HomeA la uneINCULPATION DE LA COMPAGNIE ESPAGNOLE SWIFTAIR DANS LE CRASH D’AIR ALGERIE : Un pas vers la manifestation de la vérité ?  

INCULPATION DE LA COMPAGNIE ESPAGNOLE SWIFTAIR DANS LE CRASH D’AIR ALGERIE : Un pas vers la manifestation de la vérité ?  


Cela fait bientôt trois ans que le monde entier se réveillait avec un drame. En effet, un avion de la compagnie d’Air Algérie, parti de Ouagadougou pour Alger aux environs de 1h du matin, s’était écrasé à Gosso dans le désert malien. Le bilan est sans appel : 6 membres de l’équipage et 110 passagers à bord, soit un total de 116 personnes ont péri dans cette tragédie qui, au-delà des frontières, avait suscité colère et indignation. C’était le 24 juillet 2014. D’après une expertise judiciaire rendue publique en décembre 2016, le crash a été provoqué par la non-activation du système antigivre des sondes moteur par le pilote, alors que les conditions météorologiques exigeaient son déclenchement. En d’autres termes, c’est le givrage des sondes qui a conduit à une diminution de la vitesse de l’appareil, puis à son décrochage qui n’a pas pu être rattrapé. Dans son rapport rendu en avril 2016, le Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) en France avait abouti au même scénario. Les conclusions des experts accablent à tout point de vue la compagnie. Car les juges soupçonnent d’importants manquements dans la formation des deux pilotes qui, faut-il le rappeler, étaient des saisonniers qui ne volaient que quelques mois par an avec des longues périodes d’interruption ; toute chose qui a contribué a « rabaisser leur niveau de performances face à des situations inusuelles ». Dès lors, l’on comprend pourquoi les juges français ont pointé du doigt la responsabilité de Swiftair qui avait, à l’occasion, affrété un appareil d’Air Algérie. Inculpée à Paris pour « homicides involontaires par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de sécurité », elle devra répondre des faits qui lui sont reprochés.

Le procès pourrait traîner en longueur

Pourvu qu’éclate seulement la vérité afin que les parents des victimes puissent faire leur deuil ; eux qui, depuis trois ans, ont la fâcheuse impression d’être tournés en dérision. Mais une chose est sûre. Cette mise en examen préfigure d’une longue bataille judiciaire puisque pour les avocats de la défense, « ni le BEA français, ni les magistrats espagnols qui ont aussi diligenté une enquête n’ont retenu la responsabilité de Swiftair » qui dit ne pas comprendre la démarche des juges français. C’est dire donc que rien n’est encore gagné d’avance. Car le procès pourrait traîner en longueur du fait des longues procédures judiciaires dont se délectent le plus souvent les avocats, en la matière. Tant et si bien que dans le cas d’espèce, il faudra s’armer de patience. En tout cas, ce qui importe le plus dans le cas d’espèce, c’est beaucoup plus l’aspect pédagogique que la condamnation dont pourrait faire l’objet la compagnie Swiftair. Car, on ne saurait tolérer que des compagnies véreuses se permettent de s’amuser ainsi avec la vie des autres en engageant des pilotes dont l’inexpérience le dispute à la légèreté. Certes, un accident, entendu comme un événement imprévu, malheureux ou dommageable, peut arriver ; mais encore faut-il réunir les conditions pour parer à toute éventualité. Ce qui n’était visiblement pas le cas de la compagnie espagnole qui savait bien que les deux pilotes engagés traînaient des lacunes, puisqu’ils n’ont pas reçu de formation complémentaire et surtout que les conditions météorologiques étaient très mauvaises. Or, comme le dit un adage bien connu de chez nous, « avant d’accuser le scorpion, il faut s’assurer que l’on a soi-même balayé la devanture de la porte ». A méditer !

B.O


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