve à leur égard. Alors, au travail policiers en attendant la suite du rapport qui sera soumis au ministre pour décision à prendre.

    19 avril 2017

Leave A Comment