HomeA la uneGUINEE CONAKRY : Les malheurs du métal jaune

GUINEE CONAKRY : Les malheurs du métal jaune


 

Le samedi 5 décembre dernier, des échauffourées ont opposé  des éléments des forces de l’ordre guinéennes et les populations de Kintinian, dans la préfecture  de Siguiri, en haute Guinée. La cause des affrontements qui auraient fait des blessés (dont une femme par balles) et entraîné plusieurs arrestations, serait la décision très contestée des autorités guinéennes de déguerpir les populations riveraines du site aurifère de Arwane, afin de permettre à la société AngloGold Ashanti d’y installer ses pénates. Les topographes et les agents recenseurs que la Société aurifère de Guinée (SAG) avait dépêchés sur les lieux en vue de répertorier tous les riverains dans la perspective de leur délocalisation ont été pris à partie par ces derniers qui n’entendaient pas abandonner leurs activités d’exploitation artisanale du site. Certes, on peut bien comprendre l’attitude frondeuse de ces contestataires d’autant que les activités d’orpaillage constituent leurs principales sources de revenus, mais on ne devrait pas tolérer leur attitude de défiance vis-à-vis de l’autorité de l’Etat, puisque tout porte à croire que le site litigieux appartiendrait à la SAG qui avait interdit son exploitation par les populations locales. C’est justement en passant outre cette interdiction que 5 orpailleurs ont récemment été pris au piège dans les tunnels qu’ils ont creusés afin d’en extraire le métal précieux. Ce genre d’incidents ainsi que les affrontements entre groupes rivaux sur ce même site de Kitinian sont devenus récurrents, et la situation est d’autant plus inquiétante que la recherche du « gain facile » aurait même amené certains exploitants à profaner des lieux considérés comme sacrés, comme les tombes. Il se pourrait que ce fût de façon involontaire que des corps ont été déterrés pendant l’excavation des zones supposées contenir d’importantes quantités d’or, mais on ne peut totalement exclure la préméditation, d’autant que dans les croyances et mythologies africaines, le métal jaune ne se dévoile qu’aux adeptes des pratiques sataniques et criminelles. En tout état de cause, l’exploitation minière, qu’elle soit industrielle ou artisanale, a toujours attiré tous ceux qui rêvent d’une vie meilleure, même si, en réalité, elle engendre souvent plus de conséquences désastreuses au plan économique, social et environnemental qu’elle n’impulse véritablement le développement, notamment dans nos pays africains.

Le plus important est de faire en sorte que les avantages d’aujourd’hui bénéficient aux générations futures

Les ressources financières provenant en effet des métaux précieux sont généralement accaparées par des groupuscules privilégiés gravitant autour des palais présidentiels, au grand dam des populations locales dont les terres et l’environnement sont dévastés par des Sociétés étrangères, avec la complicité tacite des autorités. Pourtant, les mines sont une véritable opportunité de développement pour nos pays, pour peu qu’il y ait de la transparence et de la bonne gouvernance dans la gestion des revenus collectés. Car, au-delà des transferts possibles de la technologie et des compétences dont les pays regorgeant des ressources minières peuvent bénéficier, il y a ces milliers d’emplois directs (permanents et temporaires) et indirects que les mines génèrent, sans oublier les faramineuses recettes fiscales (fiscalité intérieure et les recettes douanières) et de service (royalties et taxes superficiaires). Mais il serait naïf de se laisser obnubiler par ces avantages économiques immédiats et passagers, au point d’occulter, pour ainsi dire, le revers de la médaille. En effet, en Guinée Conakry comme ailleurs, l’exploitation industrielle des mines ou l’orpaillage ne contribue pas seulement à renflouer les caisses de l’Etat ou à améliorer significativement la vie de certains exploitants ; elle comporte aussi, à long terme, des risques sécuritaires et socio-environnementaux qui pourraient avoir des incidences négatives sur les conditions de vie des populations. Le plus important est donc de faire en sorte que les avantages d’aujourd’hui bénéficient aux générations futures, en veillant au respect des normes environnementales, d’hygiène et de sécurité au travail, et au renforcement de la transparence depuis l’octroi des licences jusqu’à l’utilisation des recettes publiques provenant de l’exploitation des ressources minières, en passant par la vérification des quantités de production, le paiement des taxes, impôts et redevances, les transferts aux communes etc. Ce défi ne pourra être relevé que si tous les acteurs (hommes politiques, OSC, partenaires économiques et financiers) deviennent plus regardants et plus exigeants dans la répartition des revenus tirés de l’exploitation minière en général et de l’or en particulier. Sinon, on donnera raison à tous ceux qui pensent que les malheurs de l’Afrique proviennent généralement de son sous-sol, qui constitue le point d’attraction de tous ceux qui  rêvent d’être riches, en se servant bien souvent de méthodes peu vertueuses pour y parvenir. La drogue,  la destruction de l’écosystème, le renchérissement du coût de la vie, la prostitution, la déscolarisation des enfants, sont autant de problèmes induits du boom minier, mais qui, malheureusement, sont ignorés par une grande partie des populations aveuglées par la recherche du bien-être instantané. Tant que des dirigeants indélicats continueront à amasser des fortunes colossales au détriment de ceux qu’ils sont censés défendre et protéger, et tant que des jeunes continueront à vivre dans le chômage et la misère, les sites d’orpaillage artisanaux constitueront toujours des cimetières à ciel ouvert, et les sociétés extractives pollueront davantage notre environnement au mercure, au cyanure et autres acides. Et ce n’est pas en chassant les exploitants locaux pour les remplacer au pied levé par des exploitants industriels comme l’ont fait les autorités guinéennes à Kintinian qu’on résoudra les problèmes inhérents à l’extraction de l’or, loin s’en faut. Mais c’est plutôt en développant des pôles de croissance autour des zones minières afin d’accroître durablement la contribution du secteur au développement économique et social qu’on mettra fin ou plutôt qu’on minimisera les malheurs causés par le métal jaune, un peu partout en Afrique.

Hamadou GADIAGA


Comments
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    21 avril 2017

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