HomeA la uneHAFTAR EN RUSSIE : Une visite teintée d’opportunisme

HAFTAR EN RUSSIE : Une visite teintée d’opportunisme


 

Du 27 au 28 novembre 2016, le Général  libyen Khalifa Haftar a effectué une brève visite à Moscou. Deuxième du genre, cette visite du chef des forces armées de l’Est libyen  lui a permis de rencontrer le ministre russe de la Défense, Serguei Shaigu, et le Secrétaire du conseil de Sécurité nationale, Nikalai Patrouchev. Comme le montre l’agenda des rencontres, l’homme fort de Tobrouk est à la recherche de soutiens militaires pour venir à bout des nombreux groupes armés qui écument  le pays depuis la chute du guide, le colonel Mouammar Kadhafi, transformant la Libye en un immense brasier que rien ne semble pouvoir éteindre. Selon certaines sources, le Général souhaiterait l’engagement militaire de la Russie en Libye tout comme elle le fait présentement en Syrie. Même si pour l’instant sur le plan diplomatique, cette requête semble relever de l’utopie, la Libye étant sous embargo tunisien interdisant toutes livraisons d’armes au pays,  Haftar fait preuve d’un extraordinaire flair politique. En effet, le Général a su se mettre dans le sens du vent. Le Kremlin, du fait de la forte poussée de la cote de popularité de son locataire même dans les démocraties occidentales, est en voie, s’il ne l’est déjà, d’être l’un des principaux pôles de décision du monde. En se faisant donc adouber par Vladimir Poutine, l’homme fait du coup les yeux doux aux puissances occidentales, notamment les USA dont le nouveau leader ne fait plus mystère de son admiration pour le tsar russe. En outre, il se positionne diplomatiquement sur la scène internationale et se pare de la stature de chef d’Etat. Mieux, il conforte son assise sur la scène nationale où il ne doit sa survie qu’à sa maîtrise du terrain militaire. Toutefois, le fait que les quelques heures que le général a passées à Moscou aient été qualifiées de «visite officielle» par les autorités russes, témoigne du capharnaüm qui prévaut en Libye. C’est la preuve que certaines puissances, en l’occurrence la Russie, soutiennent certaines personnalités mises hors-jeu par l’Organisation des Nations Unies. L’impasse dans le dossier libyen est de ce fait symptomatique de la bagarre par procuration que se livrent les grandes puissances mondiales. On est donc fondé à croire que la Communauté internationale adore plus la division des Libyens plutôt que le retour à une situation de vie normale.

Si Haftar n’est pas la solution à la crise, la solution de la crise passe par lui

Elle se conduit plus en ennemie de la paix qu’en tout autre chose. Et à vrai dire, la guerre en Libye arrange plus d’un. Car, pendant que descend sur le pays un déluge de feu, les puissances occidentales siphonnent son pétrole. Le gouvernement d’union nationale n’est qu’un paravent à l’abri duquel elles masquent leur jeu. C’est pourquoi il faut déjà se féliciter de la clairvoyance dont fait preuve le Kremlin. De toute évidence, il ne peut y avoir de sortie de crise en Libye sans le Général Haftar qui, en plus d’hériter de ce qui reste de la puissance de l’armée libyenne, dispose de l’appui de ses puissants voisins tchadien et égyptien. Autre atout non négligeable, il file le parfait amour avec les chefs de plusieurs tribus. Si donc Haftar n’est pas la solution à la crise, la solution de la crise passe par lui. Et chose étonnante, l’Afrique qui subit de plein fouet les effets de la crise libyenne se claque-mure dans un mutisme incompréhensible. Idriss Deby qui a reçu la visite du Général Haftar a préféré mettre en avant son statut de chef d’Etat du Tchad plutôt que celui de président en exercice de l’Union africaine (UA), manquant ainsi l’occasion de reprendre la main dans le dossier. Mais plus que quiconque, c’est le peuple libyen qui est seul maître de son destin et il lui appartient de chercher et de trouver les voies et moyens pour sortir des dédales de la haine et de la division.

SAHO


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