HomeFocusHAMA AMADOU : Le crépuscule d’une carrière politique

HAMA AMADOU : Le crépuscule d’une carrière politique


Le Niger a un nouveau président de l’Assemblée nationale. Il s’appelle Amadou Salifou. Il est le président de la section MNSD Nassara de Niamey et ancien préfet de la commune urbaine du même nom. Son élection intervient trois jours seulement après la constatation par la Cour constitutionnelle, le 20 novembre dernier, de la vacance du pouvoir au perchoir, alors même que les députés étaient en pleine session budgétaire. C’est donc Amadou Salifou qui, de jure, succède à Hama Amadou, en cavale depuis le 27 août dernier, suite à la rocambolesque affaire de trafic de bébés dans laquelle lui et son épouse sont présumés trempés. Le moins que l’on puisse dire c’est que le pouvoir de Mahamadou Issoufou a su faire preuve de patience et d’endurance, lui qui, à tort ou à raison, a été accusé d’avoir monté une cabale contre son principal adversaire afin, dit-on, de le détruire politiquement. En effet, il y a fort à parier que si l’élection du nouveau président de l’Assemblée nationale était intervenue quelques jours seulement après la fuite de Hama Amadou, les partisans de ce dernier auraient beau jeu de crier au complot ; eux qui  n’ont de cesse d’ailleurs de parler « d’éloignement forcé » de leur mentor. Pourtant, les circonstances et les raisons de la fuite de Hama Amadou  méritaient qu’on le remplaçât au pied levé, c’est-à-dire dire  dès le lendemain même de sa sortie incognito du pays. Chose que le président Issoufou s’est gardé de faire au risque de se voir voué à nouveau aux gémonies par ses contempteurs. C’est tout à son honneur.

Tout pouvoir a besoin d’un contre-pouvoir

L’autre point glorieux du régime Issoufou, c’est d’avoir confié  le perchoir à un membre de l’opposition, quoique le MRN, parti au pouvoir, soit majoritaire à l’Assemblée nationale. Profitant de l’absence de son allié d’hier devenu par la suite son farouche adversaire politique, Mahamadou Issoufou aurait pu placer un de ses hommes liges à la tête de l’hémicycle, pour  s’assurer que tout projet de loi que son gouvernement viendrait à soumettre aux députés, passerait comme une lettre à la poste. Ce qui aurait confirmé le préjugé peu glorieux qui fait des parlements africains des chambres  d’enregistrement ou des caisses de résonnance des régimes en place. Certes, d’aucuns objecteront à juste titre que l’actuel président Amadou Salifou est de la majorité, mais toute raison gardée, il ne faut pas perdre de vue que Hama Amadou appartenait lui aussi à la même majorité. Pour autant, cela n’a pas tu les divergences de vues entre les deux alliés au point que, par moments, on avait l’impression de vivre un blocage au sommet de l’Etat nigérien. C’est dire que Mahamadou Issoufou, en confiant le perchoir à un opposant, fût-il de la majorité, a pris un grand risque, celui de se voir souvent contesté comme ce fut le cas avec le patron du Modem/Lumana. Il a compris que tout pouvoir a besoin d’un contre-pouvoir qui permet d’équilibrer le jeu politique et d’éviter surtout certaines dérives dans la gestion du pouvoir d’Etat. Car comme le disait Aristote, « nul ne gouverne innocemment ». Il est vrai que l’idéal aurait voulu que le président de l’Assemblée nationale vînt du parti de Hama Amadou, mais ce n’est pas tant la faute des autorités nigériennes que celle du Modem/Lumana qui n’a pas voulu présenter de candidat alors qu’il en avait la possibilité. A l’impossible, nul n’est tenu, dit l’adage. Toujours est-il qu’avec l’élection d’un nouveau président au perchoir, la crédibilité républicaine survivra à Hama Amadou. C’est cela l’essentiel pour le Niger, au-delà de toutes considérations.

Boundi OUOBA


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