HomeA la uneHERVE TAPSOBA, PORTE-PAROLE DES MILITAIRES RADIES EN 2011 : « Nous demandons aux autorités militaires et politiques de revoir notre cas »

HERVE TAPSOBA, PORTE-PAROLE DES MILITAIRES RADIES EN 2011 : « Nous demandons aux autorités militaires et politiques de revoir notre cas »


Cinq ans après les mutineries de 2011, les militaires radiés croient toujours à leur réintégration dans les rangs des Forces armées nationales. Ils ont animé une conférence de presse le 24 juin 2016  à Ouagadougou, pour interpeller le régime de Roch Marc Christian Kaboré à se pencher diligemment sur leur cas.

 

« Depuis que j’ai été radié des Forces armées nationales, je suis devenu vigile avec un salaire mensuel de 32 000 F CFA. Pourtant, j’ai une famille de 4 bouches à nourrir. Ma fille aînée fera la 6e cette année et je me demande comment je pourrai faire pour honorer ses frais de scolarité ». Ce sont là, les propos de Mamadou Tiendrebéogo, ex-soldat de première classe précédemment en service au Groupement central des Armées, radié suite aux mutineries de 2011. Tout comme lui,  ils  sont plus de 600 ex-soldats qui tirent, de nos jours, le diable par la queue. Les plus chanceux sont devenus des  boutiquiers, des vigiles, des chauffeurs, des taximen, des gérants de kiosques, etc. Les moins chanceux ont été emportés par  la faucheuse. Le 24 juin dernier, ils étaient en grand nombre au Centre national de presse Norbert Zongo (CNP-NZ) à Ouagadougou.  Face aux Hommes de médias et par la voix de leur porte-parole, Hervé Tapsoba, ex-soldat de première classe précédemment en service au Groupement central des Armées, ces militaires radiés  ont non seulement fait leur mea-culpa, mais ont demandé aussi aux autorités de se pencher diligemment sur leurs  dossiers pendants en Justice. « Nous demandons aux autorités militaires et politiques de revoir notre cas. Nous voulons une situation claire de notre problème (…). Nous avons déjà introduit des dossiers en Justice. Nous demandons aux plus hautes autorités de notre pays de mettre à la disposition de la Justice tous les moyens nécessaires pour le traitement desdits dossiers. Même étant une affaire militaire, l’indépendance de la Justice demeure (…). Nous ne menaçons pas. Mais vous ne pouvez pas jeter les enfants des gens dans la rue comme ça », a soutenu le porte-parole des militaires radiés, Hervé Tapsoba. Faisant le bilan de la lutte qu’ils ont entamée suite à l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, ces ex-soldats ont désapprouvé  le mutisme des autorités de la Transition face à leur situation. « Pendant la Transition, nous avons resserré les rangs pour nous faire entendre. C’est ainsi que nous avons animé notre première conférence de presse pour demander pardon à toutes les couches  socio-professionnelles et aux autorités coutumières et religieuses. Les démarches entreprises pour rencontrer les autorités et les personnes-ressources sont restées infructueuses. Le Premier ministre d’alors, Yacouba Isaac Zida, a pesé de tout son poids pour que notre dossier reste au statu quo. A un moment donné, nous avons décidé de faire une pause  à la lutte que nous menons parce que le pays était dans une insécurité », a martelé M. Tapsoba. Accusés à tort  ou à raison et radiés sans au préalable être passés par un Conseil d’enquête ou de discipline,  ces sous-officiers et hommes du rang confondus se sentent de nos jours lésés.  « Parfois, si votre employeur se rend compte de votre passé, il vous remercie sous prétexte que vous êtes soit un braqueur, soit un violeur ou un meurtrier », foi du  porte-parole des militaires radiés,  Hervé Tapsoba.

 

« Les mutineries de 2011 ont profité à tous les militaires actuellement en service »

 

Pour ces militaires,  les mutineries de 2011 ont occasionné certes, beaucoup de pertes matérielles, mais force a été de constater que celles-ci ont été le résultat d’un mécontentement de militaires de l’ensemble des garnisons du pays. Mais, dans le lot des mutins, 566 militaires ont vu leur contrat résilié par une première note de service et 60 militaires par une seconde note de service, toutes signées par le ministre de la Défense sur proposition du Chef d’Etat-major général des armées. « Des radiations individuelles s’en sont suivies », a rappelé M. Tapsoba, pour qui, toutes ces radiations ont été faites dans la subjectivité. « Beaucoup ont réintégré les rangs et l’on se demande pourquoi », s’est-il interrogé, en citant quelques noms en appui, que nous nous réservons de dévoiler. Fustigeant cette situation, ces ex-militaires ont estimé que les mutineries de 2011 ont profité à tous les militaires actuellement en service. « Ce sont ces mutineries  qui ont permis aux non-radiés  de bénéficier d’une augmentation de salaire et d’allocation de certaines indemnités », ont-ils laissé entendre. Une occasion pour eux de traduire leur reconnaissance à leurs anciens collègues qui leur manifestent toujours leur solidarité. « Certains des militaires en service nous ont oubliés. Par contre, d’autres cotisent toujours pour nous aider à régler nos loyers. Nous ne pouvons pas citer les noms, mais nous leur disons merci », ont-ils soutenu. Qu’à cela ne tienne, ces ex-soldats  n’entendent pas baisser les bras. « Nous n’allons pas abandonner. Nous allons nous battre jusqu’au dernier soldat », ont-ils fait savoir. Pour mieux se faire  entendre, ils comptent se rendre au ministère de la Défense dans la matinée du lundi 27 juin,  pour, ont-ils dit, signaler leur présence. « Nous ne partons pas pour manifester encore moins casser quelque chose. Mais s’ils (NDLR : les Forces de l’ordre et de sécurité) usent de la force pour nous disperser ou pour nous frapper, nous allons leur montrer que nous avons beaucoup retenu de ce qu’on nous a appris durant notre  formation », ont-ils annoncé.

 

 Mamouda TANKOANO

 

 


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