HomeLe fait du jourIMAM ISMAEL TIENDREBEOGO à propos du mois de Ramadan:« Ne pas fumer fait partie des principes de l’Islam »

IMAM ISMAEL TIENDREBEOGO à propos du mois de Ramadan:« Ne pas fumer fait partie des principes de l’Islam »


Mois saint, mois bénit, mois de gratitude, mois de piété ou encore mois de solidarité pour les musulmans ; ce mois, c’est le mois de Ramadan qui approche à grands pas. Il est à nos portes et sera bientôt là. Mais bien que ce mois de jeûne soit attendu par les fidèles musulmans, certains ignorent encore le fondement et ses bienfaits. Afin d’en savoir davantage sur ce mois de carême aux vertus multiples, nous avons rencontré un homme de Dieu, l’iman Ismaël Tiendrébéogo, pour nous éclairer. Imam de l’Association des élèves et étudiants musulmans du Burkina (AEEMB) et du Centre d’études, de recherche et de formation islamique (CERFI), l’homme de Dieu nous a donné l’essentiel sur les obligations et dérogations du mois de jeûne.  

 

« Le Pays » : Imam, nous sommes à un pas du mois de Ramadan. Qui peut jeûner et qui ne le peut pas ?

 

Imam Ismaël Tiendrébéogo :

Avant de répondre à la question, je voudrai revenir sur la distinction que le musulman doit faire entre l’obéissance et l’action. En réalité, ce qui est attendu du musulman est l’obéissance, le fait qu’il accepte son statut de subordonné à celui qui l’a créé et qui connait mieux ce que son âme peut lui inspirer. Pour nous musulmans, c’est par l’obéissance que nous méritons la miséricorde de Dieu par laquelle nous accédons au paradis. Ce ne sont pas les actions qui nous y mènent parce que nous vivons trop peu pour mériter, par nos actions, une vie éternelle dans un paradis où tous les plaisirs sont à portée de main. En ce qui concerne le jeûne, l’islam demande d’abord d’avoir l’âge de la puberté. Puisque le prophète de l’islam (Paix et salut de Dieu sur Lui) a dit que la plume de la responsabilité concerne trois personnes : l’enfant jusqu’à ce qu’il atteigne la puberté, le fou jusqu’à ce qu’il recouvre la raison, et l’endormi jusqu’à ce qu’il se réveille. Deuxièmement, la personne doit être saine d’esprit. Troisièmement, elle doit être sédentaire, c’est-à-dire qu’elle n’est pas en voyage. Le voyageur peut jeûner comme il peut ne pas jeûner car le choix lui est donné. Mais jeûner est préférable pour lui, tant qu’il peut supporter la fatigue du voyage. D’autre part, celui qui peut ne pas jeûner, est celui qui, en islam, a une excuse légale. Cette excuse légale c’est la femme enceinte qui craint pour sa santé et celle du fœtus, la femme qui allaite et qui craint aussi pour sa santé et celle du nourrisson, le vieillard d’un certain âge et celui qui souffre d’une maladie chronique et qui ne peut pas supporter les effets du jeûne, soit parce qu’il doit prendre des médicaments ou soit parce qu’en jeûnant, cela va aggraver son mal. Là, l’islam nous dit ceci : «ne vous jetez pas vous-même dans votre propre perte ; Dieu est miséricordieux à votre égard». Cela veut dire que, toutes les fois où le jeûne peut avoir un impact négatif sur votre santé, l’islam nous dit que nous avons une excuse pour ne pas jeûner. Mais nous allons distinguer deux situations car il y a des maladies chroniques pour lesquelles nous n’avons pas de médicaments et dont on n’espère pas la guérison mais, on doit croire à la miséricorde de Dieu pour nous guérir quand même. Les personnes qui sont dans ce cas sont autorisées à payer une compensation par jour manqué. A la fin de la journée de jeûne, pendant que les autres sont en train de rompre leur jeûne, ces gens-là peuvent faire la compensation en nourrissant un pauvre. Mais pour une personne qui espère la guérison, elle peut ne pas jeûner les jours où elle se sent incapable quitte à rembourser à la fin du ramadan, au prorata du nombre de jours qu’elle aura manqués. Une autre catégorie de personnes qui a une excuse légale, c’est la femme qui est dans son cycle menstruel. Quand la femme est dans son cycle menstruel, elle ne jeûne pas jusqu’à ce qu’elle se purifie de ses menstrues à travers le grand lavage ou la purification majeure. Elle aussi, à la fin du ramadan, rembourse les jours qu’elle aura manqués du fait de ses menstrues. Il en est de même pour le voyageur qui décide de ne pas jeûner du fait de la fatigue liée au voyage. Cette personne aussi rembourse le nombre de jours manqués à la fin du mois de ramadan. C’est dire que le jeûne ne doit pas nous mettre dans un état qui compromette notre état physique.

 

Mais quelles sont les conditions pratiques du jeûne ?

 

Tout à l’heure, je parlais de la différence qu’il faut observer entre l’obéissance et l’action en islam. Cette différence est fondamentale en ce qui concerne le jeûne puisque le prophète (Paix et salut de Dieu sur Lui) dit que « les actes ne valent que par l’intention ; et chacun de vous n’aura de son action que l’intention qui l’a poussé à agir». C’est donc se demander pourquoi est-ce que nous jeûnons ? Il faut formuler donc l’intention d’obéir à Dieu pour le jeûne que nous allons observer. Il ne s’agit pas de le faire parce que les autres le font ou de craindre qu’en ne jeûnant pas, les autres nous jettent l’anathème. On jeûne pour obéir à Dieu et pour avoir le rapprochement vis-à-vis de Dieu. La question de l’intention est donc centrale et, sans elle, il n’y a pas de récompense. Deuxièmement, il y a des abstinences que nous devons observer, à savoir l’abstinence de manger, de boire et celle de la copulation. Dans l’abstinence de manger ou de boire, on va classer d’autres besoins que certains satisfont bien que ce ne soit pas de la nourriture. Je veux parler de l’action de fumer qui, en dehors de l’islam, est un acte détestable. Donc, pendant le mois de ramadan, ne pas fumer fait partie des principes de l’islam. A côté de ces abstinences, il y a l’éducation du corps. Parce que le prophète (Paix et salut de Dieu sur Lui) a dit : « à la fin de la journée de ramadan, il y aura des gens qui n’auront récolté que la faim et la soif » ; ceci pour nous montrer que le jeûne n’est pas seulement le fait de s’abstenir de manger et de boire. C’est aussi une autre éducation, une autre discipline à observer. Et plus loin, le prophète de l’islam (Paix et salut de Dieu sur Lui) précise que « celui qui jeûne et ne s’abstient pas de propos mensongers et calomniateurs, Dieu n’a nul besoin que la personne s’abstienne de sa nourriture ou de sa boisson », c’est dire aussi que les organes doivent participer au jeûne et nous devons les éduquer. C’est justement la finalité du mois de ramadan. Dans le Coran, il y a des versets qui prescrivent le jeûne afin d’atteindre la piété. L’atteinte de la piété est la proximité avec Dieu et, dans un hadith, il dit ceci : «Mon serviteur ne peut se rapprocher de moi mieux qu’à travers les œuvres que je lui ai prescrites. Et il se rapproche davantage à travers les œuvres surérogatoires jusqu’à ce que je l’aime. Quand je l’aime, je deviens le pied avec lequel il marche, la main avec laquelle il saisit, l’œil avec lequel il regarde et l’oreille avec laquelle il écoute et il ne me demande rien que je lui refuse». Donc, dans le processus spirituel, ce qui est attendu du musulman, c’est qu’il atteigne un degré de fusion dans son action avec la perfection divine et que ce soit Dieu qui soit aux commandes de ses membres. Le mois de Ramadan est à nul autre pareil. Quand on observe le jeûne, il y a trois barrières principales pouvant nous empêcher d’accéder à Dieu qui tombent. D’abord, il y a la barrière de l’orgueil, la discipline du corps et nos rapports avec les autres. Pendant le mois de ramadan, l’une des philosophies, c’est d’économiser la nourriture pour faire profiter aux autres. Ramadan est donc une école à travers laquelle on se rapproche très facilement de Dieu.

 

Pouvez-vous nous rappeler les avantages liés à l’observation du jeûne du mois de ramadan ?

 

Il y a plusieurs impacts. Il y a un impact spirituel que je viens d’aborder, qui est ce rapprochement avec Dieu, et également la purification de nos péchés. Le prophète de l’islam (Paix et salut de Dieu sur Lui) dit que celui qui jeûne avec foi et espoir, ses péchés passés lui seront pardonnés. Nous savons également que c’est par le péché que l’homme s’éloigne de Dieu. Le hadith dit que, quand quelqu’un commet un péché, un point noir apparaît sur son cœur, et un autre encore s’il commet un autre péché jusqu’à ce qu’il se repente. S’il ne se repent pas, le point noir s’incruste définitivement. Et ce sont ces points noirs qui vont s’ériger en barrière entre cette personne et la lumière divine. Pendant le mois de ramadan, nous avons la possibilité de nous débarrasser de nos péchés en observant le jeûne, et de disposer notre cœur à être le réceptacle de la lumière divine. Il y a également le hadith qui dit qu’un jour de jeûne du mois de Ramadan observé éloigne du feu d’une distance parcourue en 70 années. En cela, il faut ajouter que l’islam nous dit que, si nous donnons à manger ou à boire à quelqu’un qui a jeûné, Dieu nous donnera la récompense d’un jour de jeûne supplémentaire. Il y a aussi que, comme toute obéissance, le fait d’observer le jeûne fait que Dieu nous ouvre les portes de la miséricorde. Quelqu’un peut, dans ce mois de Ramadan, présenter ses vœux les plus chers à Dieu et observer sincèrement le jeûne du mois de Ramadan, et à la fin de ce mois, ou pendant ce mois Inch’Allah, il verra la réalisation de ses vœux. Ça, c’est l’impact spirituel. Quant à l’impact physique, selon une étude australienne, il est dit qu’observer le jeûne de trois jours permettrait de stimuler les défenses immunitaires. Si le jeûne est bien accompli, il nous permet aussi de perdre du poids. Il est scientifiquement prouvé que lorsqu’on observe bien le mois de Ramadan, l’organisme s’y adapte et le métabolisme basal réduit ses dépenses alimentaires. L’organisme a réduit ses besoins en énergie. Et si on continue toujours dans la même lancée, on ne va plus reprendre du poids. Malheureusement, après le mois de Ramadan, les gens vont casser le rythme qu’ils avaient durant ce mois. Ça peut conduire à une reprise de poids. Il y a aussi un impact sur la société, parce que les gens font plus pratiquement preuve de solidarité les uns envers les autres. Ils se rendent visite, organisent des ruptures collectives. Et ceux qui avaient rompu avec la mosquée renouent avec la prière communautaire. Je crois que cela consolide les relations entre les musulmans.

 

A quand le début du mois de Ramadan ?

 

Pour ce qui est du début du jeûne, je crois qu’il nous faut deux ou trois jours pour que ce mois de chaabane finisse. Donc, le début du mois de Ramadan est prévu probablement dans 4 jours. Probablement parce que le hadith dit : « jeûner avec l’apparition du croissant et rompez avec l’apparition du croissant »

 

Quel message avez-vous à l’endroit des fidèles musulmans ?

 

Merci d’abord au journal «Le Pays». Je souhaite un bon Ramadan aux fidèles musulmans. Que Dieu nous guide tous et qu’Il préserve le Burkina Faso des méfaits de tous les hommes. Dieu fasse que chacun vive dans la paix et la tranquillité Inch’Allah.

 

Propos recueillis par Adama SIGUE et Hamadi BARO (collaborateur)

 

 


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