HomeOmbre et lumièreGUENON : Au cœur de la crise

GUENON : Au cœur de la crise


 

Onze jours après la furie de la famille Akongba contre la famille Liliou et les familles qui lui sont proches, les stigmates de cette montée d’adrénaline sont encore visibles sur le terrain. Des maisons éventrées, des boutiques mises à sac, des hangars terrassés, des fenêtres et portes défoncées, des frigos calcinés et autres objets traînant toujours par terre. Tel est le triste spectacle qu’il nous a été donné de voir le 22 octobre 2015 à Guenon, localité située à 42 km de Pô. Pour connaître les causes réelles et profondes de cette crise qui empêche les deux familles de cohabiter pacifiquement, nous sommes allés à la rencontre des deux principaux acteurs auxquels s’identifie chacune des familles, en l’occurrence, le chef Liliou Danhoura et le chef Pê Soura de la lignée d’Akongba, mais aussi les déplacés et les autorités en charge de la gestion de cette crise. Si la famille Liliou réclame justice avant tout pardon, la famille Akongba, elle, demande la libération des personnes arrêtées lors des violences de 2012 qui se sont soldées par 11 morts et de nombreux blessés.

 

14h 25 : le véhicule dans lequel nous avons embarqué s’immobilise à quelques mètres de la plaque sur laquelle il est écrit « Guenon ». « Je vous laisse ici, car je ne peux plus avancer à cause de la situation qui prévaut à Guenon », nous lance le chauffeur, de corpulence et taille moyennes. Une native du village qui fait partie de l’expédition, proteste : «  On n’est pas encore arrivé, il faut avancer un peu ». Peine perdue, le chauffeur est déterminé à rebrousser chemin. Pas question pour lui de prendre le moindre risque. Débute alors pour nous une marche de plus de 30 minutes. Un calme apparent règne dans le village. Seul le chant des oiseaux se fait entendre. Les premiers habitants rencontrés sont des enfants assis au bord de la voie, à même le sol. Un peu plus loin, un groupe d’enfants se baignent dans une mare. « Ça va les enfants ?», « oui, viens te baigner avec nous », me lancent-ils. « Merci, je ne sais pas nager », leur ai-je servi comme réponse. Après eux, c’est la famille Zankè qui nous accueille. La peur et la tristesse se lisent sur les visages des membres de cette famille. Bien que n’étant pas de la famille Liliou, Koudada Zankè nous dit avoir été victime de saccage de biens. Pour le prouver, il nous invite à le suivre. Nous voilà donc devant la première concession. Là, des fenêtres ont été défoncées. Dans la deuxième, en plus des fenêtres, une porte a été aussi défoncée et la maison vandalisée, nous apprend-il. Absent au moment des faits, il lui a été conseillé de se mettre à l’abri sous peine d’être passé à tabac dans le meilleur des cas ou lynché dans le pire des cas. « Ce qui est arrivé est extrêmement grave, très déplorable.  La bagarre a éclaté entre deux personnes et l’une a tué l’autre. En représailles, on s’en est pris à des personnes qui n’avaient rien à voir avec cette rixe. Leur seul crime, c’est d’être proches de la famille Liliou», déplore-t-il. Rentré du Ghana où il s’était réfugié il y a, à peine 10 jours, Zankè dit n’avoir pas encore retrouvé tous ses enfants. Il continue de chercher activement deux d’entre eux.

Des maisons éventrées

Il est difficile pour lui de faire le récit des événements. Ce qui n’est pas le cas pour Poassé Brigitte Kazom, la femme de son frère. « Ce jour-là, nous étions assis à la maison. Soudain, une foule a surgi et a commencé à jeter des pierres sur le toit. Elle a cassé les fenêtres et endommagé tout le toit. Nous avons pris la poudre d’escampette et nous nous sommes cachés dans le champ de mil. Ceux qui nous ont attaqués nous disaient de quitter le village car Guenon n’est pas notre village. Je me suis mise à pleurer et ils m’ont dit que j’ai eu la chance que mon mari ne soit pas là, sinon, j’allais savoir ce que c’est que pleurer. Ce qui laisse penser qu’ils allaient le tuer », raconte Poassé Brigitte Kazom, avec un brin de mélancolie. Avec une voix entrecoupée, cette femme âgée d’environ 30 ans, confie qu’un des jeunes a voulu briser sa tête à l’aide d’un gros caillou, mais un autre jeune l’en a dissuadé en lui faisant savoir que leur intention n’était pas de tuer les femmes. Tout comme elle, Abitouè Niebga, la soixantaine bien sonnée, n’a pas encore oublié la barbarie qu’elle et sa famille ont subie. Selon son témoignage, l’attaque a eu lieu dans la nuit. « Nous étions couchés dans la cour. Soudain, des gens sont venus en courant, nous informer qu’une foule arrivait. Tous les hommes ont pris la fuite, nous laissant seuls, mon époux et moi. Lorsque j’ai essayé de m’enfuir, je suis tombée et me suis blessée à la hanche. Et jusqu’à présent, je ressens toujours la douleur », révèle-t-elle sous le regard approbatif de son époux. Si dans la partie ouest du village, les dégâts se sont limités à des fenêtres et portes endommagées et au saccage d’autres biens, au niveau du marché, le constat est ahurissant. Des maisons éventrées, certaines appartenant à la famille Liliou entièrement détruites, des boutiques mises à sac, des hangars terrassés, des frigos calcinés, des bidons incendiés, bref, une bonne partie du marché n’est plus qu’un champ de ruines.  Pourquoi en est-on arrivé là? Explications du chef Liliou Danhoura, vêtu de sa tunique de chef et coiffé d’un bonnet rouge royal. Avec force détails, il nous explique les mobiles de cette deuxième crise. « C’est après le décès d’un détenu en liberté provisoire suite à une bagarre entre lui et un membre de ma famille, le 7 juillet 2015, que la famille Akongba a saccagé nos boutiques, nos bars et autres biens au marché ». Incident qui, dira-t-il, a poussé de nombreuses personnes de sa famille à quitter le village pour se réfugier au Ghana, à Ouagadougou et dans bien d’autres villages du Burkina. Mais il confie que le saccage de leurs biens ne s’est pas limité là. Le second saccage de leurs maisons, leurs boutiques et autres biens, plus désastreux, est intervenu, dira-t-il, le 11 octobre dernier lorsqu’ils ont regagné Guenon, le 10 octobre, pour la rentrée scolaire. Ces violences, précise-t-il, ont fait 10 blessés dont trois grièvement, surtout dans les rangs des femmes car, ce sont elles et les enfants qui avaient été envoyés à Guenon. Selon le chef Liliou, avant de faire partir les gens, ils ont, lui et les siens, informé le gouverneur de la région du Centre-Sud qui leur a dit de s’adresser au comité de sages mis en place pour résoudre la crise. Chose qu’ils ont faite. Mais à l’issue de sa réunion après deux reports, ce comité s’est déclaré incompétent sur la question. Qu’à cela ne tienne, ils ont fait partir les femmes et les enfants à Guenon, le 10 octobre. Le jour de leur arrivée, il ne s’est pas passé grand-chose sauf que le chauffeur a été pris à parti et a vu ses vitres brisées par une foule qui s’était rassemblée dans la famille Akongba. C’est le lendemain qu’il a été informé, par son épouse, que ses portes ont été défoncées, sa motocyclette démantibulée et abandonnée derrière sa maison. Avant qu’il n’eût le temps de comprendre ce qui se passait, la communication s’est interrompue. Et quand il a joint une autre personne au téléphone, cette dernière lui a fait comprendre que sa famille avait été attaquée.

Environ 1000 personnes délogées du village

Selon le chef Liliou, environ 1000 personnes ont dû fuir le village, certaines à destination du Ghana, d’autres à destination de Ouagadougou et d’autres villes dont Tiébélé où se sont retrouvées 160 personnes. Quant aux pertes subies suite à cette deuxième crise, elles se chiffrent, selon le chef Liliou, entre 200 et 300 millions de F CFA. Et d’ajouter que la justice a été saisie afin que la lumière soit faite sur cette affaire. Mais pour l’heure, son vœu le plus ardent, c’est que les membres de sa famille regagnent Guenon le plus tôt possible. La famille Liliou est-elle prête à accorder le pardon à la famille Akongba? Sans détour, le chef Liliou répond : «  On ne peut pas pardonner sans justice. Si on a tué volontairement jusqu’à 10 personnes (NDLR : il fait allusion à la tuerie de 2012), il faut bien rendre justice », soutient-il. Pour lui, le pardon ne peut intervenir qu’après le jugement de l’affaire. Et dire que les deux familles étaient très proches! « On faisait presque tout ensemble », se souvient le chef Liliou. Pourquoi ces deux familles se regardent-elles aujourd’hui en chiens de faïence? Le diable de la politique est passé par là, affirme le chef Liliou avant de se lancer dans un long réquisitoire contre l’ancien maire de Tiébélé, Kirawi Pascal Batinan. A son avis, c’est ce dernier qui a travaillé à écarter la famille Liliou aussi bien des instances politiques comme le Conseil villageois de développement, que des bureaux APE (Association des parents d’élèves). C’est Kirawi Pascal Batinan qui, ajoute-t-il, a autorisé la famille Akongba à introniser un chef alors que c’est lui que les notables avaient désigné en 2004 pour succéder au chef après ses funérailles. Rencontré le 1er novembre, ce dernier soutient n’avoir travaillé à écarter personne. S’il avait voulu écarter un membre de la famille Liliou du CVD, son cousin maternel (NDLR : le chef Liliou), n’aurait pas été membre du bureau du CVD, a fortiori son président sous son mandat, avance-t-il. S’il n’a pas été reconduit à la tête de cette structure, c’est certainement, estime-t-il, à cause de son bilan. «  Ce n’est pas moi qui ai fait les élections, c’est la population qui a fait son choix », soutient-il. Selon lui, la crise de Guenon est si sérieuse qu’il est déçu de constater qu’un des chefs rejette sa responsabilité sur un maire. «  J’ai certes, délivré des autorisations à tous ceux qui les demandaient, y compris les familles Liliou et Akongba, mais c’était pour des cas de mariages, de funérailles et non pour une intronisation de chef. La chefferie ne relève pas du maire, mais plutôt des coutumiers et je n’en suis pas un », se défend-il. Pour lui, son seul tort, c’est d’avoir exercé la fonction de maire au moment où la crise a éclaté. Chose qu’il concède toutefois. « Un maire a toujours été responsable de tout ce qui est mauvais dans sa commune. Si c’est de cela qu’il s’agit, je suis responsable de tout ce qui fut mauvais durant mon mandat ». Il dira cependant que la crise de Guenon est très profonde, tant et si bien qu’il est bon que les gens se remettent en cause, qu’ils acceptent de s’asseoir autour d’une même table pour discuter et trouver une solution. L’ancien maire de Tiébélé estime qu’il faut une catharsis car il y a eu trop de pleurs et de cœurs brisés. « Même si je ne suis pas un natif de Guenon mais un neveu de ce village, ma blessure n’est pas encore cicatrisée. Je pleure toujours tous les événements malheureux qui se sont produits à Guenon et je pense qu’il ne faut pas banaliser cette crise en rejetant la responsabilité sur un ‘’petit’’ maire », martèle-t-il. Mais le chef Liliou reste convaincu que le malheur de Guenon est lié à la politique. « Si, jusque-là, l’affaire de 2012 n’a toujours pas été jugée, c’est parce que le politique y a mis sa main, même si la justice indexe plutôt les avocats ». Or, renchérit-il, tant que cette affaire ne sera pas jugée, on ne pourra pas calmer les ardeurs de ceux qui pensent que l’impunité leur est garantie, du fait qu’ils n’ont jamais été punis pour leur forfaiture. Si le chef Liliou estime que le saccage de leurs domiciles et autres biens est lié à la mort du jeune Doua Kora Tongom, le chef Pê Soura de la lignée d’Akongba y voit d’autres raisons.

La goutte d’eau qui a fait déborder le vase

Rencontré dans la cour royale, le 22 octobre, à 16 h 30, après la visite des dégâts, ce dernier estime que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, n’est autre que la libération rapide des personnes arrêtées, après la mort de Doua Kora Tongom, âgé d’environ 30 ans, marié et père de deux enfants. En effet, raconte le chef Pê Soura, lorsque ce jeune a été tué de façon ‘’ignoble’’, le 7 juillet 2015, des personnes ont été arrêtées et déférées à la Maison d’arrêt et de correction de Manga. Mais, contre toute attente, 3 d’entre elles ont été libérées en moins d’un mois, alors que ceux qui y sont incarcérés depuis bientôt 4 ans pour la mort de 10 personnes en 2012, ne sont pas remis en liberté ni jugés. C’est donc cette justice à ‘’deux vitesses’’, selon ses propres termes, qui a mis les populations en colère. Joint au téléphone, le procureur Bouma Ido près le Tribunal de grande instance de Manga, affirme qu’il y a eu 6 personnes déférées dont 3 placées sous mandat de dépôt et 3 autres relaxées par le juge d’instruction saisi du dossier. La remise en liberté de ces 3 personnes, dira-t-il, est une décision souveraine du juge d’instruction. « Je pense que c’est au regard de l’implication des uns et des autres que certains ont été placés sous mandat de dépôt et d’autres remis en liberté », justifie-t-il. Quant au procès de la trentaine de personnes arrêtées en 2012, que les deux familles attendent avec impatience, le procureur soutient que le dossier est toujours en cours. Dans un dossier d’instruction, fait-il savoir, tout ne dépend pas du juge d’instruction. Il y a plusieurs paramètres à prendre en compte, étant donné que toutes les parties ont des avocats. Si le juge d’instruction, ajoute-t-il, veut boucler le dossier et qu’un des avocats relève qu’un aspect n’est pas assez élucidé, ce dernier est appelé à poursuivre les investigations. Outre cela, il y a aussi des appels qui peuvent, termine-t-il, intervenir. « Si le juge veut relaxer quelqu’un et qu’un des avocats s’oppose et fait appel, le dossier est envoyé au niveau de la Cour d’appel. Tout cela peut faire traîner un dossier en longueur ». Toutefois, promet-il, « nous allons mettre le paquet et si tout va bien, au cours de cette année judiciaire, nous allons évacuer le dossier». Et d’ajouter que le procureur général a assuré que si le dossier était bouclé, il serait même prêt à organiser ne serait-ce qu’une audience criminelle spéciale pour le vider. Mais toutes ces assurances ne semblent pas convaincre suffisamment la famille Akongba qui estime que par rapport à la mort de Doua, les forces de sécurité n’ont pas fait preuve d’anticipation. « Nous avons averti la gendarmerie des provocations et menaces dont faisait l’objet le défunt Tongom mais en dehors d’une convocation adressée à la famille Liliou, rien de concret n’a été fait », déclare-t-il, visiblement toujours sous le choc. A ce propos, nous n’avons pas été en mesure d’avoir la position de la Gendarmerie. Pour mieux expliquer les circonstances de la mort de Doua, le chef Pê Soura a tenu à ce que nous allions d’abord sur le terrain pour constater de visu l’endroit où ce dernier a été tué. Nous y sommes conduit par un jeune homme. Nous débouchons sur des lieux matérialisés par des cailloux et une croix. Après avoir parcouru quelques distances dans les hautes herbes, nous sommes reconduit chez le chef pour écouter sa version des faits. Entouré de ses notables, le chef Pê Soura explique que le jeune Doua a été empoigné au bord de la voie puis conduit à environ 80 mètres pour y être égorgé. « Son sang a été prélevé et déversé dans un enclos de porcins à des fins probablement de rituel», soutient-il, fort abasourdi. Il confesse que c’est cet acte qui a poussé les populations dans un premier temps à déverser leur colère sur les boutiques et autres biens appartenant à la famille Liliou. Mais lorsqu’il s’est rendu sur les lieux après que les forces de l’ordre ont tenté de les raisonner en vain, il a pu arrêter le saccage des biens et la vie avait repris son cours normal. Mais, la libération rapide de trois personnes sur les 6 qui avaient été arrêtées, a irrité la population. « Pourquoi les membres des autres familles qui sont en prison à Manga depuis 4 ans, n’ont-ils pas été relaxés alors que ceux de la famille Liliou qui ont tué une personne bénéficient d’une liberté »? Le chef a essayé de jouer la carte de l’apaisement. Mais malgré ses nombreux appels au calme et à la retenue, la population est restée dans une position de révolte, avoue-t-il. C’est ainsi qu’il a demandé au Gouverneur du Centre-Sud, lors de son passage à Guenon, d’intervenir afin que les détenus de 2012 puissent bénéficier, ne serait-ce que d’une liberté provisoire, pour faire baisser la tension. Une requête, jusque-là, restée lettre morte. Et comme si les démons de la violence voulaient que Guenon soit à feu et à sang, les membres de la famille Liliou qui avaient quitté le village pendant le premier saccage de leurs biens en juillet, sont revenus et ce, avant que les négociations entamées par le comité de sages pour leur retour n’aient abouti. Et comme il fallait s’y attendre, la population s’en est prise une deuxième fois à leurs domiciles, leurs boutiques, etc., déplore le chef Pê Soura. Pour arrêter les dégâts, il a fallu qu’il menace de s’immoler par le feu pour que la population revienne à la raison. Le regard levé vers le ciel, le chef Pê Soura se dit fort consterné par ce qui est arrivé, car son message de paix n’a pas été entendu par la population. En effet, se souvient Pascal Tintana, un des témoins des événements, dès que la famille Liliou a annoncé son retour à Guenon, le Gouverneur a demandé au chef Pê Soura d’appeler la population à la retenue, afin d’éviter tout affrontement. Message qu’il a immédiatement relayé à la population. Hélas, il sera surpris par la réaction de celle-ci, après que la famille Liliou a mis pied à Guenon. Pourquoi une telle violence contre la famille Liliou? La famille Akongba est-elle contre cette famille?

Le chef Pê Soura pour la réconciliation

Le chef Pê Soura répond par la négative. « Je ne suis pas contre les Liliou, ils sont mes fils, nous sommes deux familles très proches », relate-t-il, l’air détendu. Mieux, il dit être prêt à la réconciliation. Seulement, il se demande si la famille Liliou est aussi disposée à faire la paix avec la population. Cette question a tout son sens, soutient-il, car, suite à la plainte de cette famille, des convocations ont été adressées à plusieurs personnes y compris certains notables qui s’investissent à ses côtés pour le retour de la paix à Guenon. Il ne fait pas de doute que ces convocations sont une véritable épée de Damoclès qui plane sur la tête des personnes concernées.  Ces petits ‘’papions’’ sèment-ils la panique au sein des jeunes? En tout cas, aucun des jeunes que nous avons rencontrés n’a voulu se prononcer sur ces tristes événements. Ils ont presque sinon tous, déclaré n’avoir pas été présents au moment des faits, alors que nous étions dans la partie du village d’où est partie la foule qui a saccagé les domiciles et boutiques de la famille Liliou. Quant au chef Pê Soura, il dit être aujourd’hui un homme malheureux.  « Je n’arrive pas à dormir jusqu’à présent. Non pas seulement à cause de la mort de Doua, mais aussi à cause du déchirement de Guenon, de l’introuvable paix », révèle-t-il, le visage livide. Et de renchérir qu’il a été mal compris, si bien que le gouvernement et les populations de Guenon sont aujourd’hui tous contre lui. Son vœu le plus cher, c’est la réconciliation des fils de Guenon. Pour le chef Pê Soura, c’est dans le pardon que l’on peut réconcilier un pays; celui qui ne peut pas accepter le pardon ne peut pas réconcilier un village. C’est fort de cette conviction qu’il a présenté ses excuses aux populations tout en les appelant au calme. Pour lui, si la crise perdure, c’est du fait des ressortissants de la famille Liliou. «  Si c’était entre nous ici, il y a longtemps qu’on avait trouvé une solution », affirme-t-il. Rappelant la crise de 2012, il dira que son intronisation en 2008 après les funérailles de son défunt père en 2006-2007, avait été, quelques années plus tard, contestée par la famille Liliou bien que celle-ci fût approuvée par les 18 villages que regroupe Guenon et autorisée par le chef de Tiébélé dont relève la chefferie de Guenon. Selon lui, c’est parce que la famille Liliou dispose de cadres nantis qu’elle veut retirer la chefferie des mains de la famille Akongba. Toute chose à laquelle la population, dira-t-il, s’oppose car la chefferie n’échoit pas à la famille Liliou. A preuve, parmi les 13 chefs qui se sont succédé au trône, seul le 9e, note-t-il, est de la famille Liliou. D’ailleurs, il précise que ce dernier a accédé au trône en tant que neveu. « On a fait appel à ce dernier en tant qu’intérimaire pour qu’il collecte l’impôt au profit du colon car le roi s’était rendu à Léo », ajoute-t-il. Une information corroborée par les notables Pehoupouli Anayou et Awiou Akouabou du chef de Tiébélé, que nous avons rencontrés le 23 octobre. Selon les explications de ces notables, c’est le chef de Tiébélé, absent au moment de notre passage, qui a intronisé le chef Pê Soura en 2008. Quant au chef Liliou, disent-ils, il s’est auto- intronisé en 2012. Face à cette situation, ils affirment que le chef de Tiébélé avait convoqué les deux chefs afin qu’ils trouvent un consensus, mais ils n’ont pas réussi à enterrer la hache de guerre. Conséquence, des affrontements ont éclaté plus tard, causant la mort de 10 personnes du côté de la famille Liliou et 1 personne du côté de la famille Longo en 2012. A en croire le chef Pê Soura, c’est la famille Liliou qui ne veut pas la paix car les initiatives entreprises dans ce sens par les ministres en charge des Droits humains, de la Justice, de l’Environnement et de la Sécurité d’alors, n’ont pas abouti car, elle a refusé toute réconciliation. Pire, il révèle que lorsqu’un détenu meurt et que l’on envoie le corps à Guenon, la famille Liliou jubile. Et à la date du 23 octobre 2015, 5 avaient déjà passé l’arme à gauche, indique le chef Pê Soura. Quant au nombre total de personnes décédées suite à cette crise, il en a dénombré 17 dont 10 de la famille Liliou en 2012 et 7 de la famille Akongba et d’autres familles. « Depuis que la liberté provisoire m’a été accordée, je n’ai cessé de développer des initiatives pour ramener la paix à Guenon », insiste le chef Pê Soura. Et le notable Lousogui Apianou de renchérir que le chef Pê Soura travaille à apaiser les cœurs. Pour ce dernier, les notables ne sont pas solidaires de la famille Liliou qui, dit-il, tente de forcer la population à adhérer à sa cause. Il souligne que durant les quatre dernières années, le chef Pê Soura n’a jamais empêché quelqu’un de venir à Guenon car il a besoin de tout le monde pour bâtir sa cité. L’attitude de la population envers la famille Liliou, estime-t-il, est due au fait que celle-ci n’a jamais reconnu son tort ni cherché à se repentir.

La famille Liliou accusée de ramer à contre-courant de la paix

Pour le notable Lousogui Apianou, si la famille Liliou avait accepté la main tendue des autorités, on n’en serait pas là. « Elle avait menacé de tuer le jeune Doua et elle n’a pas hésité à mettre à exécution sa menace. C’est la preuve qu’elle rame à contre-courant de la paix », martèle-t-il. Il a appelé les populations à la paix et à rester à l’écoute du chef car son rôle, c’est de construire. Le notable Adiwè Akongba a embouché la même trompette. La soixantaine bien sonnée, le visage grave, il estime que la famille Liliou veut saboter le règne du chef Pê Soura. « Dès qu’il y a un petit problème, elle court à la gendarmerie pour porter plainte au lieu de venir sous l’arbre à palabre pour le résoudre. Alors que nous, nous sommes prêts à faire la paix. Même si elle vient aujourd’hui et qu’elle veut la paix, nous sommes partants», lance-t-il comme défi à la famille Liliou. S’il est plus facile pour le chef Pê Soura et ses notables de parler de paix, il n’est pas aisé pour les membres de la famille Liliou dont les cœurs saignent toujours, d’en dire autant. « Trop c’est trop, il faut que le gouvernement prenne ses responsabilités. Si nous sommes des Burkinabè, qu’on respecte nos droits, qu’on nous permette de regagner nos domiciles. Mais si on estime que nous ne sommes plus des Burkinabè, qu’on nous le dise et nous irons ailleurs », martèle Atiou Liliou, un des déplacés accueillis et logés par les services de l’Action sociale et de la solidarité nationale du Nahouri et de Tiébélé avec l’appui du CONASUR (Conseil national de secours d’urgence et de réhabilitation). Il était 8h 05 lorsque nous franchissions le seuil du portail du site où sont logés ces déplacés. Tous les élèves et les bras valides avaient déjà quitté le site. Etaient présents, les enfants en bas âge, les vieillards et les femmes en charge de la cuisine. Huit tentes au total sont dressées sur ce site qui n’est autre que le stade de Tiébélé. Les femmes et leurs enfants occupent 5 tentes et les hommes, les 3 tentes restantes. Bien que clôturé, ce site, aux dires de ses occupants, n’offre pas toutes les commodités d’une vie normale. «  Il y a des moustiques et le froid, ce qui entraîne des maladies », indique Piouhiri Liliou, âgé de 76 ans. En dépit de ces désagréments, cet homme déprimé se dit reconnaissant aux autorités qui ne cessent, dit-il, de leur apporter de quoi se nourrir. Son vœu est que celles-ci travaillent vite au retour des déplacés dans leurs domiciles respectifs. C’est aussi le souhait de Adjoua Kaba. Selon le témoignage de ce quinquagénaire, sa première fille, âgée d’environ 20 ans, a été molestée. Quant à lui, il l’a échappé belle, et sa maison a été épargnée. Mais celle de son fils a été détruite, mentionne-t-il, le regard assombri. Pour lui, le gouvernement doit trouver une solution pour éviter que des gens ne soient chaque fois obligés de quitter leurs domiciles parce qu’une personne a été tuée. Cet avis est aussi partagé par Atongo Sya, une sexagénaire qui dit avoir été battue ainsi que sa fille par un groupe de jeunes. « Ils ont prétexté que ma fille avait une arme, mais quand ils ont vidé le contenu de son sac, il n’y avait aucune arme. Malgré cela, ils l’ont battue, ont déchiré ses vêtements et les billets de banque qu’elle avait. C’est ainsi que nous avons fui le village pour nous retrouver ici », relate-t-elle la voix frémissante. Appréciant les conditions de vie sur le site, elle dira qu’elles sont acceptables dans la mesure où tout le monde a deux repas par jour. « Il nous manque certes, la popote, (l’argent des condiments) mais nous avons deux repas par jour et c’est l’essentiel ». Et de rendre grâce à Dieu. Le regard baissé, la voix tremblotante, la quadragénaire Poupoanou Liliou a aussi, d’entrée de jeu, loué le Seigneur qui lui a permis, à elle et à ses parents, de regagner sains et saufs le site d’hébergement. Tout comme les autres, elle s’est réjoui de l’assistance dont bénéficient les déplacés. Mais son plus grand vœu, c’est de retrouver son village afin de mieux se consacrer à l’éducation de ses enfants. Pour sa part, Kawia Georgette Liliou trouve la vie difficile sur le site. «  La nourriture ne nous suffit pas car nous sommes trop nombreux. Aussi, la qualité du repas laisse à désirer car nous n’avons plus d’argent pour acheter les condiments. Il faut que le gouvernement nous aide à regagner nos domiciles, car nous ne pouvons pas continuer à vivre dans ces conditions-là », avoue-t-elle, l’air triste. Concernant le nombre exact et le matériel mis à la disposition de ces déplacés, le directeur provincial de l’Action sociale et de la solidarité nationale du Nahouri, Laurent Samanyouga, donne des détails.

160 déplacés hébergés à Tiébélé

Selon ses explications, à la date du 22 octobre 2015, le nombre de personnes hébergées sur le site était de 160 dont 29 hommes, 43 femmes, 64 élèves et 24 enfants non scolarisés. Avec l’appui du CONASUR, le COPROSUR Nahouri, (Conseil provincial de secours d’urgence et de réhabilitation) a reçu des dons, c’est-à dire du matériel de premier secours composé de nattes, de tentes, de seaux, de marmites, bref tout ce qui est nécessaire pour que les déplacés puissent vivre convenablement, rassure-t-il. Il précise que la prise en charge de ces déplacés a commencé le 11 octobre, date à laquelle ces derniers se sont retrouvés à la préfecture de Tiébélé. Après avoir passé une nuit à la marie de ladite commune, ils ont été relogés sur le site le 13 octobre. Information confirmée par le chef de service de l’Action sociale et de la solidarité nationale de Tiébélé, Rasmané Nikièma que nous avons rencontré le 23 octobre. Concernant le sort des élèves déplacés, M. Samanyouga dira que des places ont été trouvées aux 64 élèves que son service a recensés et ce, sans qu’aucun parent n’ait eu à débourser un kopeck. Parmi ces 64 élèves, 26 sont du secondaire et 38 du primaire, précise-t-il. A l’en croire, tous les déplacés bénéficient de l’eau potable. Les seules difficultés qu’il a relevées, sont l’insuffisance des fonds pour la prise en charge des malades et l’absence de latrines sur le site. Mais, rassure-t-il, l’Action sociale s’active pour leur trouver des latrines mobiles. Quid des dégâts enregistrés à Guenon? Sur ce point, le DPASSN confesse que son service n’a pas encore fait l’évaluation des dégâts, la tension étant toujours vive. Mais les pertes seront évaluées dès que possible, promet-il. Comment les autorités administratives gèrent-elles cette crise ? La réponse avec le Haut-commissaire du Nahouri, Jean Karembiri (voir encadré).

Dabadi ZOUMBARA

 

Jean Karembiri, haut-commissaire du Nahouri, à propos de la crise à Guenon

« La situation à laquelle nous avons assisté aurait pu être évitée »

‘’Le Pays’’ : comment les autorités gèrent-elles la crise à Guenon ?

Il faut dire que la crise à Guenon date de 2012. En son temps, les autorités provinciales et départementales avaient tenté de concilier les points de vue, mais à un moment donné, la Justice était obligée d’intervenir. Il y a eu des procédures judiciaires et des personnes ont été déférées à la Maison d’arrêt et de correction de Manga et on attend le jugement.

Avez-vous été surpris par les récents événements?

Je dirai que oui, car rien ne présageait qu’un assassinat allait se produire. En tout cas, d’emblée, on ne voit pas le lien entre ce qui s’est passé en 2012 et le meurtre qui a été commis en juillet dernier. Mais il faut dire qu’après ce meurtre, une procédure judiciaire a été enclenchée, les forces de sécurité ont fait leur travail en dressant des procès-verbaux et en procédant à l’arrestation d’un certain nombre de personnes qui ont été déférées devant le procureur du Faso près le Tribunal de Grande instance de Manga.

D’aucuns estiment que c’est parce que la crise de 2012 n’a pas définitivement été résolue qu’on en est arrivé là. Qu’en dites-vous ?

Je pense qu’ils n’ont pas tort. Les rancœurs se sont tellement accumulées que les gens n’arrivent pas à oublier ce qui s’est passé, la justice n’ayant pas encore été rendue. Les gens ont du mal à se pardonner. Ce qui fait que dès qu’il y a un petit incident, dès qu’on sent à travers des comportements qu’il y a de la provocation, ça dégénère.

Quelles sont les mesures prises par l’administration pour juguler cette crise?

L’administration a joué sa partition et continue de le faire. Lorsqu’il y a eu le meurtre dans la nuit du 7 juillet, nous avons tout de suite dépêché les forces de l’ordre, gendarmes et policiers, à Guenon pour protéger les personnes et leurs biens. Elles y sont restées pendant plus d’un mois et pendant tout ce temps, nous avons invité la famille Liliou à rentrer mais elle a été réticente parce qu’elle estimait que les conditions n’étaient pas réunies pour son retour. Plus d’un mois après, nous avons été obligés de lever le dispositif qui était mis en place à Guenon en attendant de voir quels sont les autres moyens que l’on pouvait utiliser pour le retour de la paix. Et jusqu’à présent, nous nous employons dans ce sens. D’ailleurs, un comité de sages comprenant des chefs religieux, coutumiers et des membres de l’administration publique a été mis en place par le Gouverneur après concertation avec les fils et filles de Guenon résidant à Ouagadougou. Ce comité travaille d’arrache-pied pour trouver une solution à la crise. Nous pensons que ce comité, qui a déjà tenu plusieurs réunions, œuvrera pour le retour d’une paix durable à Guenon. Il ne sert à rien de se trouver des raccourcis en faisant prévaloir la force des muscles, car ce sont des solutions hâtives qui ne peuvent pas être efficaces dans une crise où les rancœurs se sont accumulées durant des années.

Le récent saccage des domiciles et boutiques a-t-il eu lieu en présence ou après le retrait des forces de l’ordre?

A ce niveau, il faut que chacun soit sincère. Quand on parle de retour à la paix, il faut que tous les fils et filles de Guenon soient sincères et travaillent dans le sens de la paix. Comme je le disais plus haut, l’administration a joué sa partition. Il y a eu plusieurs missions à Guenon, que ce soit moi-même, le Gouverneur ou d’autres autorités, pour essayer de concilier les points de vue. Hélas, les gens n’ont pas parlé le même langage. Il y en a qui cherchent sincèrement la paix, mais il y en a aussi dont la démarche manque de sincérité. Les événements d’octobre sont survenus parce qu’il y en a qui croient que le retour à la paix doit se faire sur un coup de baguette magique. Alors que le retour à la paix doit être bâti autour d’une stratégie bien mûrie. Pendant que le comité de sages était en train de prendre les contacts nécessaires, d’user de toutes les voies pour ramener la paix, nous avons, contre toute attente, reçu une correspondance de la famille Liliou qui avait quitté Guenon sur la pointe des pieds, nous informant de sa décision, même pas de sa volonté, mais de sa décision de rentrer au village. Nous lui avons répondu à travers une personne influente que les conditions sécuritaires n’étaient pas favorables à son retour à Guenon. Et qu’il serait plus sage pour elle de surseoir à son projet. C’est Mathias Liliou que j’ai pu contacter au téléphone et il m’a rétorqué que tout était fin prêt et qu’il n’était plus possible de revenir sur cette décision-là. Et qu’ils allaient coûte que coûte rentrer au village, advienne que pourrait. Ils ont leur liberté, je ne pouvais pas mobiliser des forces de l’ordre pour les en empêcher. Nous avions voulu qu’ils reviennent sur leur décision parce que les informations qui étaient déjà véhiculées sur le terrain faisaient état du retour de la famille Liliou à Guenon, escortée par des forces de sécurité. Ce faisant, la famille Akongba à Guenon était déjà dressée contre les forces de sécurité et la famille Liliou qu’elle voyait comme des gens qui allaient venir les agresser. Les forces de sécurité n’étaient plus considérées comme neutres mais comme des forces qui étaient venues pour installer la famille Liliou. Donc, cette famille était braquée contre toute force qui allait venir avec la famille Liliou. Comme il fallait s’y attendre, quand la famille Liliou a mis pied à Guenon, les affrontements ont commencé. Des gens se sont attaqués au véhicule qui a transporté les gens et en ont brisé les vitres, etc. Ils étaient obligés de m’appeler pour dire qu’on les a attaqués. Nous avons usé de stratégie pour que le calme revienne ce jour-là à Guenon. Mais le lendemain, les violences ont repris de plus belle. Presque la totalité des maisons ont été endommagées et la famille Liliou était encore obligée de quitter le village. Mais nous avons pu récupérer les déplacés à Tiébélé où ils sont pris en charge par l’Action sociale. Des moyens ont été débloqués au niveau central pour leur prise en charge.

D’aucuns disaient que les fonctionnaires avaient quitté Guenon. Est-ce qu’ils ont regagné leurs postes ?

Une certaine psychose s’était installée à Guenon, notamment au niveau de la Santé et de l’Enseignement; mais au jour d’aujourd’hui (NDLR : 23 octobre), avec la sensibilisation et les assurances que nous avons données à ces fonctionnaires, l’inquiétude est levée. Pour preuve, les élèves qui sont sur le site d’hébergement ont repris le chemin de l’école et suivent correctement les cours.

Avez-vous un mot à l’endroit des protagonistes?

Ce qu’il convient de dire aux uns et aux autres, c’est de ne pas céder à la provocation. La violence à Guenon n’arrange personne. Je ne sais pas ce que certaines personnes cherchent à travers la violence. Si je me réfère à ce qui s’est passé en octobre, même si l’avertissement ne venait pas de l’autorité provinciale, lorsqu’on vous signale un danger, il y a lieu d’être prudent. La situation à laquelle nous avons assisté aurait pu être évitée si on avait écouté les services techniques, si on avait écouté l’autorité provinciale. Il est temps que chacun cherche dans l’esprit, dans les bras et dans les jambes, la paix. Il n’appartient pas seulement à l’administration de chercher des raccourcis en mettant en mouvement la force publique. Certes, cette force peut résoudre la question sécuritaire, mais de façon temporaire car, dès qu’elle va se retirer, les violences vont reprendre. C’est pourquoi le comité de sages ainsi créé, va favoriser la concertation, la sensibilisation, le dialogue et la compréhension afin que les frères de Guenon puissent se parler directement et trouver des solutions à leurs problèmes. Car, il y a en toile de fond, cette question de chefferie et elle ne peut être réglée seulement par l’administration. Il faut que les frères de Guenon s’asseyent, discutent et avec l’appui des personnes-ressources, des solutions idoines seront trouvées à cette crise. Ceux qui croient que c’est la force qui va ramener la paix à Guenon et que de ce fait, il faut faire pression sur l’administration pour qu’elle utilise la force ou qu’il faut ameuter l’opinion publique pour qu’on utilise des raccourcis pour ramener la paix de façon prématurée, doivent comprendre que leur démarche n’est pas sous-tendue par la sagesse. Ils doivent plutôt soutenir le comité de sages en moyens et en idées pour qu’il réussisse sa mission, celle de ramener une paix durable à Guenon.

Propos recueillis par DZ

Légende

Pour le haut-commissaire du Nahouri, Jean Karembiri, l’administration a joué sa partition

ENCADRE 2

Les vivres et matériels mis à la disposition des déplacés par le CONASUR

-Maïs- 2 tonnes

– Mil- 3 tonnes

-Riz- 2 tonnes

Huile- 4o bidons de 5 litres

Sardine- 5 cartons

Corned-beef- 5 cartons

Biscuit énergique (UNICEF)- 5 cartons

Bassines- 15

Grosses marmites- 2

Assiettes en plastique- 50

Gobelets- 125

Seaux- 80

Bidons vides- 40

Nattes de 2 places- 100

Couvertures de 2 places- 100

Moustiquaires (EGF)- 100

Friperies (EZOF) pour enfants- 2 ballots, pour femmes- 1 ballot, pour hommes- 1 ballot

Sources : service de l’Action sociale et de la solidarité nationale de Tiébélé

 


Comments
  • bJR

    Merci à ce journaliste qui a osé prendre le risque d’aller faire ce reportage, mais à lire les propos des uns et des autres, la loi doit être appliquée car nul n’est au dessus de la loi et l’autorité de l’état doit être respectée , car je ne comprends pourquoi pour un meurtre on aille piller ou chasser des gens de leurs maisons . si l auteur du crime est connu qu ‘il soit puni conformément à la Loi et un point barre
    je relevé qu’il y a beaucoup de non dits de cette affaire et je pense également pour qu’il est la paix ,il faut la justcie

    13 novembre 2015

Leave A Comment