HomeLe fait du jourIMPARTIALITE ET NEUTRALITE DES MEDIAS EN PERIODE ELECTORALE : Des journalistes s’abreuvent à la source de Boureima Jérémie Sigué

IMPARTIALITE ET NEUTRALITE DES MEDIAS EN PERIODE ELECTORALE : Des journalistes s’abreuvent à la source de Boureima Jérémie Sigué


Dans moins de huit mois, le Burkina sera plongé dans la fièvre électorale avec la tenue de la présidentielle couplée aux législatives, le 11 octobre 2015. Pour éviter que les Hommes de médias ne servent de chapelle pour les hommes politiques, mais plutôt travaillent à l’égalité des chances des candidats, à travers un traitement équitable, équilibré et juste de l’information qu’ils diffuseront pendant la campagne électorale, et pour mieux accompagner la transition politique en cours, le Groupe d’études et des recherches en sciences et technique de l’information et de la communication (GERSTIC) a organisé un forum au profit des journalistes traitant des questions politiques, des organisations professionnelles des médias, des acteurs politiques engagés pour l’ancrage de la démocratie au Burkina et des responsables d’organes de régulation et d’autorégulation. Placé sous le thème : Médias et transition politique au Burkina Faso », ce forum qui s’est tenu les 13 et 14 février derniers au Centre national des archives de Ouagadougou a été riche en communications dont celle du Fondateur des Editions « Le Pays », Boureima Jérémie Sigué, portant sur le thème : «L’impartialité et neutralité des médias en période électorale : la régulation des campagnes électorales ».

Organisé avec l’appui financier de International media support (IMS), le forum du GERSTIC avait entre autres objectifs de renforcer le secteur des médias pendant la période de la transition, d’évaluer l’action des médias pendant la crise sociopolitique : acquis, limites et perspectives et d’élaborer un plan d’action des médias pour la période électorale au pays des hommes intègres. Quarante huit heures durant, la quarantaine de participants composés de journalistes, d’hommes politiques et d’acteurs de la société civile se sont abreuvés à la source de sommités de la presse burkinabè. Parmi elles, le Fondateur des Editions « Le Pays », Boureima Jérémie Sigué, qui a livré un témoignage fort enrichissant à travers une communication sur le thème : «L’impartialité et la neutralité des médias en période électorale : la régulation des campagnes électorales ». Avant d’entamer sa communication sur la responsabilité déontologique et éthique du journaliste en période électorale, il a d’abord défini la portée de cette période sensible. La période électorale, a-t-il dit, est un moment sacré pour une cité, une nation. « C’est une tranche de temps qui charrie toutes les interrogations et tous les espoirs. C’est un moment où, une fois encore, le peuple se retrouve au carrefour de son destin.   Le caractère sacré d’une période électorale semble être plus souligné dans les systèmes politiques multi-partisans ou multipartites appuyés par le pluralisme médiatique », a-t-il soutenu. Selon le communicateur, la période électorale est l’une des séquences de vie les plus riches parce que gonflée de toutes les pulsations, de toutes les pulsions d’une nation, d’un peuple qui s’inquiète et qui espère, qui se questionne, qui se répond, qui interroge et qui attend des réponses.  En somme, c’est une période de grande sensibilité où l’émotion se drape facilement aux couleurs de la raison où le vice rend facilement hommage à la vertu, bref, c’est un moment de haute gravité où le choc des intérêts, des ambitions, peut parfois produire des étincelles perfides et dévastatrices, et c’est là que peut se situer, a-t-il relevé, la responsabilité morale et sociale du journaliste.  Et il apparait également de façon évidente, a-t-il ajouté, une co-relation entre la responsabilité du journaliste et la qualité de la restitution de l’information électorale. Pour Boureima Jérémie Sigué, il est à peine nécessaire de dire que le bon déroulement des élections, la paix sociale, le choix du citoyen sont dans une large mesure tributaires du comportement professionnel du journaliste. Si ces objectifs lui tiennent à cœur, le journaliste doit alors, a-t-il dit, se comporter comme un modérateur, voire un conciliateur.  En effet, a-t-il fait remarquer, il n’y a pas que la loi, il n’y a pas que la règlementation sur laquelle l’éditeur et le journaliste se mettent d’accord, il y a aussi et surtout les règles morales et éthiques auxquelles un journaliste honnête et conscient de ses responsabilités doit obéir. « En ce domaine, au-delà de la conscience professionnelle, il est fait appel à la conscience morale du journaliste. »

L’honnêteté, l’impartialité et l’équité

Notre presse nationale étant généralement reconnue comme une presse de bonne tenue, elle doit en période électorale, s’assigner comme vertu cardinale, la vérité, l’honnêteté, l’impartialité et l’équité », a-t-il jugé nécessaire. Selon le communicateur Boureima Jérémie Sigué, dans un pays comme le nôtre, qui joue chaque jour la carte du développement, la presse, qu’elle soit publique ou privée, doit s’élever au dessus de son moi pour donner à chaque acteur politique légalement reconnu les mêmes chances d’accès au pouvoir pour autant bien sur qu’il ne professe pas des idéaux racistes, ethnicistes,   régionalistes et autres contre-valeurs unanimement condamnées par notre société. Pour lui, en période ordinaire comme en période électorale, le journaliste a l’obligation de donner l’information complète, celle qui répond aux conjonctions relatives ou adverbiales c’est-à-dire qui, quoi, quand, où, comment et pourquoi. Il a aussi l’obligation de donner l’information exacte. Le journaliste, a-t-il fait savoir, ne doit jamais oublier qu’il porte sur ses épaules, une grande partie du poids de la paix sociale et donc du succès ou de l’échec d’une élection. Car personne ne doit oublier que c’est une période très électrique où la moindre étincelle peut tout embraser. Or, plus qu’une étincelle, un journal, une station de radio, de télévision ou une photo, est un torchon incandescent caché. Développant l’impartialité et la neutralité, le Fondateur des Editions « Le Pays », a soutenu qu’en période électorale, c’est le destin de toute une nation qui se joue dans le temps et dans l’espace, c’est pourquoi, un journaliste doit laisser le peuple souverain s’exprimer sereinement. En dehors de l’incitation à sortir massivement pour accomplir un devoir civique, le journaliste ne doit pas pousser le citoyen à faire autre chose que ce qu’il voulait faire, à voter autrement qu’il voulait voter, a-t-il indiqué. Il s’agit, a-t-il dit, de faire preuve de neutralité bienveillante et non de cette neutralité indifférente. En période électorale, a-t-il renchéri, tout écrit qui peut enflammer, ou diviser le corps électoral doit être tu; tout ce qui peut passionner à aller aux urnes doit être mis en exergue. Il s’agit de faire de l’information et non de la communication, a-t-il précisé. Le traitement et l’emplacement du titre à la Une ou à l’intérieur, la nature ou les dimensions de la photo, etc., sont autant d’éléments qui peuvent, a-t-il signifié, confondre le journaliste le plus pétri de bonne foi et de bonne volonté. Dans sa conquête de neutralité et d’impartialité, le journaliste le plus attentionné peut être confondu sur les terrains de la présentation du libellé des titres et sur le choix des pages pour la dissémination des titres. Il faut donc que le journaliste en soit permanemment conscient afin de limiter au maximum les dégâts, a-t-il conseillé. A son avis, en période électorale, le journaliste chargé de parler, d’écrire sur la chose électorale devrait être trié sur le volet par les responsables des médias sur la base des critères principaux du professionnalisme et de l’honnêteté. Le journaliste en période électorale, a-t-il fait noter, doit avoir constamment à l’esprit qu’il a aussi un rôle d’arbitre au sens étymologique du terme qui le contraint à laisser s’exprimer toutes les chances dont la perspective finale est le respect scrupuleux du choix populaire. Pour ce faire, il doit gommer toutes les aspérités tendancieuses et injustes de ses écrits, de ses paroles et de ses images.

« Le journaliste doit faire preuve de force morale »

Il doit, a-t-il jugé capital, s’élever au dessus de ses préférences politiques et idéologies quand il en a. Le journaliste doit faire preuve de force morale. Dans un système politique multipartite, le journaliste en période électorale plus qu’à tout autre moment, doit d’abord, a-t-il estimé, croire au métier du journaliste, il doit croire que la presse est investie d’une mission sacrée au service du public et que tous ceux qui travaillent pour elle sont des éducateurs d’opinion, qu’il trahirait la confiance dont il est dépositaire s’il se fixait d’autres objectifs. En période électorale plus qu’à tout autre moment, le journaliste, a-t-il insisté, ne doit accepter d’écrire que ce qu’il estime à son âme et conscience être la vérité. « Le journaliste qui obtient le succès le plus mérité, est, dit-on, celui qui craint le Ciel en honorant les hommes, qui est inaccessible aussi bien, au vertige de l’honneur qu’à l’appel du pouvoir, qui est constructif, tolérant, patient, maître de lui, toujours respectueux de ses lecteurs, téléspectateurs et auditeurs, sans jamais être leur esclave et prompt à s’indigner de l’injustice d’où qu’elle vienne, insensible aux pressions des privilégiés comme à celles de la foule et qui s’efforce de donner une chance égale à tous ; il ne doit en aucun cas mentir à son peuple à travers un jeu de cache-cache ». Abordant le dernier volet de son exposé sur les critères d’égalité, le doyen du jour de la presse burkinabè dira que l’égalité de traitement en matière d’information, surtout en période électorale, peut relever du simple droit à l’information. En effet, on ne saurait, a-t-il signifié, donner l’antenne d’une radio ou ouvrir les colonnes d’un journal à un chef de parti et refuser ce geste à un autre chef de parti légalement reconnu. De la même manière, on ne saurait, a-t-il estimé, donner plus de temps d’antenne à tel leader politique qu’à tel autre. Chaque chef politique draine, ne serait-ce qu’en théorie, toute une foule de militants donc une partie du corps social derrière lui. Ce faisant, toute injustice en matière de gestion des chances peut, a-t-il fait remarquer, induire des conséquences psychologiques dévastatrices. La conscience du journaliste se mesure à l’aune du traitement de l’information et à l’aune de son comportement de tous les jours. Au-delà de toutes les considérations professionnelles, sa responsabilité, a-t-il laissé entendre, fait appel avant tout au sens patriotique, à sa conscience citoyenne, son sens civique, patriotique et moral, son souci du devenir de son peuple doit constituer le ciment de toutes ses approches professionnelles. Après avoir bénéficié de ce riche exposé et des conseils avisés, les participants ont posé un certain nombre de questions au Fondateur des Editions « Le Pays » dont l’une avait trait à la position de son journal sur la couverture médiatique des campagnes et meetings.

«Nous couvrons les campagnes comme les autres, mais à la seule différence que nous ne prenons pas de l’argent (NDLR : la subvention) pour ce travail »

Sur ce sujet, Boureima Jérémie Sigué a dit de ne pas faire un procès en sorcellerie au journal « Le Pays » car il n’a jamais dit qu’il ne couvrait pas les campagnes électorales. «Nous couvrons les campagnes comme les autres, mais à la seule différence que nous ne prenons pas de l’argent (NDLR : la subvention) pour ce travail. Nous les couvrons avec nos moyens propres, et nous avons des correspondants pour cela. C’est une façon pour nous d’assumer la liberté et l’indépendance du journal », a-t-il clarifié. Des questions ont porté sur la neutralité et l’impartialité du journaliste. Pour certains cela semble impossible. Pour le Fondateur des Editions « Le Pays », cela est bel et bien possible pour le journaliste honnête, équitable, qui cherche à faire son travail en conscience, qui mesure tout le poids de sa responsabilité sociale et qui, bien sûr, n’est pas l’objet de compromissions. Et Sigué Boureima Jérémie de prendre l’exemple des deux guerres de l’Irak où les journalistes américains, tout en bénéficiant des logistiques de l’armée (chars, hélicos, etc.), ont fait un travail journalistique remarquable et remarqué à travers le monde. La neutralité et l’impartialité sont avant tout une affaire qui relève du professionnalisme et de l’éducation morale de base du journaliste. Celui-ci ne doit en aucun cas se sentir comme l’obligé d’une personne morale ou physique, a-t-il souligné. Son copaneliste, le Dr Lassina Kaboré du Conseil supérieur de la communication, s’est, quant à lui, appesanti sur le déséquilibre constaté dans le nombre d’horaires accordés par les médias publics aux candidats lors des trois dernières élections présidentielles et qui a toujours été en faveur de l’ex-président du Faso, Blaise Compaoré. Ce dernier aussi n’a pas manqué d’apporter des éléments de réponse aux différentes questions qui lui ont été posées. De ces réponses, on retient que le CSC a pris un certain nombre de mesures pour minimiser le déséquilibre constaté dans le temps accordé aux candidats lors des trois dernières élections présidentielles par les médias publics, dont le plafonnage des reportages. Outre ces deux panelistes, d’autres personnalités ont aussi livré des communications au cours de cet atelier de réflexion.

Il s’agit entre autres du Pr Serge Théophile Balima, enseignant-chercheur à l’Université de Ouagadougou et du directeur adjoint de Canal 3, Rémy Dandjinou, dont les exposés ont porté sur le thème : « Médias burkinabè et insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 : regard critique et perspectives ». Ces hommes de médias ont tous deux souligné le travail remarquable abattu par les médias burkinabè pendant l’insurrection populaire. La seule fausse note qu’ils ont relevée est relative aux médias publics qu’ils trouvent n’avoir pas joué leur rôle. En plus des acteurs du monde de la presse, des personnalités politiques et de la société civile ont également donné des communications aux participants qui, au terme des travaux, ont identifié un certain nombre d’actions pertinentes pour renforcer le secteur de la presse pour l’ancrage de la démocratie au Burkina.

Dabadi ZOUMBARA

 

 


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