HomeLe fait du jourINHUMATION DU JUGE SALIFOU NEBIE : Forte émotion au cimetière de Gounghin

INHUMATION DU JUGE SALIFOU NEBIE : Forte émotion au cimetière de Gounghin


Le juge constitutionnel Salifou Nébié, décédé dans des conditions non encore élucidées le 24 mai dernier, a été inhumé au cimetière de Gounghin à Ouagadougou, le 9 juin 2014. La levée du corps a eu lieu au domicile du défunt où la dépouille a été accompagnée d’un cortège mouvementé par des groupes de jeunes réclamant lumière et justice. Il s’agit, entre autres, du Mouvement brassard noir (MBN), Le Balai citoyen, le M21 et des groupes d’associations d’étudiants.

 

C’est un cortège mortuaire inhabituel qui a accompagné le défunt Salifou Nébié à sa dernière demeure au cimetière de Gounghin. Du rond-point des Nations unies au rond-point des Cinéastes en passant par le rond-point du 2-Octobre jusqu’à l’échangeur de l’Ouest, amis, collègues, parents, proches et jeunes, tous ont suivi l’itinéraire du cortège funèbre. Parmi cette foule immense, l’on pouvait noter la présence remarquable de jeunes en brassards noirs qui disent appartenir au Mouvement brassards noirs (MBN), des étudiants et des ressortissants de la province de la Sissili, venus pour la circonstance. Ces jeunes, dans la désolation, ont brandi des pancartes sur lesquelles l’on pouvait lire : « Il a encore tué ! » « Qui a tué le juge Nébié ? » « Plus de crimes odieux au Burkina Faso » « Que la lumière soit faite ! », « Justice pour Nébié ! ». C’est aux environs de 11h00 T.U, que le corps est arrivé au cimetière de Gounghin, où une foule immense l’attendait. On pouvait voir des hommes en robes noires, composés majoritairement d’avocats et de membres du Syndicat autonome des magistrats du Burkina (SAMAB). De la porte d’entrée à la tombe du défunt, difficile pour les membres du Conseil constitutionnel et le procureur du Faso, Wenceslas Ilboudo, de se frayer un chemin à cause de la foule. Certains adressaient aux juges constitutionnels des phrases du genre. :« Si vous ne faites rien, on vous tuera aussi » ! « Faites la lumière sur le dossier » ! « Il reste votre tour » ! « Démissionnez !» « Juges corrompus ». Après ces messages hostiles, s’en sont suivis les discours funèbres. C’est le président du Conseil constitutionnel, Dé Albert Millogo, qui a pris d’abord la parole au nom des juges constitutionnels, pour rendre un dernier hommage à leur collègue et vaillant juge. Hélas ! la foule en furie l’empêcha de livrer en bonne et due forme son message. A sa suite, le représentant du SAMAB a livré son discours qui fut accompagné du début jusqu’à la fin d’une pluie d’applaudissements. Ce dernier, au nom de la structure syndicale, a d’abord relaté les mérites du défunt avant d’interpeller les autorités compétentes de faire la lumière sur le dossier. Pour lui, le SAMAB entend mettre tous les moyens qu’il faut pour que la lumière jaillisse. Le discours que devrait livrer Dafar Nian, représentant des jeunes de Léo, a été interrompu suite au témoignage édifiant que ce dernier a voulu faire sur le défunt. « Le juge, avant de mourir, est venu au village. Et il a dit que lui et le président ne se sont pas entendus cette fois-ci », a-t-il déclaré avant de voir le micro arraché de ses mains pendant que la foule réclamait qu’il termine ses propos. Et c’est à la représentante des enfants et des habitants du quartier Koulouba de Ouagadougou où a grandi le défunt, de clôturer les discours. Après les allocutions, nous avons approché Dafar Nian qui se dit être frère du défunt. Voici le témoignage que celui-ci a fait : « Le juge Nébié, avant sa mort, est venu dire aux sages du village que  lui et le président ne se sont pas entendus cette fois-ci. Et que lui, il a trop peur et il a acheté jusqu’à trois moutons pour donner aux parents afin de faire des sacrifices pour le sauver de cette situation ». Un témoignage qui mérite, selon Moussa Stéphane Sory, membre du SAMAB, d’être creusé, d’être approfondi. Il a, par ailleurs, laissé entendre que le SAMAB va entrer en contact avec le témoin afin d’essayer de discuter à froid avec lui. Voulant se faire plus entendre, les jeunes qui étaient à la porte d’entrée du cimetière ont proféré des injures à l’endroit des juges qui étaient venus accompagner leur compagnon à sa dernière demeure. Certains qui portaient des brassards noirs sont allés jusqu’à jeter des pierres sur le convoi des juges constitutionnels. Le juge Salifou Nébié laisse derrière lui une veuve, trois enfants et des petits-enfants. Les Editions « Le Pays » présente toutes ses condoléances à la famille éplorée. Que la terre lui soit légère !

 

Mamouda TANKONO

 

 


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